
Chaque hiver martien c’est la même rengaine : un fin nuage dépassant largement le millier de kilomètres de long se forme au niveau d’un volcan géant proche de l’équateur de la planète rouge. Des scientifiques ont récemment percé ses secrets.
L’AMEC
Contrairement à ce que l’on pourrait intuitivement penser, il ne s’agit pas d’un panache lié à l’activité volcanique. Ce nuage pouvant mesurer jusqu’à 1 800 kilomètres de long est composé de glace d’eau et se forme le long du versant de l‘imposant Arsia Mons (20 kilomètres de haut) n’étant pas exposé aux vents dominants.
Autour du solstice du Sud, correspondant à la période où l’hémisphère sud martien reçoit la plus grande quantité de lumière solaire, l’AMEC (Arsia Mons Elongated Cloud) croit quotidiennement pendant environ trois heures, puis se dissipe rapidement. Ce cycle matinal va persister 80 jours.
L’atmosphère martienne se révèle bien différente de la nôtre : elle contient notamment des concentrations importantes de minuscules particules de poussière qui peuvent provoquer la condensation de la vapeur d’eau présente dans l’air, donnant naissance à des structures nuageuses uniques.
Alors que des simulations antérieures prenant en compte ce paramètre n’avaient pas permis de reproduire les caractéristiques particulières de l’AMEC, Jorge Hernández-Bernal, de la Sorbonne, et ses collègues y sont parvenus en incluant des niveaux d’humidité atmosphérique nettement plus élevés.

Nucléation homogène
Il s’est avéré que ceux-ci favorisaient la formation de particules nuageuses via un processus alternatif « sans poussière » connu sous le nom de « nucléation homogène ». Dans la région d’Arsia Mons, cela se traduisait par la formation d’un nuage remarquablement allongé, naissant à la base du volcan.
Selon l’équipe, ce n’est que récemment que des observations ont permis d’établir que l’atmosphère de Mars était nettement plus humide que prévu.
« La nucléation homogène nécessite, dans le cas de Mars, un niveau de saturation [en eau] beaucoup plus élevé. C’est pourquoi nous pensions que cela n’était pas possible, ou du moins très improbable », a déclaré Hernández-Bernal lors du Congrès scientifique Europlanet 2025. « Mais au cours de la dernière décennie, nous avons découvert qu’il existait en fait une sursaturation sur Mars. »
En août, le rover Perseverance avait découvert un intrigant « chapeau » sur Mars.