Lorsqu’elle apprend la mort de son mari sur le front russe en 1941, Maria Oktiabrskaïa n’a plus qu’une idée en tête : anéantir les nazis par tous les moyens. Le profond désir de vengeance qui l’anime va notamment la pousser à s’offrir un char d’assaut et à participer activement aux combats.
UNE FEMME « HÉROS DE GUERRE »
Lorsque l’Allemagne nazie rompt le pacte de non-agression germano-soviétique en 1941, chaque citoyen russe est alors appelé à participer à « La Grande Guerre Patriotique », comme aiment à l’appeler les dirigeants de l’URSS. Et c’est dans le cadre de ce conflit que l’intrépide Maria Oktiabrskaïa va s’illustrer.
On estime qu’environ 800 000 femmes soviétiques ont servi au sein de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale. Si la plupart d’entre elles étaient incorporées aux bataillons antiaériens postés légèrement en retrait des lignes de front, d’autres choisissaient de se retrouver au cœur de l’action.
Bien que la plupart de soldats soviétiques ne soient pas spécialement enchantés par l’arrivée de femmes sur les champs de bataille, une certaine Maria Oktiabrskaïa ne va pas tarder à faire taire les plus sceptiques d’entre eux.
Née dans une modeste famille de paysans de Crimée en 1905, Oktiabrskaïa embrasse très tôt les idéaux défendus par les responsables de la Révolution russe et se révèle être une fervente communiste.
Quelques années plus tard, elle épouse un officier de l’armée russe et commence à s’intéresser de près aux affaires militaires. Elle s’implique notamment dans l’armée des femmes et suit une formation d’infirmière. Durant cette période, elle apprend également à utiliser des armes et à conduire des véhicules.
Lorsque son mari est tué par l’armée nazie lors de l’assaut de Kiev, elle décide de vendre l’ensemble de ses biens et achète un char T-34, qu’elle surnomme « Fighting Girlfriend ». Plutôt que de céder l’engin à l’armée soviétique, elle adresse une longue lettre à Joseph Staline afin de s’assurer qu’elle pourra le piloter sur le champ de bataille.
Dans celle-ci, elle déclare notamment : « Mon mari mort au combat a toujours défendu sa patrie. Je souhaite combattre ces chiens fascistes pour venger sa mort et celles des nombreux soviétiques qu’ils ont torturés ».
« JE SOUHAITE COMBATTRE CES CHIENS FASCISTES POUR VENGER SA MORT ET CELLE DES NOMBREUX SOVIÉTIQUES QU’ILS ONT TORTURÉS »
STALINE LUI DONNE RAPIDEMENT SON APPROBATION
Staline ne tarde pas à lui donner son approbation, réalisant probablement que l’histoire d’une femme soviétique loyale prête à se battre jusqu’à la mort pour venger celle de son époux constituerait une excellente publicité pour le régime communiste.
Au terme d’une éprouvante formation de cinq mois, Maria Oktiabrskaïa et son char d’assaut T-34 rejoignent la 16e Brigade des chars de garde en 1943. Si la plupart de ses camarades masculins voient son arrivée comme une vaste plaisanterie, ceux-ci ne vont pas tarder à changer d’avis.
Lors de la première bataille de chars à laquelle elle participe en octobre 1943, Oktiabrskaïa fait des ravages dans les rangs allemands aux commandes de son T-34. « Fighting Girlfriend » est le premier engin soviétique à percer les lignes ennemies et détruit une grande partie de l’artillerie dont disposent les nazis.
Loin de voir son désir de vengeance terni par l’expérience sanglante du combat en conditions réelles, Maria Oktiabrskaïa adresse une longue lettre à sa sœur où elle raconte ses folles aventures : « Aujourd’hui c’était mon baptême du feu et j’ai anéanti beaucoup de ces salauds. J’étais parfois tellement énervée que j’avais toutes les peines du monde à reprendre mon souffle ».
« AUJOURD’HUI C’ÉTAIT MON BAPTÊME DU FEU ET J’AI ANÉANTI BEAUCOUP DE CES SALAUDS »
Malheureusement, la frénésie vengeresse d’Oktiabrskaïa va brusquement s’arrêter en janvier 1944. Alors qu’elle tente de détruire une position ennemie, son char d’assaut reçoit un coup critique et la soviétique décide de désobéir aux ordres de ses supérieurs en quittant son engin pour le réparer.
Alors qu’elle tente de réparer son T-34 sous un feu ennemi nourri, elle est violemment frappée par des éclats d’obus. Elle reste dans le coma pendant deux mois et succombe finalement à ses blessures le 15 mars 1944. Pour l’ensemble de ses actes courageux, elle se voit décerner à titre posthume le grade de Héros, plus haut titre honorifique et degré suprême de distinction de l’Union soviétique.