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L’IA appauvrit notre intelligence sans bruit, et même les plus brillants tombent dans le piège sans s’alarmer

Elle est là, partout, dans nos poches, nos ordis, nos idées. On l’ouvre pour réfléchir, on l’utilise pour écrire. On ne voit plus le moment où l’on pense sans elle. Et pourtant… chaque usage automatique rogne un peu plus notre vigilance mentale. Sans alarme. Sans bruit.

Jeune homme isolé, enlacé par une figure virtuelle près d’un ordinateur portable
L’IA semble nous réconforter, mais renforce parfois la solitude : une scène qui illustre l’ambivalence des liens numériques dans nos vies. – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Des chercheurs prouvent que notre cerveau travaille moins dès que l’IA nous aide à écrire

Elle est là, partout, dans nos poches, nos ordis, nos idées. On l’ouvre pour réfléchir, on l’utilise pour écrire. On ne voit plus le moment où l’on pense sans elle. Et pourtant… chaque usage automatique rogne un peu plus notre vigilance mentale. Sans alarme. Sans bruit.

Des chercheurs prouvent que notre cerveau travaille moins dès que l’IA nous aide à écrire

C’est presque invisible. On ouvre ChatGPT, on pose une question, on lit la réponse… et notre cerveau ne fait plus grand-chose. C’est précisément ce qu’ont observé des chercheurs du MIT en analysant l’activité cérébrale de volontaires rédigeant un texte, avec ou sans aide. Résultat : plus l’assistance était présente, plus le cerveau se « reposait ». Moins de mémoire mobilisée, moins de connexions activées, moins d’engagement cognitif. Un peu comme si notre pensée se mettait sur pilote automatique.

Le plus troublant ? Les participants ne se souvenaient plus vraiment de ce qu’ils avaient écrit avec l’IA. L’impression de maîtrise chutait drastiquement, comme si le texte ne leur appartenait pas. Et ce n’est pas qu’une affaire de paresse. En réalité, c’est le processus même de la construction intellectuelle qui se déconnecte.

Ce que nous externalisons sans réfléchir : l’écriture, l’analyse, la structuration des idées

Ce n’est pas nouveau d’utiliser des outils pour penser. D’ailleurs, Socrate craignait déjà que l’écriture affaiblisse la mémoire. Aujourd’hui, avec l’IA, on franchit un cap : on ne note plus, on fait écrire. Et cela change tout.

C’est ce que les chercheurs appellent le « déchargement cognitif« . En effet, on transfère à la machine des fonctions qu’on gérait seul : construire une argumentation, résumer un texte, comparer des idées. Le problème, ce n’est pas de le faire une fois. C’est de le faire systématiquement, sans même s’en rendre compte.

Par ailleurs, Michael Gerlich, un chercheur européen, a montré que les utilisateurs d’IA livrés à eux-mêmes produisent des raisonnements plus faibles. Moins de logique, moins de profondeur. Et le plus ironique ? Même ceux qui pensent avoir un esprit critique solide tombent dans le panneau.

Le piège de la facilité : quand l’IA efface l’effort et l’appropriation de la pensée

Je l’ai testé moi-même. Un jour, j’ai voulu écrire un papier d’opinion. D’habitude, je prends des notes, je réfléchis à mes idées, je construis mes arguments. Pourtant, cette fois, j’ai utilisé l’IA pour « gagner du temps ». Elle a tout fait. Et moi ? J’ai validé.

Le texte était fluide, mais je n’étais plus dedans. Plus d’engagement, plus de nuances personnelles. J’avais l’impression de lire un autre moi, un peu plus lisse, un peu plus fade. Et ce jour-là, j’ai compris ce que les chercheurs voulaient dire : l’IA ne vole pas notre intelligence, elle la met en veille.

Ainsi, si l’on ne fait rien, cette routine devient une norme. Un réflexe. Pourquoi faire l’effort, quand la machine propose une réponse immédiate et « bonne » ? Dès lors, nous entrons dans une dépendance douce, mais réelle.

Ce que l’intelligence augmentée exige : méthode, esprit critique, et volonté de réfléchir soi-même

Tout n’est pas noir. En effet, dans l’étude de Gerlich, les participants encadrés dans leur usage de l’IA conservaient un raisonnement riche. La clé ? Un protocole en cinq étapes : penser soi-même d’abord, chercher ensuite, confronter, discuter, puis revoir. Autrement dit, ne pas laisser l’IA démarrer le raisonnement à notre place.

C’est ce qu’on appelle l’“intelligence augmentée” : l’humain reste le chef d’orchestre, la machine est un instrument. L’outil est là pour illustrer, jamais pour penser à notre place.

Alors oui, il va falloir apprendre à penser avec les IA, pas grâce à elles. Cela demande un apprentissage, une hygiène mentale, presque une discipline. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car si l’on abandonne notre esprit critique, l’IA ne nous remplace pas. Elle nous affadit.

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