Le géant Ajinomoto est aujourd’hui au coeur d’un scandale alimentaire dont les conséquences se sont étendues à toute l’Europe : l’entreprise japonaise aurait introduit des OGM – pourtant interdits par l’UE – dans de la nourriture pour vaches, porcs, et saumons.
« Ajinomoto met un point d’honneur à proposer des mets à la fois sains et goûteux à tous les gourmets »
Leader de l’industrie agro-alimentaire au Japon, Ajinomoto ne semble pas aussi bien taillé pour le marché européen. L’entreprise, qui s’est implantée en France en 2016, propose à ses clients une vaste gamme de plats surgelés typiquement japonais. Yakitori, shiaké, takikomi et autres gyoza sont donc au programme de la marque, qui a dans un premier temps envahi les rayons de la chaîne de supermarchés Carrefour.
Mais visiblement, la « marque asiatique la plus achetée au monde » ne semble pas au courant des us et coutumes de l’industrie agro-alimentaire européenne. D’abord révélé par Le Monde puis confirmé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), « un contrôle [de la DGCCRF] » a eu lieu « fin 2017 dans une entreprise en France où des anomalies ont été trouvées suite à la présence d’OGM non autorisés en Europe dans de l’alimentation animale ».
Les pays membres de l’Union Européenne alertés en septembre 2017
Selon Le Monde, l’alerte a été lancée dès le 28 septembre 2017. L’ensemble des pays de l’Union Européenne a été prévenu et de nombreuses enquêtes ont été menées en Belgique, en Italie, en Allemagne, en Bulgarie… mais aussi en France. Contactée par le journal, la Commission Européenne a statué le 19 janvier que « dans deux cas identifiés, des aliments incorporant une biomasse non autorisée produite à partir d’OGM ont été illégalement administrés à des animaux ».
Une porte-parole de la Commission européenne a indiqué que des mesures étaient d’ores et déjà mises en place : « Étant donné que les produits ne sont pas autorisés, ils sont de facto interdits, donc ils doivent être retirés du marché ». Les « produits » en question ? Des bactéries génétiquement modifiées mortes, qui « ont servi à produire des acides aminés utilisés comme additifs dans l’alimentation animale pour les ruminants, les porcs et les saumons ».
« Une erreur administrative »
Au vu de ce scandale qui s’intensifie à mesure qu’il est relayé, le géant Ajinomoto, qui dispose de deux usines à Amiens et Mesnil-Saint-Nicaise dans la Somme, a expliqué dans un communiqué que « les substances citées dans l’article du journal Le Monde ont été placées sur le marché européen suite à une erreur administrative ».
Et de continuer : « Dès que nous avons pris connaissance de cette situation, toutes les démarches nécessaires auprès des autorités nationales et européennes ont été entreprises ». La marque s’engage d’ailleurs à « suivre les standards les plus élevés en matière de santé, de sécurité et de traçabilité ». Le problème, c’est que ces OGM interdits se sont déjà répandus en Europe, puisqu’ils ont été expédiés en Estonie, Roumanie, Lituanie, Lettonie, Hongrie, Italie…
La faute à l’Union Européenne ?
Toute la faute ne revient pas à « l’erreur administrative » d’Ajinomoto, loin de là. Dans un communiqué de Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France : c’est le « manque de traçabilité des aliments » dans l’Union Européenne qui est aussi mis en cause. Selon elle, « cette affaire est scandaleuse à plusieurs niveaux ».
« Depuis quand considère-t-on acceptable de nourrir des vaches, des cochons, des saumons, avec des aliments produits avec des bactéries génétiquement modifiées ? », s’insurge-t-elle. « Une fois de plus, malgré les scandales de la vache folle, des lasagnes à la viande de cheval, de la grippe aviaire, les multinationales, avec la complicité de l’Union Européenne, continuent de jouer aux apprentis-sorciers au mépris du principe de précaution et du respect du consommateur », s’indigne-t-elle. Dans tous les cas, l’affaire Ajinomoto est un scandale agro-alimentaire de plus dont l’Europe devra obligatoirement tirer des leçons…
Par Steve Tenre, le
Source: Le Figaro
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