La musique est souvent considérée comme un marqueur de son époque. Des chercheurs ont pris cette pensée à la lettre et ont démontré que la musique était un indicateur très fiable pour remonter l’Histoire de nos origines à travers l’évolution de l’espèce humaine. DGS vous explique cette découverte.
En anthropologie et en archéologie, l’ADN est un outil très prisé pour connaître les origines ethniques et régionales des corps retrouvés lors de fouilles. D’autres éléments culturels sont également utilisés pour les recherches dans ce grand arbre généalogique à échelle planétaire et historique, notamment le langage, dont les nombreux embranchements ont permis de mieux connaître nos ancêtres.
Des chercheurs de l’Université canadienne McCaster, à Hamilton, ont publié une étude qui vient ajouter un nouvel outil pour permettre de mieux comprendre l’Histoire de l’humanité à travers les siècles : la musique. L’étude, publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B, s’est concentrée autour de 9 ethnies qui vivent depuis plusieurs siècles sur l’île de Taïwan.
Il existe quatorze ethnies différentes à Taïwan, qui disposent toutes de leur propre musique, développée sur des bases communes, mais comportant des différences sensibles. Ce sont ces différences que les chercheurs ont étudié, notamment grâce à plusieurs études d’ethnomusicologues à propos de la musique de ces tribus. L’équipe avait la volonté de mettre en lien la génétique de ces différentes ethnies et leurs musiques respectives. Il faut dire que les points communs sont déjà présents : tout comme l’ADN de ces différents peuples, leur musique part de la même base et s’est petit à petit altérée à travers les époques, l’éloignement et le métissage.
Ils ont ainsi analysé plus de 200 chansons traditionnelles grâce à deux logiciels spécialisés et en décomposant ces chansons selon 41 critères qui allaient du tempo, du rythme, des paroles à la mélodie. Les scientifiques avaient également à leur disposition 1050 séquences d’ADN de ces hommes et femmes taïwanais. Les résultats ont été tout à fait probants : il y a bel et bien une corrélation entre la génétique et la musique.
Ce qu’il faut en conclure est que les historiens et anthropologues pourraient ainsi utiliser les différences musicales entre les ethnies et les peuples pour mieux remonter dans le temps et connaître l’évolution de ces tribus à travers les âges, tout comme ils utilisent l’étude des langages. Une information cruciale compte tenu du fait que l’île de Taïwan a été un centre de migration important à une certaine époque et que c’est de là que la plupart des langues austronésiennes sont originaires.
Cette étude est hyper intéressante ! Au bureau, beaucoup sont passionnés de musique et ce sujet a vraiment éveillé leur curiosité. Ils imaginent déjà les historiens du futur étudier les différents courants musicaux actuels pour décrypter notre époque… Auriez-vous imaginé que la musique puisse jouer un rôle aussi important dans l’étude de nos civilisations ?
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Futura-Sciences