La mise au jour d’un nombre impressionnant d’œufs fossilisés de titanosaures dans l’ouest de l’Inde suggère non seulement que ces gigantesques créatures nichaient en colonies, mais qu’elles laissaient également les petits à leur sort.
Nidification préhistorique
Au total, 92 nids et 256 œufs, mesurant jusqu’à 20 centimètres de long, ont été découverts dans la formation de Lameta, empilement de couches sédimentaires connues pour renfermer les restes fossilisés d’au moins trois espèces de titanosaures, dinosaures à long cou pouvant peser plus de 60 tonnes et mesurer plusieurs dizaines de mètres de long. Mis au jour entre 2017 et 2020, les oeufs présentaient six formes distinctes, suggérant qu’autant d’espèces de titanosaures auraient été amenées à pondre dans la région.
Guntupalli Prasad et ses collègues de l’université de Delhi ont découvert que les couvées d’œufs avaient été déposées dans des fosses peu profondes, à la manière des crocodiles modernes. Si la proximité de différents nids indique que les titanosaures se réunissaient pour pondre, tout comme de nombreux oiseaux modernes, elle suggère également que les femelles abandonnaient ensuite les oeufs. Une stratégie reproductive semblable à celle de certaines tortues de mer, dont la progéniture est essentiellement livrée à elle-même dès l’éclosion.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue PLos One, à l’époque des dinosaures, cette partie de l’Inde occidentale était une plaine humide et marécageuse parsemée de petits lacs. « Il s’agissait d’une région particulièrement attrayante pour les dinosaures, avec un sol meuble propice à l’enfouissement des oeufs, ainsi que de nombreuses sources d’eau et de nourriture pour les juvéniles », souligne Prasad.
« Ces sédiments humides contribuent également à expliquer pourquoi tant de nids de dinosaures ont été préservés en Inde occidentale », poursuit-il. « Lorsque le volume des cours d’eau et la surface des marais et étangs ont augmenté, ces zones de nidification ont été inondées et recouvertes de sédiments. »
Des questions à approfondir
Si cette découverte éclaire le mode de reproduction des titanosaures et indique que ces derniers nichaient en colonies, Darla Zelenitsky, de l’université de Calgary, estime que les six types d’oeufs observés n’auraient pas nécessairement été pondus par six espèces distinctes de titanosaures.
« Des individus plus grands ou plus petits de la même espèce peuvent pondre des oeufs possédant des formes variables, et des espèces distinctes en produirent qui s’avéreront visuellement indiscernables », explique la chercheuse. « De futures découvertes d’os de titanosaures à proximité pourraient permettre de faire la lumière sur cette question. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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