Un enfant pensif qui regarde par la fenêtre via Shutterstock
L’autisme est un trouble du développement du cerveau qui altère la communication, les interactions sociales et les centres d’intérêt. Ainsi, c’est une gamme complexe de troubles qui peuvent être très nombreux et différents selon les personnes touchées. Il ne peut pas y avoir une seule cause à l’autisme. Donc, la complexité de son soin est à la hauteur de la complexité de ses troubles. D’ailleurs, l’idée que l’on puisse guérir de ce syndrome a souvent été rejetée par les médecins. C’est là toute l’importance de l’étude de ces scientifiques qui ont réussi à modifier certains comportements autistes chez les souris. SooCurious vous en dit plus :
De nombreux gènes ont été identifiés comme liés à l’autisme. On peut donc supposer que la génétique peut aider à atténuer certains symptômes. Cette supposition se confirme par l’étude de ces scientifiques, qui ont réussi à modifier des comportements liés à ce syndrome grâce la manipulation d’un seul gène chez des souris jeunes et des souris adultes. Cette manipulation aurait même amélioré la capacité de certaines parties de leur cerveau.
Un enfant assis par terre qui étreint son nounours via Shutterstock
« Il y a de plus en plus de preuves qui attestent que certaines de ces anomalies sont réversibles, et donnent l’espoir qu’il sera possible de développer des traitements pour les patients autistes dans le futur », déclare le docteur Guoping Feng, directeur des recherches de l’Institut de technologie du Massachusetts.
La manipulation des scientifiques s’est jouée au niveau du gène Shank3. Ce gène code une protéine connue pour se trouver au niveau des connexions neuronales, appelées synapses. Elles sont situées entre les neurones à travers lesquels passent les informations. Ce gène joue donc un rôle crucial dans le développement des synapses. C’est lui qui permet la transmission d’informations à partir d’un neurone grâce à la libération d’un neurotransmetteur qui vient se fixer sur les récepteurs d’un autre neurone.
Deux faits se sont avérés dans les laboratoires scientifiques. Primo, un petit pourcentage d’individus atteints d’autisme ne porte pas ce gène Shank3. Secundo, un certain nombre des mutations à l’intérieur de ce gène même ont aussi été découvertes dans celles du spectre autistique.
Les travaux précédents de Feng (datant de 2010) ont permis de mieux comprendre la relation entre ces mutations et l’autisme. La suppression du gène Shank3 dans les souris a complètement perturbé les synapses dans une certaine région du cerveau appelée le striatum. Ce qui a réduit le nombre de dendrites présentes, et a aussi mené au développement de l’autisme, cela s’est manifesté dans les relations sociales et les actions répétitives des souris.
Cette fois-ci, l’équipe a voulu aller un peu plus loin pour savoir s’il était possible de manipuler le gène Shank3 et donc les symptômes de l’autisme chez les adultes, puisque ceux-ci surviennent généralement à un jeune âge. Pour ce faire, ils ont créé un système génétique qui leur a permis de garder le gène Shank3 éteint jusqu’à ce que soit administré aux souris un médicament appelé tamoxifène.
Le journal Nature décrit comment les scientifiques ont activé ce gène chez des souris adultes, et comment leur aversion sociale ainsi que leurs gestes répétitifs ont été « renversés ». Plus loin encore, les scientifiques ont noté une nette amélioration de la fonction des synapses ainsi qu’un coup de pouce au nombre de dentrites dans le striatum.
« Cela mène à penser que même dans le cerveau des adultes, il y a une importante plasticité », a déclaré dans un communiqué le docteur Guoping Feng.
Ils n’ont cependant pas été capables de restaurer les niveaux d’anxiété et de compétences de coordination à ceux typiques de souris adultes. Néanmoins, quand ils ont activé Shank3 sur des souris âgées de seulement 20 jours, ils ont réussi à atteindre ces deux résultats. Cela indique que certains circuits neuronaux sont encore malléables mêmes à l’âge adulte, et que d’autres peuvent être irréversiblement connectés d’une certaine manière au début de leur développement en raison de cette mutation.
Bien que les mutations Shank3 ne soient pas impliquées dans tous les cas d’autisme, l’étude ne soulève pas moins la possibilité que, à l’avenir, avec l’évolution des technologies de thérapie génique, il soit possible de traiter la maladie dans certains cas en soulageant des symptômes même chez les adultes.
A ce jour, il n’existe pas de traitement contre l’autisme, seulement des prises en charge pour aider les personnes touchées à gagner en autonomie et en capacité d’interaction. C’est pourquoi la recherche est importante, et que cette étude constitue une avancée majeure dans ce domaine. Si vous voulez mieux comprendre ce syndrome, vous pouvez découvrir ce court-métrage touchant qui en fait l’allégorie.
Par Pauline Collette, le
Source: IFL Science
Étiquettes: cure, shank3, recherche, genetique, autisme
Catégories: Sciences, Actualités