L’Homme développe de plus en plus sa résistance aux antibiotiques. Cette résistance pose désormais un véritable problème, il s’agit d’un enjeu primordial dans le domaine de la santé. Chaque année, 25 000 décès, dont 12 500 en France sont causés par l’inefficacité des antibiotiques. Afin de résoudre ce problème, une méthode refait surface après des années de non-exploitation : la phagothérapie.
Cette méthode consiste à utiliser des virus bactériophages naturels afin de traiter les maladies infectieuses. Pour comprendre l’histoire des antibiotiques et du parcours de la phagothérapie, il faut remonter jusqu’en 1917. En effet, le Britannique Frederick Twort est à l’origine de cette découverte mais c’est l’Union soviétique qui va réellement l’exploiter.
De nombreuses maladies furent soignées grâce à la phagothérapie, comme par exemple la dysenterie. Malheureusement, à cause d’un manque de reconnaissance officielle et d’essais cliniques, cette technique a été mise aux oubliettes. En 1970, l’une des premières superbactéries, le SARM, est apparue. Il s’agit d’un staphylocoque doré ultra-résistant qui pare la plupart des antibiotiques et s’acclimate facilement aux corps humains.
À l’époque, les chercheurs étaient dépassés par la résistance de cette bactérie, les entraînant à exploiter la phagothérapie, qui commença à se démocratiser et à être utilisée par plusieurs pays, dont la France. Aujourd’hui, la phagothérapie a beaucoup évolué et s’est alliée aux nouvelles technologies.
Xavier Duportet, chercheur et entrepreneur dans le domaine de l’antibiorésistance, et David Bikard, directeur de recherche à l’Institut Pasteur ont eu l’idée de pirater les mécanismes naturels de défense des bactéries pour les retourner contre elles afin de détruire les germes les plus résistants.
Le projet est ambitieux, mais réalisable. En effet, grâce à des outils de manipulation, il est possible de transformer un virus en robot moléculaire, c’est-à-dire que le virus sera programmé pour s’attaquer de façon très précise à certains germes. En fait, les bactéries sont elles-mêmes en proie à être infectées par des virus qu’on appelle bactériophages (phages).
La fiabilité en matière de soin de la phagothérapie est encore à prouver, même si certains patients ont connu des effets positifs, à l’image de Caroline Lemaire. Elle a frôlé l’amputation à cause d’un staphylocoque doré niché dans son pied-droit. Les antibiotiques n’avaient aucun effet. Jusqu’à ce que Caroline se tourne vers la phagothérapie. En trois mois, son pied était totalement débarrassé du danger.
La fabrication de ces robots moléculaires est encore au stade expérimental et si le traitement venait à être commercialisé, il faudrait débourser entre 2 000 et 10 000 euros pour un traitement de 14 jours.
Par David Rudzki, le
Source: Wedemain
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