La planète est-elle entrée dans une nouvelle ère ? C’est la conclusion du Congrès géologique international qui se tenait le lundi 29 août 2016 au Cap, en Afrique du Sud. À une écrasante majorité, les scientifiques ont voté pour que soit officiellement déclaré le passage à l’anthropocène. Car, une page de l’histoire pourrait se tourner sous nos yeux. Et c’est loin d’être une bonne nouvelle.
L’anthropocène quesako ?
Réchauffement climatique, augmentation du niveau de la mer ou encore disparition d’espèces animales, les activités de l’être humain modifient la composition de l’atmosphère et changent la Terre en profondeur. L’anthropocène, c’est ainsi qu’a imaginé le chimiste et Prix Nobel néerlandais Paul Crutzen l’« ère de l’Homme ». Cette notion de nouvelle ère géologique, marquée par la capacité de l’être humain à transformer la planète, est apparue pour la première fois en 2000.
Mais il faudra attendre que l’anthropocène soit inscrite dans « l’échelle des temps géologiques » pour passer officiellement dans cette nouvelle ère. Et cela peut prendre du temps, car « pour les géologues, cette échelle est la colonne vertébrale de leur discipline, on ne peut la changer à la légère », explique le paléobiologiste de l’université de Leicester (Royaume-Uni) Jan Zalasiewicz, qui conduit les travaux du groupe de travail sur l’anthropocène, dans les colonnes du Monde.
Au commencement de l’« ère de l’Homme »
« Pour définir une nouvelle période géologique, il est nécessaire d’identifier un niveau marquant, un changement dans les grands processus géologiques qui régissent la planète », précise l’océanographe Catherine Jeandel, chercheuse au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (CNRS) et membre du groupe de travail.
Différentes théories s’affrontent donc quant au marqueur du passage à l’anthropocène. Selon la première, il faudrait retourner 9 000 ans en arrière, pour dater le début de cette nouvelle « ère de l’homme ». « En gros, cela démarrerait au néolithique, avec les débuts de l’agriculture et de l’élevage », explique Christophe Bonneuil, historien des sciences dans Libération. Une seconde théorie considère la révolution industrielle du milieu du XIXème siècle, comme marquant le début de l’anthropocène.
Mais la théorie défendue par la communauté scientifique réunie en Afrique du Sud est plus tardive. Elle date l’entrée dans l’anthropocène au milieu du XXème siècle et plus précisément lors de la « grande accélération » post 1945. À partir de cette période, démographie, consommation de matières premières et émissions de CO2 ont nettement augmenté. L’explosion de la première bombe atomique le 16 juillet 1945 serait donc le point de départ de cette nouvelle ère.
Entrer dans une nouvelle ère n’est pas synonyme de fin du monde pour autant. « Les sociétés humaines peuvent se frayer un chemin à travers ces menaces, réussir un futur durable et lancer des ères d’évolution post-humaine encore plus merveilleuses que celles qui nous ont précédés », rassure l’astronome Martin Rees dans le Guardian.
En ce sens, il ne tient qu’à nous d’inverser la tendance. Car si l’on ne fait rien, 100 millions de personnes risquent de tomber dans la pauvreté à cause du changement climatique.
Par Victoria Ouicher, le
Source: France Info
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