La plupart des êtres humains ont peur des serpents. Cette peur est justifiée lorsque l’on sait à quel point les morsures de certaines espèces peuvent être dangereuses pour l’Homme ! Il semblerait donc logique de croire que la peur des serpents soit innée afin de nous protéger. Or, d’après certaines expériences réalisées lors d’études scientifiques, il semblerait que les bébés n’aient pas peur des serpents.
L’une des craintes les plus fréquentes et intenses dans le monde est bien celle ressentie face aux serpents d’après Judy DeLoache, spécialiste en recherche sur la peur à l’Université de Virginie à Charlottesville aux Etats-Unis. Des scientifiques ont alors mené une étude afin de mesurer la peur des bébés face à ces animaux potentiellement dangereux.
Nous savons que les bébés sont davantage attirés par les êtres vivants que par les objets. Aussi, il est intéressant de se demander si, face à une véritable araignée ou un serpent, qui ont la capacité d’effrayer bon nombre d’adultes, un bébé serait attiré ou bien au contraire, s’il montrerait un comportement d’évitement.
Durant de nombreuses années nous pensions avoir développé naturellement la peur face aux serpents. En effet, au cours de l’évolution il aurait été fort probable que nous réagissions avec aversion face aux serpents afin de nous protéger de certaines espèces qui peuvent être mortelles. Contre toute attente, les recherches montrent que les bébés sont plus attirés par les serpents ou les araignées que leurs peluches par exemple. Aussi, la peur des serpents ne serait donc pas innée.
La peur des serpents serait-elle donc un acquis ?
Une étude a été menée avec des nourrissons de 11 mois. Les scientifiques leur ont montré des images de serpents associées soit avec une voix craintive, soit avec une voix heureuse. Les bébés ont regardé davantage les images de serpents où était présente la voix apeurée que la voix joyeuse.
Une autre étude a révélé des résultats similaires, cette fois lorsqu’il y avait une association d’images entre un serpent avec un visage heureux versus un visage apeuré. Les enfants associent alors la peur face aux serpents.
Toutefois, ces études ne sont pas des preuves solides car il est difficile de demander à des bébés leurs ressentis et s’ils ont réellement eu peur. Les chercheurs peuvent seulement mesurer et évaluer leurs réactions face aux serpents.
D’autres scientifiques ont cherché à renverser les résultats et à montrer que dès tout petit, la peur face aux serpents est naturelle. L’équipe a mesuré les réactions physiologiques des bébés pendant qu’ils visionnaient des vidéos avec des serpents et des éléphants, jumelées avec deux voix, l’une apeurée et l’autre heureuse. Ils ont mis les bébés en condition de peur en provoquant chez eux des sursauts ; pour cela, ils présentaient un flash lumineux inattendu pendant la vidéo afin de provoquer ce sursaut.
Cependant, même si le sursaut est présent il n’est pas aussi intense que si la peur était déjà installée au préalable chez le bébé, explique Vanessa LoBue de l’université Rutgers dans le New Jersey. Ces résultats ont été publiés dans le Journal of Experimental Psychology enfant. La réponse de sursaut des bébés était inférieure à celle attendue. De même, la réponse cardiaque était également plus faible, ce qui indique que les bébés n’avaient pas peur.
Cette observation va donc dans le sens que la peur des serpents ne serait pas innée mais acquise.
Les enfants n’ont pas une peur innée des serpents. Au contraire, ils ont une prédisposition à détecter et à réagir rapidement face à eux. En effet, des études ont montré que les jeunes enfants vont plus rapidement détecter la présence d’un serpent dans une photo parmi d’autres animaux ou objets.
Il est désormais clair que la peur des serpents et des araignées est conditionnée par la culture. L’aversion face aux serpents est donc apprise, et non innée. L’être humain évolue selon ses expériences, et tout n’est pas intégré dans son cerveau car cela limiterait le désir d’un jeune enfant à explorer de nouvelles choses, et il lui faut donc apprendre à avoir peur de quelque chose qui peut être dangereux pour lui. Si vous souhaitez en savoir plus sur les peurs innées, découvrez pourquoi les bébés ont naturellement peur des plantes.
Par Alexandra Collet, le
Étiquettes: peur, bébé, enfant, serpent, phobie
Catégories: Sciences, Actualités