Nombreux sont ceux qui apprécient écouter de la musique afin de se détendre, être apaisé ou se stimuler. Les bienfaits de la musique sont donc reconnus par un bon nombre d’individus. Mais, désormais, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît également les effets positifs du rythme et d’une mélodie.
Les effets positifs de la musique reconnus par l’OMS
Écouter de la musique fait ressentir à de multiples personnes un profond bien-être. Elle fait d’ailleurs tellement de bien que l’OMS est désormais convaincue de ses bienfaits et les reconnait. Elle a également publié un rapport consacré aux effets de l’art dans son ensemble et sur l’amélioration de la santé et du bien-être qu’il procure.
« L’approche dite de musicothérapie, d’inspiration psychanalytique à ses débuts dans les années 1970, est restée longtemps purement empirique. Certains ont pu, à l’origine, exagérer ses effets ou mal les interpréter », a rapporté le professeur Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen Normandie et l’un des premiers chercheurs en France à avoir eu recours aux techniques de neuro-imagerie pour étudier les effets de la musique sur le cerveau.
«Un frisson de plaisir »
Des travaux d’imagerie cérébrale réalisés en 2011 par l’équipe de Robert Zatorre, de l’université MacGill à Montréal, au Canada, avaient également montré que la musique peut procurer un “véritable frisson de plaisir”. Plus tard, ces mêmes chercheurs ont prouvé que la mémoire jouait un rôle très important en ce qui concerne ce ressenti de frisson lorsque l’on écoute de la musique. « Son intensité est en effet d’autant plus forte que la première écoute a été positive », a expliqué Hervé Platel. Néanmoins, selon ces mêmes recherches, pour 3 à 5 % de la population ce frisson n’aura jamais lieu, notamment à cause d’un manque de connectivité entre plusieurs régions du cerveau. Il s’agit d’une anhédonie musicale, soit une incapacité à ressentir la moindre émotion lorsque l’on écoute une musique.
Pour prouver les effets positifs de la musique, l’OMS s’est concentrée sur environ 900 études. Voici donc les bienfaits de la musique qu’ils ont pu lister : diminution de l’anxiété et de la douleur, baisse de la tension artérielle, baisse de certains effets secondaires de traitements anticancéreux (nausées, fatigue). Par ailleurs, les spécialistes ont pu remarquer que la danse permet d’améliorer la motricité de personnes souffrant de la maladie de Parkinson ou victimes d’un AVC. Le chant aide quant à lui à rééduquer la fonction respiratoire et la langue chez certaines personnes.
Ces chercheurs ont également montré que la musique permet d’améliorer la qualité de vie de malades ainsi que les conditions de travail des soignants. Ainsi, nombreux sont les hôpitaux français à utiliser la musique au sein de leurs unités de néonatalogie, pédiatrie, gériatrie, neuropsychiatrie, neurologie, soins palliatifs, urgences ou encore en salle de réanimation. 1000 services hospitaliers en France utilisent notamment l’application MUSIC CARE ©. « En vingt ans, nous avons publié de très nombreuses études qui ont démontré son intérêt surtout relaxant et apaisant. Nous avons constaté une réduction d’environ 50 % de la consommation de médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs) », a rapporté Stéphane Guétin, le concepteur de l’application.
« La musique a tout son intérêt dans la dimension du soin et plus largement du bien-être »
« La musique a tout son intérêt dans la dimension du soin et plus largement du bien-être. Mais, au-delà de l’hôpital, il faudrait aussi l’intégrer au domicile des patients. La musique est un outil qui possède cette capacité très rare d’être utilisable sous deux facettes : relaxation ou stimulation », a commenté Gérard Mick, neurologue au centre hospitalier de Voiron, dans l’Isère, et neurobiologiste à l’université Claude-Bernard, à Lyon.
Comme l’a rapporté Sciences et Avenir, les scientifiques sont parvenus à montrer plus précisément par quels mécanismes la musique agit sur notre cerveau : elle stimule notre mémoire ainsi que nos émotions. « Finalement, lorsque nous écoutons de la musique, notre cerveau est totalement engagé », a expliqué Gérard Mick. On parle également de “symphonie neuronale”, selon les termes d’Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive et responsable du Laboratoire d’étude et d’apprentissage et du développement à l’université de Bourgogne, à Dijon. Lorsque ces zones de notre cerveau sont connectées, cela génère de la dopamine, neurotransmetteur de la récompense et du plaisir, ainsi que de l’endorphine, analgésique et euphorisant. « Voilà pourquoi la musique adoucit les mœurs… mais aussi les douleurs. Nombreux sont les travaux qui ont montré que cet effet antalgique est aussi lié à sa propriété “distractive”, grâce au déplacement de l’attention », a également commenté Gérard Mick.
La musique a également un bienfait relaxant “qui, par le biais du système nerveux dit autonome – sympathique et parasympathique – et le nerf vague, permet le ralentissement de la respiration, du rythme cardiaque et une baisse de la tension artérielle”, a ajouté François Silhol, cardiologue à Marseille. « Il faut oublier l’idée selon laquelle la musique ne serait qu’une occupation et accepter enfin la démarche qui consiste à cibler les interventions et à les évaluer », a de surcroît expliqué Hervé Platel.
“Réparer le cerveau”
Gérard Mick a également expliqué que toutes ces études ont permis de prouver que “la musique contribue aussi à “réparer” le cerveau”. L’exemple d’enfants nés prématurés, de 3 à 4 mois, et restant en soins intensifs en plein milieu de bruits désagréables durant plusieurs semaines, a permis de prouver cela. Afin de déterminer si ces sons étaient en lien avec un risque accru de troubles neuropsychologiques chez ces enfants, des chercheurs les ont partagés en trois groupes : le premier écoutant une musique à base de cloches ou bien de flûte indienne, le second n’écoutant aucune musique, et enfin le troisième n’ayant eu aucune stimulation sonore.
« Nous avons démontré avec l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) que les sons renforçaient le développement des réseaux cérébraux. Il nous reste à établir s’ils limitent ou non les retards neurodéveloppementaux », a expliqué Petra Hüppi, médecin-cheffe du Service de développement et croissance des Hôpitaux universitaires de Genève, en Suisse, et ayant dirigé ces travaux publiés en juin 2019 dans la revue PNAS de l’Académie nationale des sciences américaines. Les spécialistes sont encore aujourd’hui en train de confirmer les résultats de leurs analyses effectuées sur ces prématurés ayant aujourd’hui six ans. “Nos analyses semblent retrouver chez eux une meilleure capacité à réguler les émotions”, a conclu la médecin-cheffe.
Ainsi, ces différentes études scientifiques prouvent bien que “sans la musique la vie serait une erreur”, comme l’estimait déjà le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Écoutez-vous régulièrement de la musique ? Quels effets a la musique sur vous ?
Par Cécile Breton, le
Source: Sciences et avenir
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