Nous vivons aujourd’hui dans l’ère de la consommation. Sachez par exemple qu’un individu consomme 4 fois plus de vêtements chaque année, qu’il y a 20 ans. Ceux que l’on avait l’habitude d’apprécier pour leur qualité, sont devenus des produits jetables que l’on remplace chaque mois. Il est temps de changer nos habitudes afin de sortir de cette spirale infernale tant pour les consommateurs, que pour les travailleurs.
LES ROIS DE LA « FASTFASHION »
H&M, le géant de la fast fashion [mode rapide ou jetable], qui compte plus de 4 000 magasins dans le monde et a enregistré un chiffre d’affaires de 25 milliards de dollars en 2015, en renouvelant sa collection jusqu’à deux fois par semaine, la chaîne de prêt-à-porter génère un énorme gaspillage.
« À CHAQUE FOIS QUE VOUS DÉPENSEZ DE L’ARGENT, VOUS VOTEZ POUR LE MONDE QUE VOUS VOULEZ » – ANNE LAPPÉ, ACTIVISTE ET ÉCRIVAINE
Le groupe Zara habille la planète mais à quel prix ? Inditex, propriétaire de la marque de textile, augmente ses bénéfices, mais n’améliore pas les conditions de travail de ses ouvriers. De nombreux rapports pointent les désastreuses conditions de travail des ouvriers du textile à travers le monde, épinglées notamment par l’ONG Clean Clothes Campaign, en Europe de l’Est pour les revenus ridicules qu’elles accordent à ses travailleurs.
Doit-on rappeler la catastrophe de Dacca et l’effondrement du Rana Plaza. Plus de 1 000 personnes y ont trouvé la mort. Un drame qui a mis en lumière les conditions de travail pour les ouvriers au Bangladesh, véritables forçats du textile. Il est temps d’agir et de choisir.
LA SLOW FASHION : L’ALTERNATIVE À LA MODE JETABLE
LA SLOW FASHION C’EST CONSOMMER MOINS, MAIS CONSOMMER MIEUX
Plutôt que d’entrer dans une spirale d’achat de produits pénalisant ceux qui les portent comme ceux qui les fabriquent, il est en effet possible d’acquérir des habits fabriqués décemment, ne coûtant pas beaucoup plus chers, d’autant plus que ceux-ci sont destinés à être portés pendant des années et non quelques semaines. Des solutions existent et facilement accessibles.
« Nous sommes à un tournant économique majeur. Les consommateurs ont pris conscience de l’importance du développement durable. Ils ont changé leurs habitudes. La slow fashion, ce sont des articles qui allient qualité et mode, conçus et fabriqués dans un esprit durable, et qui permettent aux consommateurs de conserver leurs objets d’une saison à l’autre », assure Wilfrid DE CONTI, directeur de BeSight, une jeune marque collaborative et responsable d’accessoires de mode.
L’ARRIVÉE DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE CHANGE PEU À PEU LA DONNE
EN PLEIN ESSOR, L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE TEND À FAIRE ÉVOLUER LE MODÈLE SOCIO-ÉCONOMIQIE
Le rejet du capitalisme financier, le développement de l’investissement éthique et la consommation collaborative expliquent un basculement de tendance, ce qui était dénigré hier, devient un choix de vie et un nouvel eldorado pour les start-up.
Les chiffres démontrent le développement de ce nouveau modèle socio-économique. Deux Américains sur dix ont déjà utilisé un service de l’économie de partage. En France, déjà plus de la moitié de la population (52 %) avait effectué en 2013 des opérations d’achats ou de ventes de biens entre particuliers via des plateformes. L’Hexagone représente à lui seul 23 % du marché de cette nouvelle économie, soit 3,5 milliards d’euros.
Ce qui était marginal avant : faire du covoiturage, revendre ses habits inutilisés ou encore même réparés s’est converti en mouvement de masse. Ainsi mieux encore, en 2014, 70 % des internautes français ont acheté ou vendu sur des sites de mise en relation entre particuliers. Le plus souvent, les particuliers qui proposent des biens ou des services recherchent un complément de revenus mais certains en font une véritable activité.
LA FAUSSE BONNE IDÉE DU RECYCLAGE
En 2013, quand H&M, devant les critiques répétées, avait choisi d’encourager les clients à recycler leurs vêtements, ou plutôt les convaincre de les rapporter dans les magasins H&M du monde entier en échange de bons d’achat. Mais à peine 0,1 % des vêtements collectés par les œuvres de bienfaisance et les programmes de récupération sont recyclés pour fabriquer de nouvelles fibres textiles, reconnaît le responsable du développement durable chez H&M, Henrik Lampa, et la multinationale ne fait pas beaucoup plus concrètement, parce que malgré le budget marketing promotionnant l’initiative, les vêtements ne se compostent pas.
Ainsi l’une des seules solutions est tout simplement de ne pas y acheter vos vêtements. Ces grands groupes bien connus, qui ont un impact environnemental et social désastreux, fonctionneront tant que des gens seront là pour leur donner de l’argent et de l’attention. Les sociologues parlent même de consom’acteurs !