
Au départ, c’était le rêve ultime : maîtriser l’énergie du Soleil pour alimenter la Terre. Vingt ans plus tard, ITER cumule retards, surcoûts et désillusions. Que s’est-il passé ? Et surtout, que peut-on encore en attendre ?
ITER : un rêve scientifique transformé en gouffre financier à répétition
Au cœur du sud de la France, à Saint-Paul-lez-Durance, s’élève un chantier colossal : ITER, acronyme de « Réacteur thermonucléaire expérimental international ». Son ambition ? Reproduire la fusion nucléaire, cette réaction qui fait briller le Soleil, pour générer une énergie propre, abondante et (théoriquement) sans déchet.
Mais voilà : le rêve scientifique tourne au cauchemar logistique et budgétaire. Le projet affiche au moins huit ans de retard. La production du premier plasma, initialement prévue pour 2025, glisse à 2033. Et côté finances, la note grimpe : les dirigeants demandent 5 milliards d’euros de plus, en plus des 20 à 40 milliards déjà engagés – une fourchette floue car les contributions prennent souvent la forme de matériaux, d’ingénierie ou de composants.
Des défauts de fabrication découverts en 2022 sur des éléments clés ont provoqué ces retards. Depuis, les équipes revoient l’ensemble du calendrier. Pietro Barabaschi, directeur général d’ITER, défend cette révision : il préfère « faire les choses bien, avec plus d’attention aux risques ». Pourtant, les doutes s’installent.
Fusion nucléaire : une promesse énergétique qui peine à se matérialiser
Techniquement, la fusion ne ressemble pas à la fission des centrales actuelles. Ici, deux noyaux d’hydrogène fusionnent pour produire de l’énergie, sans générer de déchets hautement radioactifs. L’idée fascine : une énergie quasi infinie, sans CO₂, ni risque d’explosion nucléaire. Mais la réalité s’avère plus complexe.
La fusion réclame des conditions extrêmes : 150 millions de degrés, un confinement magnétique ultra-stable, et des matériaux capables de résister à des bombardements de particules. ITER veut démontrer que tout cela est réalisable. Pour l’instant, le projet montre surtout que c’est long. Et très coûteux.
Autre paradoxe : malgré son image verte, la fusion utilise des métaux rares, produit des déchets radioactifs, et consomme d’énormes quantités d’énergie avant d’en restituer. Difficile, dans ce contexte, de la présenter comme une solution rapide face à l’urgence climatique.
Que peut-on encore espérer d’ITER face à l’émergence des start-up de la fusion ?

Pour l’instant, le projet reste sur les rails. Les pays membres – UE, États-Unis, Chine, Inde, Japon, Corée, Russie – valident le nouveau calendrier. Cependant, ils n’ont pas encore accordé les 5 milliards d’euros supplémentaires. Le conseil d’administration tranchera probablement en novembre.
Pendant ce temps, des start-up privées accélèrent sur des concepts plus compacts, plus rapides. En Italie, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, certains prototypes ont déjà produit leurs premiers résultats. ITER risque-t-il d’arriver trop tard ?
Pietro Barabaschi le reconnaît : il souhaite impliquer davantage le secteur privé. Et il invite à ne pas tout miser sur la fusion. « Elle jouera un rôle un jour, mais nous devons aussi développer d’autres sources d’énergie », affirme-t-il.
ITER peut-il encore rallumer la flamme du rêve énergétique mondial ?
ITER est à un tournant. Pour certains, c’est un puits sans fond. Pour d’autres, c’est un passage obligé, un immense laboratoire mondial qui nous rapproche de l’énergie des étoiles.
Alors, faut-il encore y croire ? Peut-être. À condition de garder les pieds sur Terre. Et de ne pas oublier les solutions énergétiques déjà à notre portée. Car si la fusion représente un pari sur demain, le climat, lui, ne peut pas attendre 2036.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Actualités
Qu’il y est eu des erreurs commises, ayant entrainé surcoûts et délais, est une évidence. Est une évidence également l’intérêt du projet,, apte à résoudre les problèmes énergétiques pour tous les pays.
Côté budget, ce programme international est financé par tous les pays qui ont adhéré, la France n’aura donc çà faire face qu’à sa part.
De nombreux pays travaillent sus ce sujet, en particulier pour créer le plasma, avec quelques succès, mais les durées de maintien sont encore courtes, et surtout le bilan énergétique demeure négatif : on produit moins de KW qu’il n’en faut pour créer le plasma. ITER doit précisément résoudre ce problème.
Les opposants traditionnels au nucléaire, jusqu’ici discrets sur la fusion à laquelle ils ne croyaient pas, commencent maintenant à donner de la voix, justement parce que ce grandiose projet pourrait aboutir.
Merci Vinet Yvon pour votre enrichissement et retour sur cette article.
Quand les poules auront des dents !
En dehors de l’investigation scientifique qui mérite qu’on s’y interesse il n’y a rien à attendre de positif de la part du nucléaire que ce soit dans les technologies de fission ou de celles de fusion
« certains prototypes ont déjà produit leurs premiers résultats. »
Du moment qu’il se passe quelque chose en réaction à une quelconque expérimentation on parle de résultat….!
Les rois du bluff !