Figure emblématique de la Première Guerre mondiale, Mata Hari est une femme à l’histoire controversée. Connue pour avoir été condamnée pour espionnage, beaucoup de mystères entourent cependant la véritable histoire de cette femme fatale victime de la Grande Guerre. Des mythes à la réalité, voici l’histoire de Mata Hari.
Cela fait plus d’un siècle que Mata Hari a été exécutée par un peloton d’exécution français, après avoir été reconnue coupable d’espionnage pour le compte de l’Allemagne. Autrement dit, cela fait plus de cent ans que la légende et le mystère entourant cette danseuse et courtisane néerlandaise perdurent. Figure emblématique de la Première Guerre mondiale, Mata Hari est en effet un personnage largement connu de l’histoire, mais aussi de la culture populaire. Ayant fait l’objet de plus de 250 biographies, romans, films et reportages en tout genre, l’histoire de Mata Hari continue de fasciner le monde.
Une vie ponctuée de drames et de pertes
Il existe de nombreuses versions du récit de la vie de ce personnage, et comme on peut s’y attendre, certains l’ont décrit comme l’archétype de la femme fatale sans morale, tandis que d’autres ont choisi d’embellir son histoire. Nombreux sont également ceux qui affirment qu’elle n’était pas une espionne, mais un simple sujet de commérages, et donc une victime des conspirations induites par la guerre. Mais, quelle que soit la manière dont elle a été décrite, on s’accorde généralement sur un point : Mata Hari était une incarnation unique – presque mythique – du sexe, du glamour, de l’intrigue et du danger.
Son histoire commence aux Pays-Bas, en 1876, sous le nom de Margaretha Geertruida Zelle. Née dans une famille aisée, Mata Hari a eu une enfance dorée. Cependant, sa famille a fait faillite en 1889, et sa mère est décédée deux ans après. Suite à ces drames, la jeune fille est allée vivre avec son parrain afin de suivre une formation d’assistante maternelle. Malheureusement, un scandale l’a poussée à quitter l’école, et elle a de nouveau déménagé pour aller vivre chez son oncle. C’est en vivant chez ce dernier qu’elle rencontrera son mari, Rudolph John MacLeod, âgé de 38 ans, alors qu’elle n’avait elle-même que 18 ans.
Son mari étant un officier de l’armée coloniale dans les Indes orientales néerlandaises, le couple a passé la majeure partie de leur vie commune en Inde néerlandaise, où ils ont vécu une vie assez difficile ponctuée par la pauvreté et l’isolement. De plus, l’officier MacLeod était connu pour être un personnage peu accommodant et grossier. Malgré cela, le couple a eu deux enfants, mais ces derniers sont malheureusement décédés suite à un empoisonnement. Toutes ces difficultés et ces drames ont finalement eu raison de leur vie conjugale, et ils ont décidé de se séparer en 1902.
L’âge d’or de Mata Hari en tant que danseuse exotique
Par la suite, ce n’est qu’en 1905 que le divorce est prononcé, et c’est également à cette époque que Mata Hari a décidé de partir pour la France. C’est notamment à Paris qu’elle s’est fait connaître comme interprète de danses d’inspiration asiatique. Elle a rapidement commencé à faire des tournées dans toute l’Europe, et elle aussi commencé à raconter des histoires qui n’étaient pas vraiment les siennes. Elle a notamment raconté qu’elle est née dans un temple sacré indien et a appris des danses anciennes grâce à une prêtresse qui lui a donné le nom de Mata Hari, ce qui signifie « œil du jour » en malais.
Son talent pour la danse lui a permis d’avoir une belle carrière qui a duré dix ans. Mais elle a fini par se faire devancer par des imitateurs plus jeunes et plus sportifs. Quoi qu’il en soit, avec sa grande beauté ainsi que l’image glamour et sensuelle qu’elle a su se créer, mais aussi ses talents en langues étrangères, Mata Hari est devenue une courtisane célèbre auprès des riches et de hauts fonctionnaires dans les capitales européennes. Et avec le début de la Grande Guerre, son catalogue d’amants a commencé à inclure des officiers militaires de haut rang de diverses nationalités.
Une carrière d’espionne qui aura finalement duré moins d’une année
En effet, grâce à la neutralité de son pays, elle a relativement eu une assez grande liberté dans ses voyages et ainsi, dans le choix de ses amants. Assez rapidement, ses voyages et son style de vie ont commencé à attirer l’attention, et de nombreuses rumeurs ont commencé à circuler à son sujet. Ces rumeurs sont notamment arrivées aux oreilles des services de renseignement britanniques et français, qui ont décidé de la mettre sous surveillance. Grâce à sa situation, Mata Hari a finalement été recrutée, à l’âge de 40 ans, pour une mission d’espionnage pour le compte de Georges Ladoux, un capitaine de l’armée française.
Les services de renseignement français pensaient que ses contacts courtisans seraient utiles à son opération de renseignement. Elle a accepté la mission pour soutenir son amant russe, Vladimir de Masloff, qui a été envoyé au front et qui s’y est blessé. Dans le cadre de ses opérations, Mata Hari a également été approchée par des responsables allemands qui lui ont également proposé des missions d’espionnage. Si Mata Hari a toujours affirmé qu’elle a effectivement empoché l’argent donné par les Allemands, elle n’a jamais effectué ce qui lui avait été demandé. Elle a ainsi été soupçonnée d’être un agent double.
La vérité sur ce sujet ne sera sans doute jamais connue, mais le fait est qu’en février 1917, elle a été accusée d’espionnage pour le compte de l’Allemagne, un méfait qui aurait causé la mort d’au moins 50 000 soldats. En attendant son procès, elle a été envoyée à la prison Saint-Lazare, à Paris. Lors d’un procès militaire mené au mois de juillet, Mata Hari a été jugée pour avoir révélé des détails sur les nouvelles armes des Alliés. Elle a été reconnue coupable et condamnée à mort. Son exécution a eu lieu le 15 octobre 1917, et cela a été marqué par le fait que Mata Hari a refusé un bandeau sur les yeux, un dernier acte de rébellion pour clamer jusqu’à la fin son innocence. C’est ainsi qu’est décédée Mata Hari à l’âge de 41 ans.
Pour aller plus loin, découvrez également 9 autres espionnes qui ont sacrifié leur vie pour leur pays.