Deuxième exportateur mondial de légumes, les Pays-Bas s’engagent en faveur de l’agriculture bio et durable depuis plus de 15 ans. Conscient des besoins accrus d’une population à forte croissance, le pays a décidé d’intégrer l’architecture dans ses techniques agricoles sous serre. Les paysages agricoles hollandais deviennent ainsi de véritables chefs-d’œuvre architecturaux !
Sur quelle technologie est basée l’agriculture hollandaise ?
Les Pays-Bas occupent le deuxième rang en tant que pays exportateur de produits agricoles dans le monde. Même si le pays est 237 fois plus petit que les États-Unis en termes de superficie, il semblerait qu’on ne doive pas juger la performance par la surface cultivable, mais par le rendement qui en découle. Le pays possède en effet une forte réputation pour le modelage de son paysage agricole. Les Néerlandais utilisent la technologie sous serre pour atteindre un niveau de productivité hautement supérieur.
Les Hollandais exportent particulièrement des fruits et légumes, soit près de 6 milliards d’euros par an. En 2017, l’exportation agricole a atteint environ 100 milliards de dollars et 10 milliards de dollars pour les produits dérivés. Ils commercialisent surtout des oignons, des pommes de terre, des tomates, des poivrons et des piments. Pour réussir à battre ce record mondial, le pays concilie la technologie avec le mode agricole sous serre. Notons que cette technique a sauvé les Pays-Bas de la famine après la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, cette technologie s’est beaucoup modernisée, en particulier dans la capitale des serres en région Westland. L’agriculture hollandaise sous serre représente actuellement une superficie 56 % plus grande que l’île de Manhattan, soit 93 kilomètres carrés de serres. Elle domine alors le paysage architectural du pays.
Westland, le berceau des paysages de serres et de la production agricole
Il faut se rendre dans la capitale des serres des Pays-Bas pour découvrir ces beaux décors qui ornent le paysage architectural de Westland. Les serres envahissent en effet les villes, les campagnes, les banlieues et les usines. Les agriculteurs adoptent des méthodes innovantes pour accroître plus vite le rendement. Ils s’appuient par exemple sur des systèmes hydroponiques ainsi que sur le principe de la géothermie.
Mais comment expliquer un tel rendement pour si peu de ressources ? Certes, les serres utilisent moins d’eau, soit 4,1 litres uniquement pour 0,5 kg de tomates produites, alors que la moyenne utilisée est de 96,9 litres. Prenons le cas de l’usine Duijvestijn Tomatoes qui cultive plus de 100 millions de tomates par an sur 14 ha de terre. Ce succès s’explique par sa parfaite maîtrise de l’environnement intérieur. Toutes les conditions sont réunies à l’intérieur des serres : température, humidité, absence de pesticides. Mais l’architecture a aussi pris part à cette grande révolution avec les toits à double vitrage qui réduisent la déperdition thermique et les cadres en acier modulaire qui favorisent l’expansion ainsi qu’une bonne adaptation des cultures. L’usine utilise aussi du CO2 en provenance de la raffinerie locale ainsi que des lumières LED qui favorisent la continuité de la croissance des plantes, même durant la nuit. Il est à noter que la législation néerlandaise impose que 98 % de l’éclairage électrique doit être contenu dans les serres à l’aide d’écrans occultants et de rideaux, afin d’atténuer la pollution lumineuse.
Nourrir les hommes, une nécessité de plus en plus complexe
D’ici 2050, le monde abritera 10 milliards de personnes, contre 7,8 milliards aujourd’hui. Par conséquent, le besoin de rendements agricoles se fera plus important, tout en utilisant moins d’eau, moins d’énergie et moins de terres. Les Pays-Bas révèlent comment l’architecture peut permettre de s’adapter aux besoins et faire le lien entre les villes et les campagnes, entre la nourriture et l’urbanisme.
Par Micka Hanitrarivo, le
Source: Arch Daily
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