Les fouilles des ruines de l’ancienne cité d’Herculanum, près de Naples, entreprises entre 1752 et 1754, avaient permis la découverte de près de 1800 rouleaux de papyrus. L’unique bibliothèque de l’Antiquité livre en effet des secrets insoupçonnés sur ces vieux parchemins. Des secrets qui pourraient prochainement être mis au jour.
DES OBJETS FRAGILES
Pour rappel, contrairement à la ville de Pompéi qui a été complètement calcinée en l’an 79 par l’éruption du mont Vésuve, les vestiges de celle d’Herculanum ont été partiellement protégés. Les coulées de boue ont permis à ces papyrus d’éviter de finir en cendres. De nombreuses équipes de scientifiques ont essayé d’ouvrir les papyrus d’Herculanum vieux de près de deux millénaires mais leurs tentatives se soldaient toujours par des échecs. L’état carbonisé de ces parchemins se dressait en effet comme un obstacle insurmontable pour les experts au fil du temps. Les méthodes utilisées pour dérouler ces papyrus les ont même endommagés. De plus, le processus de décoloration reste inévitable dans le cas où les écritures s’exposaient à l’air libre.
Cependant, le développement des technologies comme les rayons et la machine learning pourraient bientôt changer la donne. Les scientifiques se focalisent sur ces nouvelles techniques afin de lire et de décrypter les secrets sur les papyrus d’Herculanum. Tout en demeurant à leur état de découverte, ces rouleaux seront scrutés dans les moindres recoins afin d’obtenir des résultats probants.
Des images en 3D vers l’apprentissage automatique
Toute tentative traditionnelle de dérouler les papyrus serait vaine comme l’explique le professeur Brent Seales, directeur de la Digital Restoration Initiative de l’université du Kentucky. Il explique dans Futura Sciences : « Même si on peut voir sur chaque centimètre du papyrus qu’il y a des écritures, l’ouvrir nécessiterait qu’il soit souple et flexible – et ce n’est plus le cas. » Néanmoins, il propose une autre technique pour les déchiffrer : l’apprentissage automatique ou la machine learning. Grâce aux algorithmes, cette technologie sera capable de livrer des données précieuses sur les rouleaux de papyrus.
A l’heure actuelle, la machine learning manque d’informations à intégrer préalablement pour créer des algorithmes. Afin de combler ce vide, la bibliothèque de l’Institut de Paris, où sont conservés les papyrus, et le Diamond Light Source situé dans l’Oxfordshire au Royaume-Uni travaillent main dans la main. Le synchrotron qui possède une ligne de lumière I12 sous forme de rayons X sera capable de fournir des images en 3D à très haute résolution.
Les recherches préalablement entreprises sur d’autres synchrotrons comme celui de Grenoble ont déjà permis de déchiffrer quelques lettres. La comparaison avec les données des autres papyrus qui ont été déroulés avait en effet permis de décrypter quelques alphabets grecs.
Que pourraient contenir ces rouleaux de papyrus d’Herculanum ?
Le souci majeur auquel se heurtent les scientifiques qui ont utilisé les rayons X basiques est la similitude entre l’encre non métallique et le papyrus. Ils sont tous les deux en carbone, le premier à cause des matières utilisées pour écrire à l’époque et l’autre à cause de l’éruption de mont Vésuve. Parmi les 1800 papyrus découverts, ceux qui ont été déroulés révèlent des textes épicuriens, notamment de Philodème de Gadara. Pison, le beau-père de Jules César, gardait en effet dans sa bibliothèque des rouleaux d’antan en tant que protecteur des arts et de la philosophie.
L’utilisation de la machine learning permettra de contourner le problème des rouleaux de papyrus carbonisés. Les recherches du professeur Brent Seales dévoileront bientôt d’autres secrets, notamment l’existence de textes en latin.
Par Andy Rakotondrabe, le
Source: Futura Sciences
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