
L’analyse d’un vase en albâtre a révélé des traces claires d’opium, suggérant une consommation de ce type de substance plus répandue que prévu dans l’Égypte antique.
Des alcaloïdes typiques de l’opium
Conservé au musée Peabody de l’université Yale, la pièce en question est un alabastre comportant des inscriptions en akkadien, élamite, persan et égyptien. L’une d’elles évoque le « grand roi » perse Xerxès Ier, ayant régné de 486 à 465 avant notre ère.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Eastern Mediterranean Archaeology and Heritage Studies, moins de 10 objets intacts de ce type ont été découverts, et tous appartenaient à des souverains ou des membres éminents de la société égyptienne.
Alors qu’il était jusqu’à présent largement supposé que ces récipients étaient utilisés pour conserver les parfums et les cosmétiques, l’utilisation de deux techniques avancées (chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse) a révélé des traces d’alcaloïdes caractéristiques de l’opium (noscapine, hydrocotarnine, morphine, thébaïne et papavérine) à l’intérieur du vase.
Associée aux découvertes antérieures de traces de cette substance dans les cruches exhumées d’un ancien cimetière où étaient inhumés des roturiers, cette découverte renforce l’idée qu’elle était consommée à la fois par les élites et les strates inférieures de la société égyptienne antique.

Tradition funéraire perdue
La présence de résidus organiques sombres (dont la texture et l’odeur correspondent à celles du latex d’opium séché) dans plusieurs récipients en albâtre trouvés dans le tombeau du pharaon Toutânkhamon suggère que ce puissant analgésique accompagnait également les défunts dans l’au-delà.
« Les opiacés se trouvaient probablement au cœur d’une ancienne tradition funéraire dont nous commençons tout juste à effleurer les contours », écrivent les chercheurs. « Il est également possible que les vases en albâtre étaient exclusivement dédiés au stockage de l’opium. »
En 2023, l’analyse d’un récipient vieux de deux millénaire avait révélé qu’un ancien culte égyptien buvait un mélange de drogues, de sang humain et de fluides corporels.