Le pangolin est un animal prisé des braconneurs. Il a d’ailleurs hérité du titre de « mammifère le plus braconné au monde ». Vivant en Asie du Sud-Est et en Afrique, l’insectivore est convoité pour ses écailles. Malgré son statut d’espèce protégée depuis septembre 2016, le commerce de ce petit animal continue.
Un animal convoité pour ses écailles… et ses supposées vertus
Le pangolin reste méconnu du grand public. Pourtant, au même titre que les éléphants ou les rhinocéros, l’insectivore est chassé par les des braconniers. En cause ? Ses écailles, sa chair, ses os et ses organes. Mais au-delà de son goût et de ses écailles, il existe de nombreuses légendes en Asie du Sud-Est, qui attribuent au pangolin des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques.
En effet, ses écailles sont faites de kératine, une matière qui compose les ongles humains mais aussi les cornes de rhinocéros. On prête donc à ces écailles des vertus aphrodisiaques, efficaces contre le psoriasis et la mauvaise circulation du sang. Son sang, lui, serait bénéfique pour le coeur. Enfin, sa chair est utilisée dans la médecine traditionnelle en Asie. Dans certaines cultures africaines, l’animal est aussi connu pour éloigner le mauvais oeil.
Un animal fragile dont le commerce est interdit
Le pangolin est l’animal le plus braconné au monde. Étant vulnérable et solitaire, il pèse entre 2 et 35 kilos et mesure entre 30 et 80 centimètres. De plus, il se roule en boule lorsqu’il se sent en danger. C’est une proie facile pour les braconniers qui n’ont plus qu’à le mettre dans leurs sacs.
Le mercredi 28 septembre 2016, la Convention Internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction, ou CITES, s’est réunie à Johannesbourg, en Afrique du Sud, pour décider du sort du pangolin. Le résultat fut sans appel : le fourmilier d’Asie et d’Afrique a été inscrit à l’annexe I du CITES, qui interdit formellement son commerce. Auparavant, il était inscrit à l’annexe II, qui l’autorisait. Ginette Hemley, la chef de la délégation du Fonds mondial pour la nature (WWF) déclarait alors :
« Cette protection totale écarte toute question relative à leur commerce légal et rendra la tâche plus difficile aux trafiquants qui seront plus lourdement sanctionnés ».
Un marché lucratif qui ne prend pas en compte l’interdiction
Et pourtant, le cauchemar continue. Les douanes de certains pays asiatiques, d’Amérique et même de France saisissent chaque mois des centaines de kilos de peaux, d’écailles et de viande de pangolin. Fin août 2016, la police indonésienne a découvert 657 pangolins congelés dans une maison de l’île de Java. Le 23 avril, 5 tonnes de pangolins morts, soit un millier d’animaux, ont été retrouvés dans la ville de Medan au sud de Sumatra. Début juin 2017, sept tonnes d’écailles de pangolins ont été saisies en provenance du Nigéria et saisies à Hong-Kong. Ginette Hemley, encore elle, a déclaré : « le commerce illégal sera toujours une menace tant que la demande de viande et d’écailles persistera ».
Si les braconniers s’intéressent tant au pangolin, ce n’est pas pour rien. Certains restaurateurs débourseraient jusqu’à 1 750 euros par animal pour pouvoir le cuisiner. Durant la dernière décennie, plus d’un million de pangolin ont été vendus illégalement. Il faut dire qu’un kilo de viande ou de peau de pangolin peut être vendu entre 200 et 300 dollars sur les marchés asiatiques. Un kilo d’écailles, quant à lui, peut atteindre 3 000 dollars. Avec la raréfaction de l’espèce en Asie, les prix augmentent et les pangolins d’Afrique sont également touchés.
Le soutien de Jackie Chan
La communauté internationale prend le relais. Le célèbre comédien Jackie Chan est en effet apparu dans une vidéo dans laquelle il enseigne le kung-fu à un trio de pangolins. Menée par l’ONG WildAid, la campagne « Kung Fu Pangolin » date du 22 août 2017 et apparaîtra en Chine et au Vietnam, les deux nations dans lesquelles le braconnage est omniprésent. Peter Knights, directeur de WildAid, a déclaré : « Jackie Chan dispose d’un vaste public en Asie, et il est certain que cette campagne aura un impact positif ». Jackie Chan, dans la vidéo, proclame « Le massacre s’arrête quand on arrête d’acheter ».
Il faut dire que le pangolin est désormais une espèce en voie d’extinction. S’il venait à disparaître, cet animal engendrerait la prolifération des fourmis et des termites des régions où il évolue.
Par Steve Tenre, le
Source: France Info
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Catégories: Écologie, Actualités