Début février, l’Antarctique a enregistré des températures record, entraînant la fonte de la calotte glaciaire à un rythme sans précédent et la prolifération d’algues recouvrant sa péninsule de spores rouge sang.
Des clichés surnaturels
Le 24 février dernier, le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences a publié des photos du phénomène sur sa page Facebook, montrant la glace autour de sa base de recherche Vernadsky – située sur l’île de Galindez, au large de la côte de la péninsule Antarctique septentrionale – recouverte de neige « rouge sang ». Appelée Chlamydomonas nivalis, cette algue possédant une pigmentation cramoisie prolifère sous l’effet de la fonte des glaces, engendrée par le réchauffement climatique, et participe activement à l’amplification de ce phénomène.
« En raison de sa couleur rouge sang, la neige réfléchit moins la lumière du soleil et fond plus rapidement. Ce qui va entraîner la prolifération de plus en plus d’algues brillantes et contribuer au changement climatique », précise notamment le ministère ukrainien sur sa page. Évoquée par Aristote au troisième siècle avant Jésus-Christ, cette étrange neige cramoisie avait également été repérée en 1818 lors de l’expédition dans le passage du Nord-Ouest du capitaine John Ross, qui pensait à l’origine qu’il s’agissait des résidus d’une météorite de fer-nickel.
À la fois une conséquence et une cause du changement climatique
Chlamydomonas nivalis est en fait plus répandue qu’on ne le pense, puisqu’il s’agit du type d’algue le plus courant dans les régions froides et montagneuses. Appartenant à la famille des algues vertes, celle-ci vire au rouge lorsque l’atmosphère se réchauffe : ses caroténoïdes (pigments également responsables de la teinte orangée des carottes et des courges) vont absorber la chaleur et la protéger des rayons ultraviolets, à la manière d’un écran total.
Absorbant davantage de lumière solaire, la glace dans laquelle est contenue cette algue se met alors à fondre, ce qui procure à ces micro-organismes davantage d’eau et leur permet de proliférer.
Ailleurs dans le monde, d’autres types d’algues nocives pour l’environnement prolifèrent sous l’effet du changement climatique. C’est notamment le cas en mer de Chine orientale, ou des micro-algues toxiques bioluminescentes dotent de vastes étendues d’eau d’une lueur bleutée, tandis que l’algue Karenia brevis, de couleur rouille et proliférant le long de la côte de Floride, libère une toxine qui va cibler le système nerveux central des poissons.
Par Yann Contegat, le
Source: Smithsonian Mag
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