
La Bible pourrait-elle reposer sur des événements historiques concrets ? Une série d’inscriptions découvertes il y a plus d’un siècle dans la péninsule du Sinaï ressurgit aujourd’hui au cœur d’un débat brûlant. Un chercheur indépendant affirme y avoir identifié les premières traces écrites des figures de Moïse et Joseph, deux piliers des récits bibliques. Si ces thèses se confirment, elles pourraient profondément modifier notre compréhension des origines du peuple hébreu.
Des preuves écrites
C’est à Serabit el-Khadim, un ancien site minier égyptien connu pour son extraction de turquoise, que deux inscriptions vieilles de près de 3 800 ans pourraient bien changer la donne. Selon Michael S. Bar-Ron, chercheur épigraphique indépendant, ces gravures protosinaïtiques contiendraient la mention directe « MŠ », une forme ancienne du nom Moïse (Moshe en hébreu).
Ces inscriptions, baptisées « Sinaï 357 » et « Sinaï 361 », remontent à la fin de la XIIe dynastie, sous le règne du pharaon Amenemhat III. Elles utilisent l’un des tout premiers alphabets connus, un système protosinaïtique d’origine sémitique, proche à la fois de l’hébreu ancien et de l’araméen. Bar-Ron affirme que les phrases « Ceci vient de MŠ » et « Une parole de MŠ » pourraient être interprétées comme des signatures personnelles du personnage biblique.
Pour étayer son hypothèse, le chercheur s’est appuyé sur des photographies en haute définition, des scans 3D, ainsi que sur l’examen de moulages conservés à Harvard. Il note que les lettres utilisées, notamment le mem (מ), sont stylistiquement constantes dans plusieurs inscriptions, suggérant un même auteur – un scribe d’origine sémitique formé à l’égyptien, ce qui correspond à l’image de Moïse élevé au sein de la cour pharaonique.
Mysterious 3,800-year-old markings 'made by Moses' in ancient Egyptian mine 'could prove Bible is true' | The US Sun https://t.co/Wv46FF6NzE
— TinkerTweets45 ✝️🇺🇸⚖️⏳ (@Tinktweets45) July 29, 2025
Une connexion avec Joseph
Mais Bar-Ron ne s’arrête pas là. Il avance également que le vizir Ankhu, une figure historique égyptienne, pourrait être l’inspiration derrière le Joseph biblique. Ce dernier, documenté dans les archives égyptiennes, aurait été actif sous le règne du même Amenemhat III.
Une inscription spécifique, appelée « Sinaï 350 », présente un mélange d’écriture égyptienne et sémitique, mentionnant la divinité El, le dieu vénéré dans les premières formes de culte hébraïque. D’après Bar-Ron, la qualité d’exécution de cette inscription et son contenu théologique suggèrent qu’elle a été réalisée non par un esclave, mais par un fonctionnaire sémitique de haut rang, correspondant à la description de Joseph dans la Genèse.
Selon cette théorie, cette élite sémitique aurait initialement joui d’une position influente avant de tomber en disgrâce et d’être réduite en esclavage, un renversement de situation qui ferait écho au début du récit de l’Exode.
Conflit religieux inscrit dans la pierre
Plus qu’une simple affaire de noms ou de dates, les inscriptions de Serabit el-Khadim pourraient refléter une lutte religieuse. Bar-Ron a classé les vingt-deux inscriptions analysées en cinq groupes distincts. Certains rendent hommage à Baʿalat, une déesse cananéenne liée à Hathor dans le panthéon égyptien. D’autres ont été dégradées, leurs symboles cultuels remplacés par des louanges à El, le dieu des Hébreux.
« Nous observons des inscriptions vénérant Baʿalat qui ont été volontairement altérées par des scribes fidèles à El », explique Bar-Ron. Des vestiges d’un temple brûlé dédié à Baʿalat à Serabit el-Khadim viennent appuyer l’idée d’une purge religieuse violente, peut-être orchestrée par Moïse lui-même.
Les ruines calcinées d’un temple dédié à Baʿalat sur ce même site viendraient appuyer cette interprétation d’un basculement religieux brutal, soutenu par des expressions gravées comme « nimosh » (« partons »), qui renforcent cette hypothèse d’un récit proto-Exode consigné en temps réel.

Une controverse scientifique
Comme on pouvait s’y attendre, les thèses de Bar-Ron suscitent la polémique. Pour le professeur Thomas Schneider, égyptologue à l’université de Colombie-Britannique, les interprétations proposées sont infondées et biaisées par des intentions théologiques. Il accuse notamment Bar-Ron d’extrapoler à partir de similitudes hasardeuses dans les lettres et les structures linguistiques.
Malgré cela, ces inscriptions, découvertes au début du XXe siècle et longtemps considérées comme indéchiffrables, suscitent un intérêt renouvelé. Même les sceptiques reconnaissent leur valeur pour mieux comprendre la culture, la langue et la religion des ouvriers sémitiques de l’Égypte ancienne.
Si les analyses de Michael S. Bar-Ron sont confirmées par des recherches académiques rigoureuses, cela pourrait ouvrir une nouvelle ère pour l’archéologie biblique. Pour la première fois, des preuves tangibles, datées et contextualisées pourraient suggérer que certains récits de la Bible ont des fondements historiques. Par ailleurs, voici 10 inventions de l’Égypte antique que l’on utilise encore aujourd’hui.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: égypte antique
Catégories: Actualités, Histoire