Aux États-Unis, il existait une loi sur les soins abordables qui exigeait des employeurs qu’ils offrent une couverture gratuite pour le contrôle des naissances à leurs employés. Seulement, la Cour suprême a décidé le mercredi 08 juillet dernier de permettre désormais aux employeurs et institutions affiliées à des organisations religieuses de refuser de s’acquitter de cette obligation pour des motifs religieux ou moraux.
Des centaines de milliers de personnes pourraient être concernées
Désormais, les employeurs et les sociétés cotées en bourse pourront ainsi demander une dérogation à l’administration Trump pour ne pas fournir une assurance maladie couvrant le contrôle des naissances des employés pour des raisons relatives à leur religion ou à leur code moral. Idem pour les universités et les hôpitaux affiliés à des organismes religieux qui fournissent une assurance maladie aux étudiants et les organisations à but non lucratif qui peuvent invoquer des objections morales, rapporte Popular Science le vendredi 10 juillet 2020.
Cette décision a été décriée à plusieurs niveaux par les juges Ruth Bader Ginsburg et Sonia Sotomayor mais aussi par Debra Stulberg, la présidente du département de médecine familiale de l’université de Chicago. Selon Ginsburg, cette décision signifie qu’entre 70.500 et 126.400 personnes pourraient perdre leur accès à la contraception. Stulberg avertit quant à elle que cette décision aura des effets négatifs importants sur la santé des gens.
Les grossesses précoces sont dangereuses et mortelles
La présidente du département de médecine familiale explique effectivement que « le fait de ne pas avoir accès au contrôle des naissances expose plus de femmes à devenir enceintes avant qu’elles ne soient prêtes à devenir parents, lorsque leur état de santé les expose au danger ou lorsqu’elles n’ont pas les ressources financières nécessaires pour s’occuper d’un enfant ».
Des propos que confirment les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) qui rapportent qu’en 2011, 45 % des grossesses aux États-Unis étaient non désirées. En 2018, 658 femmes sont décédées aux États-Unis à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. En d’autres termes, les États-Unis accusent un taux de mortalité maternelle de 17,4 décès pour 100.000 naissances.
Des impacts sur la santé mentale et émotionnelle sont également à prévoir
Par ailleurs, la grossesse pourrait également entraîner d’énormes complications de santé, allant de l’infection des voies urinaires à la dépression ou à la pré-éclampsie. Ce qui amène Stulberg à déclarer :
De plus, selon Aparna Sridhar, professeur d’obstétrique et de gynécologie à la David Geffen School of Medicine de l’UCLA, il n’y a pas que la santé physique qui est en jeu, il y a aussi le bien-être émotionnel. Elle explique ainsi :
Des répercussions au-delà de la question de contraception
L’experte explique également qu’outre le fait de prévenir une grossesse non désirée, les méthodes de contraception telles que la pilule, l’implant, le vaccin ou le DIU hormonal permettent de traiter des problèmes comme les saignements anormaux, les douleurs menstruelles, l’acné, l’endométriose ou encore le syndrome des ovaires polykystiques.
Elle déplore ainsi qu’« il y a tellement d’autres avantages pour les méthodes hormonales. Avec cette décision, nous faisons non seulement du tort aux femmes qui tentent d’éviter une grossesse non désirée mais aussi à un ensemble plus large de personnes qui dépendent de ce contrôle des naissances pour d’autres raisons de santé. »
Cette décision met particulièrement en danger les jeunes et les personnes de couleur
Par ailleurs, l’experte est particulièrement inquiète des répercussions de cette décision sur les personnes ayant déjà les taux les plus élevés de grossesses non désirées comme les personnes à faible revenu ou les jeunes ayant entre 18 et 24 ans ou encore les personnes de couleur.
D’après Stulberg, « aux États-Unis, la majorité des gens contractent leur assurance auprès de leur employeur, si votre assurance ne la couvre pas, cela signifie essentiellement qu’elle est hors de portée, ma préoccupation est que cette décision amènera tout employeur qui ne veut pas couvrir la contraception pour une raison quelconque à invoquer une raison morale et se retirer ».
Et malheureusement, dans ses propres investigations, l’experte a découvert que de nombreux responsables des ressources humaines de grandes entreprises étaient soulagés de ne plus avoir à négocier avec les compagnies d’assurance pour savoir si elles fournissaient ou non cette couverture contraceptive.
Or, selon Stulberg et Sridhar, la couverture contraceptive est plus importante encore en cette période de pandémie de coronavirus pour assurer la tranquillité d’esprit aux employés et ne pas leur faire supporter une préoccupation en plus du stress économique actuel engendré par l’augmentation du taux de chômage aux États-Unis.
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Popsci
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