Lorsque vous consultez avec attention une carte de l’Afrique datant du 19e siècle, vous finissez par remarquer les Monts de Kong, une étrange chaîne montagneuse qui n’apparaît plus sur les cartes modernes. Et pour cause, celle-ci n’a en réalité jamais existé !

Au cours du 19e siècle, les Monts de Kong étaient répertoriés sur la quasi-totalité des cartes commerciales de l’Afrique. Ils étaient censés constituer la ligne de partage des eaux entre le bassin du Niger et le Golfe de Guinée et s’étendaient sur près d’un millier de kilomètres.

L’explorateur Mungo Park est le premier à faire référence aux Monts de Kong

En se basant sur les observations de l’explorateur écossais Mungo Park, l’éminent géographe James Rennell mentionne pour la première fois la chaîne montagneuse imaginaire sur une carte en 1798.

Dans ses carnets de voyage, Park prétend avoir découvert l’existence des Monts de Kong lors de son expédition en Afrique de l’Ouest. L’imposant massif montagneux qu’il a entraperçu lui a été décrit par les locaux comme « appartenant au grand et puissant royaume de Kong ».

Les Monts de Kong (en jaune) représentés dans l’Atlas Milner en 1850

James Rennell a en fait « adapté » les données géographiques de Mungo Park en les falsifiant volontairement afin qu’elles viennent appuyer sa thèse sur le cours du fleuve Niger, et la chaîne montagneuse fictive va figurer durant près d’un siècle sur les cartes officielles.

Le mythe des Monts de Kong va peu à peu se développer. Plusieurs explorateurs ayant séjourné dans la région les décrivent comme des obstacles insurmontables, tandis que d’autres prétendent les avoir traversés.

Au cours du 19e siècle, différents auteurs présentent ces montagnes comme des reliefs « élevés » et « stériles » aux « reflets bleutés » dont les pics sont couverts de neige, et certains d’entre eux vont même jusqu’à avancer qu’elles abritent des gisements d’or.

LES MONTS DE KONG ABRITERAIENT MÊME DES GISEMENTS D’OR

Selon la source, leur élévation varie de 760 mètres à près de 4200 mètres, et elles sont majoritairement composées de granite… ou de calcaire.

Ces montagnes aux reflets bleutés seraient semblables à celles que l’on retrouve en Afrique du Sud

En 1833, l’ouvrage La Géographie de l’abbé Gaultier présente les Monts de Kong comme l’un des « huit massifs montagneux principaux de l’Afrique », tandis que le Guide de conversation Meyer les mentionne en 1880 comme « des montagnes inexplorées qui s’étendent au nord de la côte de Haute-Guinée sur près de 1 000 kilomètres ».

Le célèbre auteur français Jules Verne en fait également mention dans le 12e chapitre de Robur le Conquérant paru en 1886 : « À l’horizon se profilaient confusément les monts Kong du royaume de Dahomey ».

Si certains érudits doutent depuis de longues années de l’existence des Monts de Kong en raison des descriptions très contradictoires qui en sont faites, il faut attendre 1888 pour que le mythe s’effondre définitivement.

LE MYTHE S’EFFONDRE DÉFINITIVEMENT EN 1888

Dans le cadre d’une mission de reconnaissance du cours du fleuve Niger, l’explorateur français Louis-Gustave Binger atteint la ville de Kong le 20 février 1888, et démontre officiellement que la légendaire chaîne montagneuse n’a en réalité jamais existé.

L’explorateur français Louis-Gustave Binger sera le premier à prouver que les Monts de Kong n’ont jamais existé

Les Monts de Kong commencent à être retirés des cartes et des atlas à partir de 1891, avant de disparaître définitivement dans les annales de l’histoire de la cartographie au tout début du 20e siècle.

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