
Si le polymathe italien Galileo Galilei est souvent présenté comme le père de l’astronomie moderne, on doit les premières observations de la Lune avec ce type d’instrument à l’injustement méconnu Thomas Harriot.
Érudit prolifique
Né en 1560, Harriot fréquente l’université d’Oxford et attire rapidement l’attention de l’homme politique et explorateur Walter Raleigh. Chargé d’enseigner les secrets de la navigation céleste aux capitaines de navires anglais, il participe même à une expédition à destination de la Virginie en 1585, où il apprend la langue des Indiens algonquins et relate leurs coutumes.
Il faut attendre les années 1590 pour qu’Harriot se consacre pleinement à ses travaux mathématiques et astronomiques, financés par le riche mécène Henry Percy, comte de Northumberland.
En plus de découvrir la loi de la chute des corps indépendamment de Galilée, il pose également les bases algébriques qui inspireront certaines des théories les plus fameuses de René Descartes.
Brièvement emprisonné en raison de l’implication de Raleigh et Percy dans la conspiration des Poudres de 1605 (attentat manqué contre le roi Jacques Ier d’Angleterre et le Parlement anglais par un groupe de catholiques provinciaux), il se consacre essentiellement à l’étude du ciel à sa libération.

Un père oublié de l’astronomie moderne
Harriot produit la toute première carte de la Lune, telle qu’observée à travers la lentille d’un télescope, le 26 juillet 1609. Il faudra attendre le début de l’année 1610 pour que Galilée publie ses célèbres diagrammes lunaires, qui lui vaudront une reconnaissance mondiale. Les carnets de l’érudit britannique comprennent également les premiers dessins connus de taches solaires, datés de décembre 1610.
Bien que les raisons pour lesquelles le Britannique n’a pas rendu ses découvertes publiques restent floues, le fait que ses travaux aient été financés par un mécène (contrairement à Galilée qui avait besoin d’une certaine visibilité pour réunir les fonds nécessaires à la poursuite de ses recherches) contribuerait à l’expliquer.
Ce n’est que 150 ans après la mort d’Harriot (en 1621) que ses carnets ont été redécouverts dans l’un des manoirs hérités par les descendants de Percy. Il a ensuite fallu attendre le XXe siècle pour que ces milliers de pages bénéficient d’un examen approfondi par des historiens et des scientifiques.
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