Des chercheurs ont récemment décrit un groupe de plantes carnivores se nourrissant de déjections animales. Un régime avantageux leur fournissant davantage de nutriments que la simple consommation d’insectes ou d’arachnides.
Des sarracénies pourpres « scatophages »
Les sarracénies tropicales du genre Nepenthes sont des plantes carnivores dotées de grands tubes remplis de liquide digestif qu’elles utilisent pour piéger un large éventail de proies (fourmis, araignées, scorpions, grenouilles, petits rongeurs…). Celles-ci leur fournissent des ressources précieuses, notamment de l’azote, du phosphore et du carbone, contribuant à leur croissance dans des sols pauvres en nutriments.
En 2009, des chercheurs avaient cependant découvert qu’un petit groupe de sarracénies poussant sur les hauteurs de l’île de Bornéo avait opéré un changement de régime alimentaire impliquant la consommation fréquente de déjections de musaraignes arboricoles. Bien que des études ultérieures aient montré que certaines espèces se nourrissaient également d’excréments de chauves-souris, d’oiseaux et d’autres rongeurs, les chercheurs ignoraient jusqu’à présent si ce type d’alimentation se révèlait plus avantageux sur le plan nutritif.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Annals of Botany, des scientifiques australiens ont comparé des échantillons de tissus de six espèces et de quatre hybrides de sarracénies dévoreuses d’excréments de Bornéo à des espèces carnivores étroitement apparentées, vivant à des altitudes inférieures.
« Nous avons découvert que la capture de l’azote était deux fois plus importante chez les espèces se nourrissant d’excréments, par rapport aux autres Nepenthes », explique Alastair Robinson, des jardins botaniques royaux de Victoria. « Les fientes d’oiseaux fournissaient un peu moins d’azote aux plantes mais étaient tout de même plus nutritives qu’un régime strictement carnivore. »
Une évolution vitale
Les sarracénies carnivores utilisent un nectar odorant pour attirer les proies potentielles, qui glissent sur leurs parois lisses, ou sont directement catapultées dans leurs pièges tubulaires. Si leurs homologues consommatrices d’excréments emploient une stratégie similaire, elles laissent les animaux se délecter longuement du liquide sucré, augmentant les chances qu’ils défèquent directement dans leurs tubes.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, une telle évolution est étroitement liée à la présence plus faible d’insectes à de telles altitudes, obligeant les sarracénies pourpres à se montrer sélectives et ingénieuses pour récolter les nutriments dont elles ont besoin.
« Les insectes sont rares sur les sommets tropicaux de plus de 2 200 mètres, de sorte que ces plantes maximisent leur rendement nutritionnel en collectant des sources plus importantes d’azote », conclut Robinson.
Par Yann Contegat, le
Source: Live Science
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