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Le mystère des Néandertaliens se dévoile au Portugal : empreintes figées dans le sable il y a 80 000 ans

Sous les falaises balayées par le vent de l’Algarve, les marées n’ont pas effacé tous les secrets. Au contraire, elles en révèlent parfois. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs en 2025, en mettant au jour des empreintes de Néandertaliens vieilles de près de 80 000 ans. Une trouvaille exceptionnelle en Europe occidentale, à la fois par sa rareté et par la précision du moment de vie qu’elle raconte.

Empreintes de pas dans le sable à l’intérieur d’une grotte ouvrant sur une plage au coucher du soleil.
Des traces de pas laissées dans le sable d’une grotte côtière, éclairée par la lumière dorée du soir – DailyGeekShow / Image Illustration

Monte Clérigo et Telheiro : deux sites côtiers portugais qui révèlent une scène oubliée de la Préhistoire

Sur les hauteurs de la plage de Monte Clérigo, une équipe internationale dirigée par le géologue Carlos Neto de Carvalho a identifié 26 empreintes humaines dans des couches de sable pétrifié. Ces traces, datées de 78 000 ans, apparaissent en plusieurs pistes distinctes, préservées dans des dunes fossilisées appelées éolianites. Plus au sud, à Praia do Telheiro, une autre empreinte isolée, datant de 82 000 ans, vient compléter le tableau.

L’originalité de ces découvertes tient autant à leur ancienneté qu’à leur localisation littorale. Jusqu’ici, les Néandertaliens étaient surtout étudiés à l’intérieur des terres. Ici, pour la première fois, on observe leurs déplacements sur un rivage atlantique, ce qui suppose une adaptation fine à un environnement mouvant, humide et escarpé.

Un enfant trébuche, un adulte ralentit : les empreintes racontent la vie en direct

Certaines traces ne mesurent que 11 centimètres. D’autres sont plus larges, plus profondes. On y distingue un pas qui glisse, un corps qui monte à la peine, une pause dans la progression. L’analyse par modélisation 3D et photogrammétrie permet de reconstituer avec finesse l’instant : un groupe d’humains, un homme, un enfant, un tout-petit – traverse une dune humide.

À quelques mètres, les empreintes d’un cervidé croisent leur trajectoire. Rencontre fortuite ou poursuite ? On ne le saura jamais. Mais la scène est saisissante. On imagine le vent, l’effort, peut-être la fatigue ou l’attention portée à un enfant encore trop jeune pour marcher d’un pas assuré. Ces traces sont uniques : elles ne décrivent pas une époque, elles enregistrent une action. Elles ne parlent pas de ce que les Néandertaliens étaient, mais de ce qu’ils faisaient – là, à ce moment précis.

Un patrimoine fragile et précieux qui redonne une voix aux premiers Européens

Contrairement aux os ou aux outils, les empreintes humaines sont extrêmement rares. Elles nécessitent des conditions de conservation exceptionnelles : un sol humide, un enfouissement rapide, puis une fossilisation sans perturbation. L’Algarve offre cet équilibre improbable, grâce à ses pentes et à l’alternance des tempêtes et des ensablements.

Pour les chercheurs, ces traces constituent un témoignage direct, presque intime, de la vie des Néandertaliens. Elles prouvent qu’ils fréquentaient les rivages, qu’ils se déplaçaient en groupes intergénérationnels, et qu’ils savaient composer avec un monde instable. Ces découvertes viennent enrichir le portrait d’une humanité complexe, mobile, résiliente, bien loin des caricatures de l’homme des cavernes figé dans la pierre.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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  • Waouhhh ! Incroyable ! En plus il avait des chaussans de peaux et son canidé qui le suivais à ses côtés !!
    Merci Thank you merci a vous et à Tous