Depuis quelques temps, un phénomène peu banal, qui intrigue beaucoup les chercheurs, a fait son apparition dans la réserve de Moremi Game au Botswana : des lionnes ”transgenres”. En effet, celles-ci ont développé une crinière, normalement caractéristique des mâles, ainsi que des comportements attribués aux mâles. Pour l’heure, 5 cas ont été signalés dans le parc. Les chercheurs tentent déterminer d’où leur vient cette spécificité depuis maintenant 2 ans.
Ces lionnes si particulières ayant tout à coup développé des comportements de mâles seraient en réalité atteintes d’une anomalie. Aucun changement sexuel n’est à déplorer, ces lionnes se sont simplement “masculinisées”, rendant la confusion avec leurs congénères masculins troublante. Elles adoptent des comportements de mâles, tels que le fait de marquer leur territoire, de rugir ou encore de “monter”, c’est-à-dire de s’accoupler sans procréation avec d’autres femelles.
Botswana lioness growing a mane! Also, taking a tranquilizing dart like a boss. https://t.co/P5tOi08SFD via @novapbs
— D Ringer (@deadringer_) 24 septembre 2016
Ce changement chez certaines lionnes de la réserve est d’autant plus visible chez l’une d’entre elles, SaF05, qui a été étudiée pendant deux ans par des chercheurs, dont Geoffrey D. Gilfillan de l’université Sussex, au Royaume-Uni. Celle-ci adopte des comportements masculins plus accentués que les autres lionnes atteintes de la même anomalie. Elle est également plus grande et plus épaisse que ses congénères. Même s’il arrive à ces lionnes de s’accoupler avec d’autres femelles, elles s’accouplent également avec des mâles.
Selon Luke Hunter, président de Panthera, une organisation pour la conservation mondiale des félins, cette anomalie serait due à une augmentation du taux de testostérone chez les lionnes, notamment au niveau de leurs ovaires. Cette augmentation de testostérone serait la cause directe de l’apparition de cette crinière. Un cas similaire a été déploré au National Zoological Gardens, situé en Afrique du Sud. Emma, une lionne du parc, avait également développé une crinière. Après avoir effectué des tests, les chercheurs ont remarqué un taux élevé de testostérone. A l’issue de ces examens, ses ovaires lui ont été retirés et Emma a retrouvé un comportement, ainsi qu’une apparence de femelle.
Cependant, cette augmentation de testostérone n’a pas été confirmée chez les lionnes de la réserve Moremi Game. Toutefois, l’examen de leur reproduction donne des pistes aux chercheurs. Selon Kathleen Alexander chercheuse à l’Université Virginia Tech (Institut polytechnique et université d’État) située en Virginie, aux États-Unis: « Aucune d’entre elles n’est tombée enceinte suggérant qu’elles sont stériles, une conséquence connue du haut niveau d’hormones mâles comme la testostérone chez les femelles », affirme-t-elle. Il est donc plus que probable que ce dérèglement hormonal soit la cause de ces changements.
La question génétique quant à ce taux élevé de testostérone se pose. Le fait que ces lionnes viennent toutes de la même région et du même parc a interpellé les chercheurs, et particulièrement Luke Hunter. Pour lui, ‘ »étant donné que toutes les femelles ont une crinière et qu’elles viennent toutes les cinq de la région de l’Okavango, il doit y avoir un facteur génétique dans cette population sous-jacent au phénomène ». Certains gènes, qui se seraient dégradés avec le temps, auraient causé l’augmentation de testostérone chez ces lionnes, créant cette anomalie.
Dans cette vidéo, vous pouvez voir une lionne avec une crinière :
Toutefois, ceci n’est qu’une hypothèse, des études sont nécessaires pour confirmer cette théorie. Des études pourraient être menées sur des chats domestiques, chez qui des faits similaires auraient été observés: « Je pense que des gènes masculins ont été observés chez des chats domestiques. Ce serait bien d’aller voir dans cette direction, surtout étant donné que le génome du chat est un bon modèle », affirme Hunter.
Ce léger dérèglement hormonal ne semble pas affecter ces lionnes, qui sont, semble-t-il, en excellente santé, bien qu’elles soient apparemment stériles. Toujours selon Luke Hunter: « Même si les femelles sont apparemment stériles, elles vont surement vivre longtemps et mener une vie pleine de santé. Dans une perspective de conservation, rien ne suggère que le phénomène va augmenter et ne sera jamais rien de plus qu’un phénomène local et rare ». Le phénomène pourrait donc s’étendre et dépasser les frontières du parc.
Ce changement est aussi bénéfique à ces lionnes, qui ont l’opportunité de s’affirmer par rapport aux lions de la tribu, pour qui elles représentent un avantage considérable, puisqu’elles pourraient repousser les éventuels concurrents en se faisant passer pour des mâles et chasser comme leurs congénères du sexe opposé. Même si cette différence a été dans un premier temps un motif de rejet pour leurs congénères – puisque ces lionnes étaient au départ exclues de leurs groupes – elles ont aujourd’hui réintégré leurs clans et s’intègrent progressivement auprès des leurs.
Nous sommes donc confrontés à un fait très rare chez les lionnes, qui de ce fait, s’imposent davantage dans leur clan en adoptant un comportement masculin. Si vous voulez en savoir plus sur les lions, découvrez leur système social.
Par Yasna Ahamada, le
Source: konbini
Étiquettes: comportements, rares, lionnes, testosternes, science, changement, femelles
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