Grâce à la combinaison d’un système d’imagerie médicale et d’une bio-imprimante 3D, des scientifiques américains sont parvenus à imprimer de l’épiderme couche par couche directement sur les plaies de différents animaux. Retour sur cette véritable prouesse technologique et médicale.
Une guérison des plaies beaucoup plus efficace
Une équipe de chercheurs du Wake Forest Institute vient de mettre au point le première système mobile de bio-impression permettant d’imprimer la peau directement sur une plaie, et l’on testé avec succès sur des souris et des porcs. Comme l’a précisé Sean Murphy, auteur principal de la publication : « L’aspect unique de cette technologie est la mobilité du système et sa capacité à gérer sur place les plaies étendues en les scannant et en les mesurant afin de déposer les cellules directement là où elles sont nécessaires pour créer la peau ». Ce procédé innovant a été présenté dans la revue Nature.
En France, les plaies chroniques (dont le délai de cicatrisation est supérieur à un mois) concernent près de 2 millions de personnes. Il s’agit généralement d’ulcères au niveau des jambes dus à une mauvaise circulation sanguine, de plaies du pied causées par le diabète, et d’escarres dues à un manque de mobilité. Mais grâce à ce nouveau système révolutionnaire, qui va analyser les plaies et indiquer aux têtes d’impression quelles cellules épidermiques (fibroblastes et kératinocytes obtenus prélevés sur le patient à l’aide d’une biopsie) imprimer couche par couche, celles-ci pourront bientôt être soignées beaucoup plus efficacement (voir démonstration ci-dessous avec un bras en latex).
Cette technique de bio-impression pourrait à terme remplacer les greffes de peau
Afin de tester l’efficacité de leur bio-imprimante 3D, les chercheurs américains ont mené des essais sur des souris qui se sont révélés hautement concluants « avec une fermeture rapide de la plaie chez les spécimens imprimés par rapport aux témoins non traités », puis sur des porcs, dont les mécanismes de guérison de la peau sont beaucoup plus proches des nôtres. Comparée à la méthode impliquant l’utilisation de cellules de peau en spray, datant de 2011, la bio-impression des tissus a permis une cicatrisation beaucoup plus rapide (2 semaines contre 4 à 6 pour les plaies traitées avec le spray), avec une fermeture accélérée et une contraction réduite de la plaie.
Pour les chercheurs, la prochaine étape va consister à mener un essai clinique chez l’homme. À l’heure actuelle, seules les greffes d’épiderme permettent de soigner plaies et brûlures, mais leur couverture reste un défi en raison d’une quantité de peau saine disponible pour la greffe limitée. Mais d’après Anthony Atala, ayant participé à la publication, cette nouvelle technique de bio-impression pourrait à terme les remplacer : « Cette technologie pourrait éliminer le besoin de greffes cutanées douloureuses qui causent une défiguration supplémentaire aux patients souffrant de plaies ou de brûlures importantes ».
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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