Fin 2022, la barre des 8 milliards d’êtres humains a été officiellement franchie. Mais combien de nos semblables ont été amenés à fouler la Terre au cours des dernières centaines de milliers d’années ?
Évolution démographique
Sous l’effet de l’industrialisation et des progrès réalisés dans de nombreux domaines, tels que l’hygiène et la médecine, la population humaine a considérablement augmenté au cours des deux derniers siècles, passant d’1,6 milliard d’individus à plus de 8 aujourd’hui. Si cette croissance démographique sans précédent laisse penser que le nombre de vivants ait pu brièvement dépasser celui des morts, les estimations disponibles suggèrent une situation bien différente.
Les données démographiques mondiales (recensement, collecte d’impôts) se sont considérablement étoffées à partir du XIXe siècle. Les humains modernes ayant massivement quitté l’Afrique il y a environ 60 000 ans, différentes méthodes statistiques ont été utilisées pour estimer l’évolution de la population mondiale depuis la Préhistoire.
L’application d’un taux de natalité supposé (ayant diminué au fil du temps pour refléter sa baisse) a permis d’obtenir un aperçu du nombre de naissances et, par extension, de décès, au cours de cette période.
« L’espérance de vie moyenne dans la France de l’âge du fer (de 800 av. J.-C. à environ 100 de notre ère) a été évaluée à seulement 10 ou 12 ans », explique le Population Reference Bureau (PRB). « Dans ces conditions, le taux de natalité devait être d’environ 80 naissances vivantes pour 1 000 personnes afin que l’espèce puisse subsister. Pour mettre cela en perspective, un taux de natalité élevé se situe aujourd’hui entre 35 et 45 naissances vivantes pour 1 000 habitants, et il n’est observé que dans certains pays d’Afrique subsaharienne. »
117 milliards de naissances au cours des 192 000 dernières années
Selon Wendy Baldwin, du PRB, une telle approche suggère qu’environ 117 milliards de naissances sont intervenues au cours des 192 000 dernières années, soit un chiffre dépassant de loin la population humaine actuelle.
« Il est possible que notre méthode sous-estime le nombre de naissances dans une certaine mesure », estime la chercheuse. « L’hypothèse d’une croissance démographique constante plutôt que très fluctuante au cours de la période antérieure ne peut actuellement être exclue. »