Quasiment tout le monde connaît le jeu pierre-papier-ciseaux. Si certains trouvent le jeu très puéril, il faut avouer que c’est une méthode de prise de décision très pratique pour les petits conflits du quotidien comme le choix de celui qui aura la dernière part de pizza ou qui choisira le programme télé de la soirée. Mais si le jeu est très simple, son histoire l’est moins, et la voici justement.
Les principes du jeu sont des plus simples. Deux joueurs choisissent chacun l’un des trois symboles possibles : ciseaux, pierre ou papier, puis affichent leur choix simultanément à l’aide de l’une de leurs mains. La règle étant que les ciseaux battent le papier, le papier bat la pierre et la pierre bat les ciseaux. Celui qui a la main gagnante est désigné vainqueur, et dans le cas où les deux joueurs choisissent le même symbole, le jeu est répété jusqu’à ce que l’un des deux gagne.
Pour qu’aucun des joueurs ne soit désavantagé en montrant prématurément la position de sa main, les deux joueurs bougent leur main droite toujours ballotée devant eux, comptant à trois ou prononçant les mots « pierre-papier-ciseaux ». Ce jeu est souvent utilisé comme une méthode de choix équitable entre deux personnes pour régler un différend ou prendre une décision impartiale. Cependant, contrairement aux méthodes de sélection réellement aléatoires, il peut être joué avec un certain talent en reconnaissant et en exploitant un comportement non aléatoire de la part des adversaires.
Les origines du jeu
La première mention connue du jeu pierre-papier-ciseaux se trouvait dans un livre intitulé « Wuzazu ». Ce livre a été écrit par l’auteur chinois de la dynastie Ming, Xie Zhaozhi. Il a notamment écrit que le jeu remontait à l’époque de la dynastie chinoise Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.). Dans le livre, le jeu s’appelait « shoushiling ». Par ailleurs, le livre de Li Rihua, « Note of Liuyanzhai », mentionne également ce jeu qu’il appelle « shoushiling », « huozhitou » ou « huoquan ».
Ainsi, l’on pense que le jeu a des origines chinoises, et c’est de là que cela s’est propagé au Japon où il est également très populaire. Au pays du Soleil-Levant, on fait référence au jeu sous le nom de « sansukumi-ken ». Une certaine différence est cependant observée par rapport à la variante actuelle du jeu, dans la mesure où le sansukumi-ken se joue avec des symboles d’animaux. Ainsi, la grenouille (le pouce) l’emporte contre l’escargot empoisonné (le petit doigt), l’escargot empoisonné gagne contre le serpent (index) et le serpent contre la grenouille.
Étant donné la popularité du jeu en Asie, l’on pense également que c’est du sansukumi-ken que se sont inspirés les Européens pour le pierre-papier-ciseaux ; bien que d’autres origines soient également mentionnées. Parmi eux, nous avons le « roshambo », une appellation du jeu fréquemment utilisé dans la côte ouest des États-Unis. Selon certaines légendes, le terme remonte au comte de Rochambeau, un noble français qui s’est battu contre les Britanniques pendant la guerre d’indépendance. Cependant, il n’y a pas de preuve historique qui établisse un lien entre le comte et le jeu.
Il existe de nombreuses autres théories quant à l’origine du jeu pierre-papier-ciseaux, et le plus vraisemblable est sans doute ses origines asiatiques. Une autre preuve à l’appui de cette théorie étant que le jeu est également appelé « chifoumi » qui est sans doute issu des mots japonais Hi-fu-mi qui signifient un-deux-trois. Quoi qu’il en soit, personne n’est vraiment sûr de l’origine du jeu. Il est également utile de noter que le jeu n’est devenu populaire aux États-Unis qu’au début des années 1900, et ce malgré sa popularité en Europe et au Japon.
La première mention du jeu aux États-Unis se trouve dans une compilation de jeux pour enfants intitulée « Handbook for Recreation Leaders », rédigée en 1935 par Ella Gardner, une spécialiste des loisirs au Children’s Bureau de Washington. D’autres références ont rapidement paru dans d’autres publications à la fin des années trente, et la popularité du jeu n’a cessé de croître au fil des ans.
Les astuces pour gagner facilement au jeu
Il est impossible de gagner un avantage sur un adversaire vraiment aléatoire. Cependant, en exploitant les faiblesses psychologiques d’adversaires intrinsèquement non aléatoires, il est possible d’obtenir un avantage significatif. En effet, les joueurs humains ont tendance à avoir des comportements non aléatoires. En conséquence, il est tout à fait possible de se baser sur des indices physiques et comportementaux, des probabilités mathématiques, voire des algorithmes, qui analysent les modèles de comportement pour gagner au jeu pierre-papier-ciseaux.
Bien évidemment, cela nécessite de très bonnes capacités d’observation, mais également de bonnes compétences en mathématiques. Par ailleurs, les chercheurs en théorie des jeux de l’université de Hangzhou en Chine semblent avoir trouvé la technique mathématique pour gagner au jeu. Ils ont notamment publié le résultat de leur recherche dans un article qui explique leur expérience ainsi que leur méthode.
Pour leur expérience, les chercheurs ont pris 360 étudiants, les ont divisés en groupes de six et leur ont demandé de jouer à 300 tours du jeu par paires aléatoires. Pendant qu’ils jouaient, les chercheurs ont observé la rotation des joueurs entre les trois options de jeu, et ce quel que soit le résultat. Ils ont notamment observé que quand un joueur gagne, sa probabilité de répéter la même action lors du prochain jeu est considérablement plus élevée que ses probabilités de changement d’action.
Au contraire, quand un joueur perd, il est plus susceptible de changer son action et d’utiliser l’action de celui qui vient de le battre. Par conséquent, et selon cette étude, la meilleure façon de gagner si vous perdez le premier tour est de passer à l’action que votre premier adversaire a utilisée pour vous faire perdre. Et si vous gagnez, il faut changer l’action qui vous a permis de gagner de manière à anticiper le changement d’action de la part de ce qui a perdu lors du premier tour.