L’histoire des Etats-Unis est empreinte d’une histoire controversée, essentiellement entre Amérindiens et descendants des colons européens. Symbole de ces conflits, le Mont Rushmore est un monument historique, qui cristallise à lui seul toutes ces tensions. SooCurious vous présente cette sculpture emblématique et son histoire.
Sculpté au coeur des Etats-Unis, près de la ville de Rapid City, dans l’Etat du Dakota du Sud, le mémorial national du Mont Rushmore est un emblème national qui accueille chaque année plus de 2 millions de visiteurs. Construit de 1927 à 1941, il coûta près d’1 million de dollars et représente, sur 18 mètres de hauteur, 4 des présidents américains les plus marquants de l’histoire du pays.
Le lieu d’édification du monument fut nommé « Rushmore » d’après Charles E. Rushmore, un avocat émérite de New York qui remarqua l’endroit en 1885. La sculpture, elle, expose les portrait de George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln, sélectionnés pour leurs rôles respectifs dans la préservation et l’expansion du territoire national.
Mais l’ouvrage, autant que l’endroit choisi pour son emplacement, a aussi une forte symbolique pour les Amérindiens, qui peuplaient le territoire américain bien avant la colonisation européenne.
Le Mont Rushmore, préalablement nommé « Six grands-pères » par les Lakotas, une tribu du peuple sioux, revêt une importance toute particulière pour cette ethnie amérindienne. D’une part parce qu’il fait partie des Black Hills, une chaine de montagnes que les Lakotas vénèrent depuis plus de 3 000 ans et qu’ils estiment incarner « Paha Sapa », la terre sacrée centre de l’Univers, façonnée par le Grand Mystère, « Wakan Tanka », et lieu de naissance de leurs ancêtres.
Mais l’endroit incarne aussi l’oppression coloniale qui priva les Amérindiens de leurs territoires au cours de conflits tous plus sanglants les uns que les autres. Symbole de cette domination occidentale, le Mont Rushmore fut rendu aux Lakotas en 1868 au terme de batailles meurtrières qui virent le peuple autochtone prendre le dessus sur les envahisseurs. Puis, finalement, de 1876 à 1877, l’Etat fédéral reconquit violemment la région en matant les peuples sioux.
Dès lors, plus de 20 ans après le début de la sculpture du mont, et en réponse à cette offense faite aux Amérindiens, un artiste polonais décida de laver l’affront. Ainsi, en 1948, Korczak Ziółkowski entreprit la sculpture d’une autre oeuvre, non loin du Mont Rushmore, à 13 km de là : le Crazy Horse Memorial.
Egalement situé dans les Black Hills, le monument représente Crazy Horse – célèbre guerrier sioux et chef du clan Oglala, une tribu des Lakotas – monté sur un cheval et pointant vers l’horizon. Mais le sculpteur polonais décéda en 1982 sans avoir terminé son ouvrage, qui est, à l’heure actuelle, toujours en cours d’achèvement.
Et même si cette seconde oeuvre est décriée par une partie des Lakotas et des Amérindiens, nombreux sont ceux à voir dans la sculpture de Crazy Horse une manière de symboliser le caractère sacré de leur terre.
Par exemple, le financement du gigantesque monument – de 195 mètres de longueur pour 172 mètres de hauteur – est assumé par la Crazy Horse Memorial Foundation qui vise, de son propre aveu, à « protéger et financer la culture, la tradition et l’héritage des Indiens d’Amérique du Nord » et a refusé la participation du gouvernement fédéral américain au financement de l’oeuvre.
L’histoire et la symbolique du monument du Mont Rushmore sont fascinants car ils illustrent comment colons occidentaux et Amérindiens se sont ardemment disputé le territoire américain durant plusieurs siècles. D’ailleurs, l’édifice continue, aujourd’hui encore, d’incarner les dissensions qui persistent quant à l’héritage et à l’appartenance de chaque ethnie. Si l’histoire des Indiens d’Amérique vous intéresse, découvrez 15 chefs emblématiques qui se sont battus pour défendre les droits de leurs tribus.
Par Maxime Magnier, le
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