Depuis des années, les chercheurs se demandent si les étranges traces visibles à la surface de la planète rouge sont dues à de l’eau liquide ou à la poussière. Selon ces nouveaux travaux, la véritable réponse pourrait impliquer les deux.
Un processus en deux étapes
Les changements dans la géographie martienne sont suivis de près par les scientifiques, avec l’espoir d’identifier des signes de la présence d’eau liquide et donc de possible vie. Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Science Advances, des scientifiques du SETI ont proposé une version actualisée de la théorie concernant la formation des mystérieuses lignes de pente récurrente (RSL) de la planète rouge, identifiées à l’origine par le Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). Celle-ci implique une combinaison de glace d’eau et de sel, juste sous la surface martienne.
Selon Janice Bishop, qui a supervisé les recherches, un processus en deux étapes intervient. Dans un premier temps, la glace d’eau souterraine se mélange à une combinaison de sels de chlore et de sulfate pour créer un type de boue capable de déstabiliser le régolithe martien en surface. Le vent sec et les tempêtes de poussière entrent ensuite en jeu et déplacent la matière déstabilisée, ce qui se traduit par l’apparition de nouveaux motifs, ou lignes.
Bien que ce ne soit pas la première fois que des travaux suggèrent le rôle des sels de chlore dans la formation des RSL, cette théorie est aujourd’hui étoffée par des analyses menées sur le terrain et en laboratoire.
Il est actuellement impossible de mener des expériences directement sur la planète rouge pour la confirmer, mais notre planète abrite plusieurs analogues de Mars, notamment la mer Morte en Israël, le Salar de Pajonales dans le désert d’Atacama et les Vallées sèches en Antarctique (dont les sols possèdent une géologie et une température remarquablement similaires à celles trouvées sur Mars par le MRO). Les expériences y ayant été menées ont montré qu’une déstabilisation similaire de la surface intervenait lorsque le sel interagissait avec le gypse, un type de sulfate.
Des expériences révélatrices ayant conduit à la formation d’un nouveau modèle géologique
Ces recherches ont été suivies d’un travail en laboratoire, au cours duquel l’équipe a soumis le régolithe analogue à Mars à des tests utilisant des indicateurs colorés montrant comment celui-ci réagissait lorsqu’il était soumis au même type de réactions chimiques que celles observées en Antarctique. L’utilisation de ces différentes données a abouti à un modèle géologique impliquant des sulfates, des chlorures et de l’eau, capable d’expliquer la formation des RSL vues à la surface de Mars.
Capable de creuser plus profondément la surface martienne que ses prédécesseurs, le rover Rosalind Franklin, dont le lancement est prévu en 2022, pourrait être en mesure de confirmer définitivement la présente théorie. Selon les scientifiques, le modèle obtenu possède également des implications quant à l’habitabilité de la surface de Mars et la façon dont la présence de cette boue pourrait affecter les éventuelles biosphères de la planète rouge.
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
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