Jusqu’à ce que le Kremlin lui demande de travailler pour lui, Alexandre B. Vyarya, programmeur de génie, pensait que son travail consistait à défendre les autres contre des cyberattaques. Les efforts du gouvernement russe pour recruter un grand nombre de programmeurs d’élite, quelques mois avant l’élection présidentielle américaine, ont révélé son plan de créer des équipes de hackers. La Russie aurait-elle déclaré une cyberguerre aux États-Unis ? Si oui, Obama vient de riposter.
Les généraux de la nation ont demandé à M. Vyarya de rejoindre l’armée russe, l’an dernier, sous prétexte que la guerre se faisait désormais en ligne et qu’elle contribuait à satisfaire les intérêts du Kremlin. En 2013, Valéri Guérassimov, un haut responsable de la défense, a publié la Doctrine Guérassimov qui part du principe qu’aujourd’hui, des zones d’ombre se sont immiscées entre les situations traditionnelles de guerre et de paix. Les tactiques secrètes et les proxies jouent un rôle important dans la géopolitique des pays.
En réalité, la cyberguerre compte très peu de militaires. Étudiants, professionnels de l’informatique, la plupart d’entre eux ont été recrutés sur internet et via les réseaux sociaux. Il semblerait même que le Gouvernement russe n’ait pas hésité à solliciter les milieux criminels pour trouver l’élite des hackers. Les informaticiens furent ensuite placés dans des escadrons scientifiques établis dans les bases militaires.
Dès 2013, le Ministre russe de la défense a expliqué aux recteurs d’université qu’il cherchait des codeurs. Il a, de ce fait, acheté de la publicité sur Vkontakte, un réseau très populaire en Russie. La vidéo de propagande publiée sur le site incitait les étudiants brillants en recherche d’emploi à rejoindre les escadrons scientifiques contre des avantages. L’enquête menée par Meduza, un site d’information russe, a révélé que le ministère a également publié des offres sur les forums d’emploi.
Le spectre du recrutement de la cyberguerre est très large. Un article publié dans le journal du gouvernement Rossiiskaya Gazeta sous le titre de « Hackers enlistés » explique que les escadrons scientifiques pourraient très bien se composer en partie d’informaticiens ayant un passif criminel. Dmitri Alperovitch, cofondateur et directeur technique de CrowdStrike, explique à ce titre que certains pirates sont arrêtés mais ne terminent jamais en prison. Le compagnon de cellule du physicien Dmitry A. Artimovitch lui aurait même dit que les détenus accusés de cybercriminalité pouvaient sortir s’ils travaillaient pour le gouvernement.
A l’inverse, M.Vyarya a été sollicité parce que sa carrière l’a conduit à protéger les sites web contre les attaques par déni de service distribué. Les problèmes que M. Vyarya s’est attirés après avoir refusé l’offre, rendent compte des moyens violents et arbitraires mis en place pour mener la cyberguerre. Après avoir été surveillé, l’informaticien a fui la Russie pour rejoindre la Finlande en tant que demandeur d’asile. Si les méthodes de la Russie semblent contestables, ce n’est sûrement pas le seul pays à former des hackers spécialisés dans l’espionnage informatique. En 2015, le NSA a même offert un camp d’été à 1400 lycéens pour qu’ils apprennent les bases du piratage informatique.
Jeudi 29 Décembre, l’administration d’Obama a imposé des sanctions contre les services de renseignement de la Russie et un certain nombre de particuliers, accusés d’avoir volé des données du Comité national démocrate pendant la campagne de l’élection présidentielle américaine. Les analystes occidentaux pensent que le groupe Fancy Bear pourrait être à l’origine de ces violations. Après avoir longtemps travaillé à rassembler une force de recherche basée sur l’intelligence, le groupe s’est concentré sur les cyberattaques et a pris le nom de Fancy Bear en 2014.
D’après les États-Unis, les cyberattaques de la Russie auraient influencé le cours des élections en pénalisant Mme Clinton. Si Vladimir Poutine admet que les informations révélées par les fuites sont d’une importance capitale pour le parti démocrate, il maintient que la Russie n’est pas responsable de leur défaite.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: The New York Times
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