Un pionnier français récompensé pour ses travaux sur l’effet tunnel quantique et les ordinateurs du futur. Et si le monde ne fonctionnait pas toujours comme on le croit ? Le Nobel 2025 de physique met à l’honneur une découverte vertigineuse, aux frontières du réel. Michel Devoret, chercheur passionné, nous ouvre les portes d’une science qui bouscule et fascine.

Michel Devoret : « Depuis quatre jours, j’ai l’impression de vivre dans un univers parallèle »
Tout commence le 7 octobre 2025. Ce jour-là, au réveil, Michel Devoret pensait à une mauvaise blague. Il lui faudra un appel de sa fille pour y croire : le prix Nobel de physique venait de lui être attribué, partagé avec John Clarke et John Martinis.
Les trois chercheurs sont salués pour leurs travaux révolutionnaires sur la mécanique quantique macroscopique. Le Français, installé aux États-Unis, se retrouve ainsi sous les projecteurs, porte-voix de la science vivante, celle qui se remet sans cesse en question.
Interrogé sur France Inter, il confie alors : « La mission d’un lauréat du prix Nobel, c’est dès maintenant, d’aller parler de science et de la défendre. » Loin d’un trophée figé, le Nobel devient, pour lui, un appel à transmettre, surtout auprès des jeunes. Et derrière le choc de l’annonce, un vertige presque comique : « J’ai cru à une blague ». On imagine facilement la scène, un scientifique penché sur ses équations, dérangé par un appel qui change une vie.
Quand la particule s’évade : le mystère de l’effet tunnel
Mais alors, que récompense exactement ce Nobel ? Une idée fascinante et contre-intuitive : dans le monde quantique, une particule peut s’échapper d’un endroit où elle est pourtant censée être prisonnière. C’est l’effet tunnel. Imaginez une bille dans une boîte hermétique. Dans notre monde, elle reste là. Mais au niveau quantique ? Elle peut passer à travers les parois.
Autrement dit, ce que Michel Devoret et ses collègues ont démontré, c’est que cet effet peut aussi être observé à l’échelle macroscopique, sur de petits circuits électroniques supraconducteurs. Le genre de prouesse qui fait frissonner les physiciens et pourrait révolutionner la technologie.
Comme le résume joliment Alain Aspect (prix Nobel 2022), Devoret s’applique à faire grossir des objets quantiques artificiels, pour tester leurs limites et mieux comprendre leur comportement.
Vers des ordinateurs quantiques plus puissants et plus utiles
Alors, pourquoi c’est important ? Parce que ces circuits supraconducteurs, capables de manifester un comportement quantique, sont les briques de base des ordinateurs quantiques. Ces machines, encore balbutiantes, pourraient dépasser de très loin les capacités des ordinateurs classiques. Et pas seulement pour faire tourner Netflix plus vite.
Par exemple, en imagerie médicale, les promesses sont immenses. Alain Aspect évoque la capacité à reconstruire une image à partir d’un nombre gigantesque de données, chose que nos ordinateurs actuels peinent à faire. Le calcul quantique, en utilisant les bizarreries du monde subatomique, pourrait débloquer des diagnostics plus précis, plus rapides, plus sûrs. Ce n’est plus de la science-fiction. C’est ce qui se prépare dans les laboratoires d’aujourd’hui.
Une science en mouvement, à transmettre et questionner
Enfin, ce qui frappe, dans le discours de Michel Devoret, c’est son refus de la science figée. Il veut montrer que la physique n’est pas un musée de formules, mais un champ d’exploration permanent. Pour lui, la quête scientifique passe autant par l’expérimentation que par la transmission.
De plus, cette posture parle au grand public. On sent le désir d’expliquer sans simplifier à outrance, de faire ressentir l’étrangeté du monde quantique sans le trahir. Comme lorsqu’il évoque cette idée troublante : « Une loi de liberté empêche de confiner une particule. » C’est presque poétique. Et c’est profondément scientifique.
En résumé, Michel Devoret nous rappelle que la physique moderne est une aventure humaine, avec ses intuitions folles, ses confirmations laborieuses, ses éclairs de génie. Et qu’en osant rêver d’univers parallèles, on peut aussi changer le monde réel.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences physiques
Il aurait intéret a travaillé avec Jacques Vallée pour mieux comprendre cette réalité des mondes parallele, je sais que cela existe, mais j’en ai aucun controle, qu’on nous explique s’il vous plait?
Merci Pierre, après comme cela est de la physique quantique, je pense qu’il faudrait encore aller plus loin en lisant l’ensemble de ces travaux. Ici notre objectif était de mettre ce prix nobel en avant 🙂
Félicitations à Michel Devoret pour ce Nobel. Certes, il est né en France et incarne parfaitement la qualité de notre formation scientifique. Mais soyons honnêtes : ce n’est pas la France qui en tirera le prestige.
Certes, les honneurs sont personnels ok, mais le rayonnement c’est Yale pour la science, Google pour la technologie, Devoret pour l’histoire et, plus largement, les USA pour la vision. Rien pour nous. C’est là-bas qu’il a trouvé un écosystème où la recherche bénéficie encore de moyens, de liberté et d’ambition, tout ce qui fait souvent défaut chez nous. Encore une fois, la France forme des talents… que d’autres savent attirer et retenir. Et, je l’avoue, ça m’inspire autant de fierté que de tristesse.