De manière générale, on peut dire que les Néandertaliens étaient des êtres plus primitifs que les Homo sapiens. De plus en plus d’études ont cependant démontré qu’ils ne sont pas aussi archaïques que nous le pensions. Une nouvelle étude a notamment permis de déterminer que les Néandertaliens pouvaient s’exprimer et comprendre le langage de l’humain moderne.
Une fréquence de bande passante de l’oreille qui change tout
Selon les chercheurs de l’université de Binghamton, les Néandertaliens – l’ancêtre le plus proche des humains modernes – possédaient la capacité de percevoir et de produire le langage humain. Cette question s’est posée un grand nombre de fois et a été source de débat depuis un long moment, mais cette étude semble enfin avoir apporté une réponse appropriée. « Les résultats sont solides et montrent clairement que les Néandertaliens avaient la capacité de percevoir et de produire la parole humaine », a déclaré Rolf Quam, coauteur de l’étude, dans un communiqué.
« C’est l’une des très rares lignes de recherche actuelles et en cours reposant sur des preuves fossiles pour étudier l’évolution du langage, un sujet notoirement délicat en anthropologie », a-t-il ajouté. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont procédé à une analyse détaillée et une reconstruction numérique de la structure des os dans le crâne des Néandertaliens. Plus précisément, les chercheurs ont créé des modèles 3D des structures des oreilles des Homo sapiens, des Néandertaliens, des Sima hominin, l’ancêtre de l’Homme de Néandertal.
À partir de ces modèles, les chercheurs ont procédé à une analyse des capacités auditives de ces espèces jusqu’à une fréquence de 5 kilohertz, ce qui couvre la plupart des fréquences des sons de la parole des humains modernes. Par la suite, les scientifiques ont estimé la gamme de fréquences de sensibilité maximale des différentes espèces, ou autrement dit la bande passante de l’oreille. Il a été constaté que la bande passante des Néandertaliens se rapprochait plus de celle des Homo sapiens que de leurs ancêtres. Ces résultats – qui ont été détaillés dans la revue Nature, Ecology & Evolution – ont ainsi permis de conclure que l’anatomie de cette espèce leur a permis de produire et de percevoir des fréquences similaires au son de la parole humaine.
Une découverte importante pour la compréhension de l’évolution du langage
Selon les chercheurs, les capacités de communication des Néandertaliens étaient telles qu’ils auraient même été capables de produire et de comprendre les sons les plus difficiles, comme « th », « w », « b » et « v ». Il est utile de rappeler que l’idée que cette espèce pouvait parler a été rejetée pour la première fois en 1989 après la découverte de l’os hyoïde dans leur cou. Cet os est crucial pour parler, car il soutient la racine de la langue. Jusqu’à présent, les scientifiques ont estimé que cet os est dans une position non propice à la vocalisation chez les primates non humains, dont les Néandertaliens.
Mais cette étude a prouvé que cette théorie est faussée pour le cas des hommes de Néandertal. « La présence de capacités auditives similaires, en particulier la bande passante, démontre que les Néandertaliens possédaient un système de communication aussi complexe et efficace que la parole humaine moderne », a ainsi conclu Mercedes Conde-Valverde, auteure principale de l’étude. Les chercheurs ont toutefois précisé que même si les Néandertaliens avaient effectivement une anatomie propice à la communication verbale, cela ne signifie pas qu’ils avaient les capacités cognitives nécessaires pour le faire. Quoi qu’il en soit, cette étude prouve une fois de plus que les hommes de Néandertal étaient beaucoup plus évolués que ce que l’on a toujours pensé. Elle permet également d’approfondir les connaissances sur l’évolution du langage.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science Alert
Étiquettes: communication, langage, homo-sapiens, Néandertalien
Catégories: Actualités, Histoire