Il aura suffi d’un petit os de la gorge, longtemps ignoré des paléontologues, pour faire basculer l’un des plus vieux débats de la paléontologie. Le Nanotyrannus n’est pas un jeune Tyrannosaurus rex, mais une espèce distincte à part entière. Un verdict inattendu qui réécrit l’histoire des dinosaures.

Pourquoi les scientifiques ont longtemps cru que le Nanotyrannus était un jeune Tyrannosaure
Depuis des décennies, les scientifiques se disputaient pour savoir si le fameux Nanotyrannus, ce dinosaure prédateur de taille moyenne, était simplement un jeune Tyrannosaurus rex ou une espèce distincte. Une sorte d’adolescent en pleine crise de croissance ou un vrai carnivore à part entière ? Le doute planait. En effet, les fossiles retrouvés jusqu’ici ne permettaient pas de trancher avec certitude.
Cependant, une équipe dirigée par le professeur Christopher Griffin de l’université de Princeton est allée fouiller dans un endroit pour le moins inattendu : la gorge du dinosaure. Plus précisément, ils se sont intéressés à l’os hyoïde, un petit os souvent oublié. Celui-ci est difficile à préserver et rarement étudié.
De plus, cette confusion persistait à cause de similitudes troublantes. En effet, la structure des dents, la forme du crâne et certaines proportions corporelles évoquaient fortement un T. rex en pleine croissance. Or, les jeunes tyrannosaures étant rares dans les archives fossiles, chaque nouveau spécimen était intégré à leur cycle de développement supposé.
Comment un os de la gorge a permis de dater précisément la maturité du dinosaure
C’est ici que l’histoire devient fascinante. Grâce à l’histologie osseuse, une technique d’analyse de la microstructure du tissu osseux, les chercheurs ont observé des lignes de croissance caractéristiques des os matures. Par conséquent, ce détail prouve que le spécimen n’était pas un jeune T. rex, mais un individu presque adulte.
Encore plus surprenant : cet os de la gorge, rarement utilisé dans ce genre d’analyse, s’est révélé d’une précision remarquable. En effet, les chercheurs l’ont comparé avec les hyoïdes d’autres dinosaures. De surcroît, ils ont aussi inclus des espèces modernes comme les autruches, les alligators ou les lézards. Ainsi, une méthode inédite, appelée à être réutilisée, est née.
Ce que le fossile de Jane nous apprend sur l’écosystème du Crétacé supérieur
Le fossile en question n’est pas n’importe lequel. En effet, il s’agit de l’holotype, c’est-à-dire le tout premier spécimen décrit de l’espèce Nanotyrannus. Connu sous le nom de « Jane », il est conservé au musée d’histoire naturelle de Cleveland. Ce dinosaure mesurait un peu plus de 5 mètres, bien loin des 12 mètres du T. rex. Pourtant, son âge avancé montre qu’il n’allait pas grandir davantage.
Dès lors, cette confirmation change la donne. Elle valide l’existence d’une seconde espèce de tyrannosaure cohabitant à la même époque que le roi des dinosaures. Par extension, cela pose de nouvelles questions écologiques. Comment deux grands prédateurs ont-ils pu partager le même territoire ? Avaient-ils des régimes alimentaires différents ? Des stratégies de chasse distinctes ? Ou encore, des niches écologiques bien séparées ?
Une découverte qui pourrait relancer la recherche sur d’autres espèces mal classifiées
Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est qu’un petit os ignoré a pu apporter une réponse claire à une question complexe. Ainsi, cela prouve que même en paléontologie, discipline ancienne, de nouvelles techniques peuvent tout changer. De plus, cela relance l’intérêt pour des espèces longtemps restées dans l’ombre.
Aujourd’hui, le Nanotyrannus entre dans le cercle restreint des grands carnivores de la fin du Crétacé. Il possède sa propre identité, son propre rôle, et peut-être même encore des secrets. De quoi raviver les passions. Et peut-être pousser les musées à réexaminer certains de leurs fossiles sous un nouveau regard.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Numerama
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