Grâce au télescope James-Webb, les astronomes lèvent le voile sur les jeunes galaxies en pleine formation. Fusions spectaculaires, gaz instables et naissances frénétiques d’étoiles : l’Univers d’il y a 13 milliards d’années ressemblait davantage à une discothèque en fusion qu’à un ballet céleste bien ordonné.

Le passé mouvementé des galaxies se confirme enfin grâce au James-Webb
C’est difficile à croire, mais notre Voie lactée, aujourd’hui paisible spirale, fut jadis un véritable chaos cosmique. Et pourtant, c’est ce que confirme le télescope spatial James-Webb (JWST). En scrutant les profondeurs de l’Univers, il a révélé des galaxies vieilles de plus de 12 milliards d’années.
Les données, récemment publiées par une équipe de l’université de Cambridge, montrent des structures jeunes, agglomérées, instables. Le gaz y circule dans tous les sens. Les fusions sont fréquentes. Les étoiles naissent en masse. Contrairement aux idées reçues, ces galaxies ne ressemblaient pas à des disques bien rangés. Non, leur début fut bien plus chaotique.
Une méthode d’analyse inédite pour un regard plus juste sur l’Univers jeune
Alors, qu’est-ce qui change ? D’abord, le nombre. Les chercheurs ont étudié plus de 250 galaxies, et non pas deux ou trois comme auparavant. Toutes datent d’une époque où l’Univers avait entre 800 millions et 1,5 milliard d’années. Cette ampleur d’analyse change tout.
« On découvre que les premières galaxies étaient bien plus turbulentes et moins stables que prévu », explique Sandro Tacchella, astrophysicien. Ce désordre originel pourrait expliquer la forme et la stabilité actuelles des grandes galaxies. Des collisions, des vents stellaires, des flambées d’étoiles… En somme, un champ de bataille cosmique.
Le mode grism de la NIRCam : un outil pensé pour l’alignement devenu révélateur
Fait amusant : une partie de ces résultats provient d’un outil conçu à l’origine pour autre chose. Le mode « grism » de la NIRCam, un système de prismes à réseau, servait d’abord à aligner les miroirs du télescope. Mais les ingénieurs ont réalisé qu’il pouvait faire bien plus.
Aujourd’hui, il permet d’obtenir des spectres détaillés de dizaines de galaxies d’un seul coup. Grâce à ça, les astronomes peuvent étudier les mouvements internes, la composition chimique et même la vitesse des vents galactiques. Un outil secondaire devenu essentiel.
Ces galaxies primitives nous aident à mieux comprendre notre propre histoire
Mais pourquoi observer ces galaxies lointaines ? Parce qu’elles racontent notre histoire. Elles sont des versions primitives de ce que nous sommes devenus. En les comprenant, on comprend notre propre origine.
Les fusions, les instabilités, les tempêtes stellaires… Tous ces phénomènes ont probablement façonné notre Voie lactée. Le James-Webb ne fait pas que photographier le passé. Il nous tend un miroir. Un miroir sur ce que fut, il y a très longtemps, notre coin d’Univers.
Par Eric Rafidiarimanana, le