Une scène est appelée cinématique lorsqu’elle ne laisse plus le joueur en contrôle de l’avancement de la narration, mais que le jeu se déroule comme un film où chaque plan est travaillé pour avoir un certain impact sur le joueur. Leur importance est capitale puisqu’en plus de servir à faire progresser le déroulement du scénario, la dernière mettra un point final à l’aventure. Voici pour vous une sélection des meilleures cinématiques de fin de jeux vidéo.
Red Dead Redemption
John Marston est un ancien hors-la-loi envoyé au Texas pour tuer ce qu’il reste de son ancien gang afin de se racheter de ses péchés. Il obtiendra l’immunité pour lui et sa famille et ils pourront vivre heureux dans une belle ferme. Du moins, c’est l’idée. John passe toute sa vie à vivre par la voie du colt et il le regrette relativement tôt. Assez pour abandonner cette vie dangereuse et tenter de préparer un meilleur futur pour son fils. Tout cela prend brutalement fin dans cette cinématique dorénavant culte où l’homme qui avait donné sa mission à John vient pour l’assassiner lui et sa famille. Sa femme et son fils partent à cheval tandis que lui reste sur place dans la grange de la ferme. À l’extérieur, une dizaine d’hommes prêts à l’exécuter. Rêvant d’un monde meilleur pour son fils et rongé par son passé, John se sacrifie et sort de la grange. Edgar Ross et ses hommes font feu et John meurt comme il a vécu, avec violence. Son fils prendra la même voie que lui en abandonnant la ferme après la mort de sa mère pour retrouver l’assassin de son père et enfin avoir sa vengeance. Une fin tragique, mais gravée pour toujours dans nos mémoires grâce à cette scène brillamment exécutée.
BioShock Infinite
Grandiose ! Difficile d’expliquer toute l’histoire d’Infinite de façon brève, mais on va quand même vous donner les grandes lignes si vous avez été un peu perdu à la fin de l’aventure avec tous ces mondes et ces chronologies différentes. L’important, c’est que la scène du baptême du début est la constante, c’est-à-dire qu’elle se déroule quoi qu’il arrive. La décision de Booker d’accepter ou de refuser le baptême est la variable. S’il dit oui, il devient un homme fanatique, Comstock. S’il dit non, il reste Booker, a un bébé, et la mère de l’enfant meurt, le laissant seul avec sa fille. Techniquement, Booker est donc Comstock. Ce dernier travaille avec la physicienne Lutèce pour créer la ville flottante de Columbia et des vortex entre les mondes. Dans l’un de ces vortex, Comstock observe sa fille devant un New York en flamme. Il interprète cela comme une prophétie qu’il doit voir s’accomplir. Le problème, c’est que toutes les expériences avec Lutèce l’ont rendu stérile. Il décide donc de voyager dans l’une de ces failles dimensionnelles pour voler le bébé de Booker, son bébé, mais d’une autre dimension. Lors du passage dans la faille, le bébé, Anna, perd son petit doigt, et la blessure lui donne des pouvoirs extraordinaires. Une fois à Columbia, son nom est changé en Elizabeth. Comstock tue sa femme et tente de tuer Lutèce pour s’assurer que le secret d’Anna/Elizabeth reste bien gardé et pouvoir instrumentaliser Elizabeth en tant qu’enfant de la prophétie. Lutèce survit et parvient à extraire Booker de sa dimension pour lui donner une chance de se racheter en faisant tomber Comstock. Des dizaines de versions de Booker essayent de sauver Elizabeth et échouent, mais finalement, une version (le joueur) parvient à tuer Comstock. Elizabeth et Booker voyagent jusqu’au moment du baptême et réalisent que le seul moyen de réellement arrêter Comstock est d’effacer son existence de tous les univers. Et pour cela il faut changer la constante. Elizabeth décide de noyer Booker avant qu’il puisse faire son choix. L’histoire est hautement plus riche que ce résumé, à bien des niveaux, et cette cinématique de fin a laissé tous les joueurs bouche bée. Une oeuvre magistrale.
Final Fantasy X
La dernière scène de Final Fantasy X est certainement la plus triste de toute la franchise. Beaucoup d’émotion, sublimée par la musique de Nobuo Uematsu. Tidus qui n’est en réalité qu’un rêve des Priants disparait suite à la victoire de l’équipe sur Yu Yevon. Avec sa mort, les Priants se réveillent et Tidus cesse d’exister. Alors qu’il commence à partir, Yuna tente de le rattraper, court pour l’attraper et le traverse. Son corps commence déjà à se dématérialiser. Tidus enlace Yuna de ses bras fantomatiques et la traverse pour partir vers l’au-delà. Un dernier « je t’aime » et l’histoire d’amour joue sa dernière note. L’histoire se termine bien, mais on a cette boule dans la gorge qui nous empêche de nous réjouir de la victoire. Dans toute l’histoire du jeu vidéo, peu de scènes sont aussi bien réalisées et font passer autant d’émotions en si peu de temps. L’idée même de voir son amour disparaitre devant ses yeux pour toujours suffit à faire pleurer la plupart des gens, et c’est exactement ce que nous fait vivre cette scène époustouflante qui, à l’époque, était la plus belle cinématique jamais réalisée sur console. Un chef-d’oeuvre à elle toute seule.
Metal Gear Solid 3
Dans Metal Gear Solid 3, vous incarnez Naked Snake, en mission pour arrêter son maître, The Boss, qui serait passé du côté de l’Union soviétique en donnant à Volgin des bombes nucléaires. Durant l’aventure Snake tombe amoureux d’Eva, un agent du KGB qui travaille en fait secrètement pour le gouvernement chinois. Tous les combats contre les membres de l’unité de The Boss sont mémorables, mais le jeu atteint son apogée lors du dernier affrontement. Le combat de Naked Snake contre son mentor, The Boss, est à la fois magnifique et tragique, surtout lorsque le joueur réalise que The Boss n’a jamais trahi son pays, mais était en mission pour voler un objet capital à Volgin. Quand les choses se sont mal passées, la CIA a décidé de faire de The Boss une traître et d’envoyer Naked Snake pour l’éliminer. Sans être la protagoniste, The Boss enterre l’énorme majorité des personnages féminins du jeu vidéo. Son charisme, sa force et son sacrifice en font un personnage inoubliable. Après être forcé de tuer sa mère spirituelle, Naked Snake rencontre le président et devient Big Boss avant de devoir serrer sa main à contrecœur. Son salut sur la tombe de The Boss alors qu’Eva explique son sacrifice avec le thème de Metal Gear Solid en fond… difficile de faire plus culte que cette scène ! Une merveille cinématique, que cela soit par la conclusion de l’incroyable narration du jeu, les angles utilisés, le choix de la musique, tout s’emboite parfaitement et marque l’un des moments les plus marquants de l’histoire du jeu vidéo. Rien que ça.
Shadow of the Colossus
Alors que la forme nous fait grimper sur le dos de géants, le fond de l’histoire nous donne une réflexion sur le concept et la valeur de la vie, de la mort et de la codépendance entre les deux. Un jeu de toute beauté, riche d’une subtilité rarement vue dans le jeu vidéo et d’une originalité sans pareille. Tout au long du jeu, vous pensez être Wander, ce héros intrépide qui, pour sauver Mono, l’amour de sa vie, escalade des géants pour les tuer d’une épée dans le crâne. En réalité, vous étiez en train de massacrer des innocents, libérant des parcelles de l’âme du réel méchant du jeu, qui vous a manipulé pour que vous partiez en chasse des géants. Au fur et à mesure que les cadavres s’accumulent, Wander se transforme progressivement : il devient de plus en plus pâle et des cornes poussent sur son crâne. Après la mort du dernier colosse et la quasi-disparition d’Argo, votre monture et compagnon de toute l’aventure, vous retournez au temple où tout a commencé et où se trouve Mono. Toutes les parties de l’âme du démon étant libérées, ce dernier achève votre métamorphose et prend contrôle du corps de Wander, devient un démon gigantesque, détruit son environnement puis meurt grâce à l’intervention de Emon, un shaman qui narre le début du jeu. Tout ne finit pas si mal puisque Mono revient à la vie alors qu’Argo vient la retrouver. Mono finit par trouver ce qu’il reste de la transformation de Wander et la mort du démon Dormin : un bébé, avec une corne sur le crâne. Une cinématique à l’atmosphère unique où la poésie narrative et la finesse musicale sont reines.
The Legend of Zelda : The Wind Waker
Quel bol d’air frais que The Wind Waker ! L’océan, la navigation, les pirates, les différentes îles ensoleillées. Un jeu Zelda à part comme a pu l’être Majora’s Mask pour d’autres raisons. Indéniablement l’un des meilleurs épisodes de la saga avec une musique éblouissante, la fin de cet épisode est à la hauteur du reste du jeu. Onirique, dramatique et finalement joyeux. L’une des raisons pour lesquelles cette fin est si particulière vient également de Ganondorf, qui est beaucoup plus sage et réfléchi que dans la plupart des autres épisodes. Ses motivations ne sont pas si simples et maléfiques que ce que l’on peut voir dans Ocarina of Time. Après tout, il ne compte même pas tuer Link, ce qui est quand même assez rare pour être noté. Tous les dialogues sont empreints d’une touche poétique qui s’harmonise à merveille avec le style graphique du jeu et la mise en scène de la dernière cinématique, et la mort de Ganon est fabuleuse si ce n’est épique. Un style épuré, une franchise éternelle qui se réinvente, une musique délicate et une narration bien ficelée. Voilà tout ce qu’englobe la fin de ce Zelda.
Final Fantasy VIII
La grosse claque. Avec la tuerie qu’est la composition de Nobuo Uematsu, « The Extreme », le combat final contre Ultimecia est l’un des plus marquants de la franchise. Et c’est dire quelque chose avec Final Fantasy ! La fin de Final Fantasy VIII mériterait plusieurs pages pour en expliquer tous les tenants et les aboutissants, mais tentons tout de même de résumer la chose. La compression temporelle de la sorcière s’interrompt lorsqu’elle est battue et tous les membres de l’équipe doivent se raccrocher à un élément de leur réalité pour ne pas rester bloqués dans un temps où ils n’existent pas encore. Chacun doit croire en lui-même et ne pas oublier ses amis. Seulement en se rattachant à ce sentiment, ils pourront retrouver la réalité. Linoa en sort et retourne au champ de fleurs où elle est censée retrouver Squall, mais ce dernier n’arrive pas. Squall est perdu dans un désert qui symbolise son sentiment de solitude et n’arrive pas à se rattacher à ses amis. Il se souvient d’eux, mais la mémoire s’efface de plus en plus. Il voit quelques images, mais rien qui lui permette de revenir vers la réalité. Linoa envoie sa plume grâce à ses pouvoirs, qui représentent ses sentiments pour Squall et leur amour l’un pour l’autre. L’esprit de Squall est distordu et s’emmêle sur lui-même malgré les images de Linoa qui persistent encore et toujours. Il parvient à se raccrocher à la réalité avec son souvenir le plus puissant : la mort imminente de sa bien-aimée dans l’espace. Grâce à ses pouvoirs, Linoa trouve son chemin jusqu’à Squall et le trouve inconscient. Du point de vue de Squall, ils sont encore perdus dans le temps et nulle part physiquement, mais lorsque Linoa l’enlace et le ramène en quelque sorte à la vie et à la réalité, le champ de fleurs s’éclaire et apparait autour d’eux, représentant la renaissance de Squall. Une mise en scène absolument incroyable et les extraordinaires musiques de Nobuo Uematsu caractérisent cette scène cinématique qui offre une parfaite conclusion à Final Fantasy VIII.
Là où l’introduction doit propulser le joueur dans une aventure où il voudra rester, la conclusion d’un jeu a la double tâche d’apporter une fin satisfaisante à des aventures parfois complexes et d’être assez bien réalisée pour laisser une impression indélébile. Car même si le jeu est très bon, une mauvaise fin peut gâcher la réputation et l’image de ce dernier. Ces jeux n’ont pas eu à gérer ce problème grâce à leurs cinématiques de fin absolument géniales. Est-ce que votre cinématique de fin préférée fait partie de notre liste ou en avez-vous une autre ?
Par Florent, le