La désactivation d’un composant a offert un sursis inespéré à la sonde Voyager 2. Alors que sa longue mission devait prendre fin cette année, ce « piratage » va permettre à l’ensemble des instruments qu’elle embarque de fonctionner trois ans de plus.
Un engin spatial légendaire
Voyager 2 est le seul engin spatial à avoir visité Uranus et Neptune. Combinées à celles de sa jumelle Voyager 1, ses données ont également contribué à approfondir nos connaissances au sujet de Jupiter et Saturne. Se trouvant actuellement à quelque 20 milliards de kilomètres de la Terre (il faut plus de 22 heures aux signaux pour atteindre la sonde), les dispositifs nous offrent un aperçu tout aussi précieux du milieu interstellaire.
« Les données scientifiques renvoyées par les sondes Voyager deviennent plus précieuses à mesure qu’elles s’éloignent du Soleil, c’est pourquoi nous souhaitons maintenir autant d’instruments scientifiques en fonctionnement aussi longtemps que possible », souligne Linda Spilker, scientifique du projet Voyager au Jet Propulsion Laboratory.
Lors du lancement de Voyager 2 en 1977, l’objectif était uniquement de permettre à la sonde spatiale de continuer à fonctionner lorsqu’elle atteindrait Neptune. La possibilité qu’elle puisse encore fonctionner 34 ans plus tard n’avait guère été prise en compte.
La sonde et sa sœur tirent leur énergie de la désintégration des atomes de plutonium, qui produisent de la chaleur que les générateurs thermoélectriques peuvent convertir en électricité, avec une efficacité variable. Si leur puissance initiale était de 470 watts, la demi-vie de ce métal radioactif (88 ans) implique qu’elle soit aujourd’hui environ 30 % plus faible.
Piratage salvateur
En éteignant progressivement les radiateurs, en passant aux propulseurs de secours et en arrêtant d’autres systèmes devenus inutiles, la NASA est parvenue à maintenir une puissance suffisante pour que les autres instruments puissent continuer à fonctionner, mais ce processus ne pourra pas durer éternellement. On s’attendait à ce que cette année marque la fin d’au moins un instrument, mais Spilker et ses collègues ont réalisé qu’une petite partie de l’électricité était allouée à un régulateur, conçu pour les protéger contre les surtensions.
Si son arrêt implique un risque pour les cinq instruments embarqués, cette solution a été jugée préférable à la désactivation de l’un d’entre eux pour laisser suffisamment d’énergie aux autres. Après avoir testé le fonctionnement sans régulateur pendant quelques semaines, les opérateurs ont décidé de le rendre permanent.
Ce piratage salvateur devrait permettre d’étendre la mission de Voyager 2 jusqu’en 2026. La même modification pourrait être appliquée à Voyager 1 d’ici un an. L’un de ses instruments étant tombé en panne très tôt, celle-ci a en effet besoin d’un peu moins d’énergie que sa jumelle.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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