Face au grand fléau du plastique auquel notre planète est exposée, les entreprises telles que Coca-Cola, PepsiCo et Apple ont décidé de s’engager dans une démarche plus écologique en intégrant l’aluminium recyclé dans leur processus de fabrication. Un tel engagement reste quand même un grand défi à relever et suppose un changement radical de mode de consommation. Mais l’aluminium recyclé constitue-t-il une solution durable ?
De l’aluminium recyclé pour un monde sans déchets plastiques
Des efforts sont en marche pour substituer les déchets plastiques issus des bouteilles, canettes et des emballages alimentaires. Alors que de nombreuses entreprises continuent encore de produire et d’utiliser des plastiques, PepsiCo et Coca-Cola ont décidé de miser sur l’aluminium recyclé.
Même les stars s’y mettent ! L’acteur Jason Momoa (Justice League, Aquaman, See…) a publié une vidéo dans laquelle il dénonce le danger des déchets plastiques. « Les plastiques tuent notre planète… Il n’y a qu’une seule chose qui peut vraiment aider notre planète et la sauver, tant que nous recyclons, et c’est l’aluminium », a-t-il déclaré.
Pour prouver son engagement, la star a dit adieu à son ancienne vie et travaille actuellement en collaboration avec Ball Corporation pour une production de ligne d’eau en conserve. Il s’agit du fameux « Mananalu » qui ne manquera sans doute pas de faire sensation auprès des consommateurs. Le projet témoigne de la volonté de Jason Momoa à réagir face à cette menace qui pèse sur l’humanité et l’écologie.
Coca-Cola et PepsiCo prêtent aussi main-forte en repensant leur processus de production. Les deux marques envisagent même cette année de produire de l’eau conditionnée en aluminium. La gamme Liquid Death est un parfait exemple de canettes fabriquées d’une manière écologique, car son contenu provient de l’eau de montagne.
La technologie veut aussi assumer sa part de responsabilité dans la réduction de l’impact environnemental. En effet, la révolution de l’aluminium touche également Apple et son équipe avec le lancement des nouveaux iPad et montres écolos. La marque n’a pas hésité à mettre l’accent sur son dévouement dans l’utilisation de l’aluminium 100 % recyclé. L’an dernier, Apple a déjà pris l’initiative de concevoir les boîtiers des MacBook Air et Mac Mini avec des matériaux recyclés.
L’aluminium, une alternative écolo au plastique
Les déchets plastiques sont partout aujourd’hui et leur impact est davantage étendu. Plus de 900 tonnes de ces déchets atterrissent en effet dans les océans et menacent les espèces sous-marines. Bien qu’il existe des produits à base de plastiques recyclés, ils ne représentent cependant que 9 % seulement contrairement à l’aluminium dont 75 % sont recyclables d’après le groupe industriel Aluminium Association. Une canette en aluminium peut être encore réutilisée sans risques sanitaires tandis qu’un emballage de plastique recyclé peut se dégrader après chaque retouche.
Mais ce n’est pas tout, car en 2017, une publication dans la revue Science Advances a annoncé que 6,3 milliards sur 8,3 milliards de tonnes de plastiques aboutissent dans les décharges. Pour l’heure, les États-Unis se trouvent ainsi confrontés à un problème délicat depuis que la Chine a catégoriquement refusé les plastiques non recyclables en provenance du pays.
Le recyclage de l’aluminium peut alors se révéler avantageux pour réduire ces déchets. Sur l’aspect énergétique, il est plus économique d’utiliser un matériau recyclé plutôt que d’en créer un tout nouveau. Avec de l’aluminium recyclé, on économise environ 90 % de l’énergie indispensable à la fabrication d’un nouvel « alu ». Certes, ce matériau est obtenu suite à l’extraction de la bauxite, ce qui peut se révéler catastrophique pour l’environnement, mais ce procédé nécessite aussi une consommation accrue d’énergie, soit deux fois plus que la production d’un nouveau plastique.
Mais moins de plastique signifie plus d’aluminium
D’après l’Aluminium Association, les Américains jettent plus de 700 millions de dollars de canettes en aluminium dans les décharges. Le problème des plastiques sera donc résolu grâce à ce matériau écologique, mais cela pourrait cependant engendrer une autre conséquence : que faire avec les déchets en aluminium ? De même, reconnaître facilement un aluminium vierge d’un aluminium recyclé peut sembler moins évident lorsqu’on achète des bouteilles et canettes. De plus, quand bien même on multiplierait les efforts pour promouvoir ces nouveaux emballages écolos, ils finiront toujours dans les poubelles.
Une société de recherche énergétique, le Wood Mackenzie, a donné son point de vue concernant la guerre des bouteilles d’eau. Elle estime que même si l’aluminium reste beaucoup plus cher que le plastique, on l’utilise tout de même pour offrir aux boissons une longue durée de conservation. Ce qui pourrait expliquer l’engouement des futurs consommateurs pour ce type d’emballage.
De plus, le matériau ne va pas uniquement trôner dans l’industrie des boissons, mais il prendra aussi le contrôle de l’univers électronique. Dans ce sens, Apple a déjà pris une longueur d’avance en utilisant de l’aluminium 100 % recyclé, mais sans pour autant aboutir à un résultat flagrant sur son empreinte écologique. Le rapport sur la responsabilité environnementale a en effet démontré qu’en 2017, le poids de l’aluminium dans l’augmentation de son impact environnemental, soit un quart de son empreinte carbone, est issu de la fabrication. Puis l’année suivante, l’entreprise a fait une annonce concernant ses progrès pour la réduction de 45 % des émissions d’aluminium dans ses produits.
Rien ne peut prouver la véracité des processus d’Apple. Cependant, Lepawsky, professeur à l’université Memorial, s’appuie sur le paradoxe de Jevons expliquant que lorsqu’un matériau parait efficace pour son énergie, on a souvent tendance à l’exploiter de façon abusive. Ce sera exactement pareil avec l’aluminium, ce qui occasionnera davantage de déchets.
Cependant, la demande a tout de même connu une baisse depuis 2018 en raison des conflits commerciaux entre la Chine et les États-Unis. Cette demande touchait particulièrement les industries automobiles ainsi que la construction. Mais comme l’industrie de la conserve prendra bientôt le pouvoir du marché, il est fort probable que cette demande s’accroisse.
L’utilisation de l’aluminium recyclé doit être accompagnée d’un grand changement tant en comportements qu’en mode de consommation. Il pourra alors sauver notre planète si on fabrique des produits à partir des matériaux recyclés plutôt qu’avec des matériaux neufs. Cela peut aussi fonctionner si on se soucie davantage des déchets générés plutôt que du type de bouteilles que l’on achète. Il reste aussi à se demander quels pourraient être les impacts environnementaux quand tous ces produits arriveront en fin de vie. Enfin, Lepawsky veut mettre en lumière une autre vérité : « La quantité de pollution et de déchets qui se produit du côté de la fabrication est extrêmement supérieure au poids des matériaux dont les consommateurs se débarrassent, au total, après avoir cessé d’utiliser leurs appareils. »
Bref, on ne peut certainement pas se passer des emballages pour éviter le gaspillage alimentaire ou pour prévenir la prolifération des maladies. Il faut juste repenser le matériau de fabrication en se tournant vers l’aluminium recyclé.