Des archéologues ont annoncé la découverte des plus anciens plans architecturaux du monde, éclairant la construction de mégastructures pluri-millénaires dans les déserts du Moyen-Orient.
Des gravures éclairant la construction des « cerfs-volants du désert »
Les « cerfs-volants du désert » n’ont été repérés qu’au début du XXe siècle, lorsque des aviateurs ont survolé les régions les abritant et remarqué leurs motifs caractéristiques. On pense aujourd’hui que de telles constructions étaient placées le long des voies migratoires afin de piéger les troupeaux de gazelles, d’antilopes ainsi que d’autres types de gibiers.
Si les observations aériennes ont permis de révéler la forme et la fonction probable de ces structures colossales, dont les murs de roche et de terre pouvaient mesurer plusieurs kilomètres de long, l’approche utilisée par les peuples de chasseurs-cueilleurs préhistoriques pour les concevoir reste largement obscure.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PLOS One, des archéologues ont récemment identifié des gravures évocatrices en Jordanie et en Arabie saoudite, contribuant à l’éclairer. Les plus impressionnantes ont été découvertes sur le site saoudien de Jebel az-Zilliyat, abritant les vestiges de deux cerfs-volants du désert distants d’environ 3,5 kilomètres et vieux de plus de 8 000 ans. Mesurant près de quatre mètres de long, ces « représentations à l’échelle » des mégastructures seraient les plus anciens plans architecturaux jamais découverts.
« Bien que les humains façonnent leur environnement depuis des millénaires, peu de plans ou de cartes sont antérieurs à la période des civilisations alphabétisées de la Mésopotamie et de l’Égypte ancienne », soulignent les chercheurs.
Une période charnière pour l’humanité
Lorsque les cerfs-volants du désert ont été érigés, les humains commençaient à maîtriser l’agriculture et à fonder des groupes plus organisés. Selon l’équipe, ces antiques plans architecturaux montrent que de telles structures n’ont pas été bâties au hasard, mais assemblées méthodiquement, ce qui impliquait une pensée abstraite et une imagination audacieuse.
« La capacité à transposer un vaste espace sur une petite surface bidimensionnelle a représenté une étape importante dans le développement de l’intelligence humaine », estiment les chercheurs. « La construction de ces structures, visibles dans leur entièreté uniquement depuis les airs, nécessitait une représentation de l’espace inédite à cette époque. »
« Ces gravures jettent un nouvel éclairage sur l’évolution de la perception humaine de l’espace, de la communication et des activités communautaires dans les temps anciens », concluent-ils.