La nature nous étonnera toujours. Lorsqu’on prend le temps de l’observer, il arrive qu’on soit témoin de comportements pour le moins déconcertants. C’est ce qui est arrivé sur des îles sub-antarctiques, sur l’île Marion, à des scientifiques qui ont observé des otaries à fourrure subantarctiques forniquer… avec des manchots royaux !
Les actes sexuels entre des mammifères de différentes espèces constituent un fait connu des scientifiques. Mais en règle générale, les espèces sont proches. Parmi ces mammifères, les phoques, les loutres et les otaries à fourrure sont connus pour copuler avec des animaux biologiquement différents. Mais l’équipe de recherches, menée par William A. Haddad et Bruyn en Antarctique, n’a pas caché sa surprise quand elle a observé des rapports sexuels entre des manchots et des otaries.
Dans un compte-rendu de leur étude, publié sur le Journal de l’éthologie, ils expliquent n’avoir jamais eu connaissance d’un tel comportement : aucun mammifère n’avait franchi le « cap des vertébrés ».
Le premier cas observé fut en décembre 2006, sur la plage Trypo en Subantarctique. Un jeune mâle otarie a été vu affaissé sur un manchot qu’il tentait visiblement de pénétrer. Pendant 45 minutes, l’otarie a alterné mouvements et siestes. Le choc est d’autant plus grand que l’otarie de 100 kilos s’est emparée du petit manchot sans son consentement, et que ce dernier tentait en vain de se libérer.
L’incident s’est reproduit trois fois à quelque temps d’intervalle. Les trois premières fois, les otaries ont laissé repartir les manchots, mais dans le dernier cas, l’otarie a tué sa proie avant de la manger…
Les scientifiques ont tenté de comprendre les causes d’un tel comportement. L’agression prédatrice des otaries envers les manchots n’a rien de nouveau. Il arrive régulièrement qu’elles les tuent puis les mangent. Non seulement ces rapports sexuels sont inhabituels, mais en plus leur nombre augmente.
CE COMPORTEMENT PEUT ÊTRE EXPLIQUÉ PAR UNE FRUSTRATION SEXUELLE
Selon les experts, les otaries à fourrure subantarctiques atteignent la majorité sexuelle entre 3 et 4 ans. A cet âge, ce que nous appelons des « agressions sexuelles » sont communes chez cette espèce, notamment pendant les périodes de reproduction. L’excitation des mâles est inévitable et naturelle, et les mène à avoir un comportement sexuel anormal, comme celui-là.
La plupart des mâles otaries qui agissent ainsi sont de jeunes adultes, parfois inexpérimentés sexuellement. Ces actes sexuels ont été observés durant la fin des périodes de reproduction, période de poussée d’hormones pour les jeunes adultes. On pourrait donc expliquer ce comportement par une frustration sexuelle des jeunes mâles.
On peut aussi voir cet acte comme partant d’une pulsion de prédateur. Selon des biologistes et des comportementaux, le développement de l’instinct de chasse et celui du comportement sexuel sont très étroitement liés. L’instinct prédateur évolue en même temps que l’instinct de reproduction. On peut imaginer que l’excitation d’une sorte de jeu agressif se soit transformée en excitation sexuelle.
La multiplication des actes a elle aussi une explication plausible. Selon les scientifiques, avoir un acte sexuel avec un manchot pourrait être un comportement d’imitation. « Les otaries ont une capacité à apprendre, on le sait, de leur comportement alimentaire par exemple », explique le Dr Bruyn.
En définitive, les facteurs à l’origine de ces drôles de comportements sont nombreux. A la rédaction, on a eu de la peine pour ces pauvres manchots. La nature ne fait pas de cadeau ! Si vous êtes intéressé par la cause des manchots, découvrez comment un champ de mines a permis à une colonie de manchots de survivre aux actes barbares de l’Homme.