D’après l’histoire de notre évolution, nous serions tous les descendants des lamproies, ces poissons sans mâchoire qui sucent le sang d’autres poissons et qui auraient même tué un roi ! SooCurious vous en dit plus sur ce fascinant poisson.
Les lamproies, ou Pétromyzontides, forment une classe de poissons sans mâchoires mobiles. Elles sont parfois considérées comme faisant partie de l’un des taxons de vertébrés vivants les plus anciens.
Vivant dans les zones tempérées, celles-ci ne disposent pas d’os : leur squelette est cartilagineux. Aussi, et c’est sans doute la caractéristique physique qui marque le plus chez la lamproie, sa bouche, en forme d’anneau ouvert en permanence, est rempli d’une multitudes de dents acérées !
Au Royaume-Uni, on compte trois espèces de lamproies : les lamproies de rivière, celles de ruisseau et enfin, celles de mer. Toutes trois passent leurs premières années sous forme de larve dans la boue et les limons des rivières. Puis, un peu comme des papillons, elles se métamorphosent.
840 ans avant que les Sex Pistols chante l’anarchie au Royaume-Uni, une crise dans la succession royale a conduit à près de 20 ans de guerre civile et de rébellion en Angleterre et en Normandie avant que tout ne soit contrôlé par la couronne anglaise.
Non loin des idées reçues sur la guerre et ses armes, le roi Henri Ier ne serait pas mort au combat mais à la suite d’un repas. En effet, et ce contre l’avis médical, le roi a mangé trop de lamproies. Après sa mort, les gens se sont battus pour le trône.
Giles Gasper, de l’université de Durham au Royaume-Uni, évoque que le seul récit de la mort du Roi Henri Ier qui mentionne les lamproies, a été écrit par un historien du 12e siècle qui n’était pas fan du roi défunt. Néanmoins, de nombreux écoliers ont pu apprendre les dangers d’un excès de lamproies .
L’expérience du roi Henri Ier n’a évidemment pas empêché les monarques suivants de manger du poisson. En effet, le poisson était considéré comme un aliment de choix pour la monarchie. Beaucoup de ses successeurs appréciaient notamment les lamproies.
Selon le Bestiaire, un recueil du 12e siècle consacré aux animaux, « les lamproies sont uniquement de sexe féminin et peuvent concevoir des rapports sexuels avec des serpents. Aussi, les pêcheurs les attirent souvent en imitant le sifflement d’un serpent. » Le Bestiaire met également en garde les futurs chasseurs de lamproies car elles sont difficiles à tuer :
« Vous avez besoin de les battre à plusieurs reprises à l’aide un bâton. La partie important d’une lamproie est sa queue. Quand elle est frappée à la tête, il est difficile de la tuer, mais quand elle est battue sur sa queue, elle meurt. »
Le penchant de Henry Ier pour la lamproie suggère que l’effort en valait la peine. Le poisson est très charnu, très calorique, selon Hume, et a été apprécié pour son goût. Cette qualité aurait fait des lamproies un complément utile à manger à la table médiévale.
Nous ne savons pas comment Henri Ier mangeait ses lamproies, car il n’y a pas de livres de cuisine de son règne. Cependant, les recettes qui ont suivi expliquent que les lamproies sont cuites dans leur propre sang avec de grandes quantités de vin.
Même les Romains semblaient avoir peur de ces fascinants poissons. L’orateur Vedius Pollion aurait gardé des étangs d’immenses lamproies tueuses, et les nourrissait en leur jetant un esclave occasionnellement. Pourtant, même si certaines lamproies se fixent sur les personnes (et sont étonnamment difficiles à déloger), elles ne sucent que très rarement leur sang.
« Certaines personnes pensent que les lamproies ont des dents acérées », dit John Hume. Elles paraissent effrayantes mais cela leur permet simplement de s’accrocher à leur cible comme une ventouse.
La disparition de la lamproie autrefois abondante dans les rivières britanniques, est probablement liée à la révolution industrielle, dit Hume.
La lamproie est encore au coeur de la monarchie d’aujourd’hui. La reine Elizabeth II a reçu une tarte à la lamproie de Gloucester pour marquer son couronnement. Cependant, en 2012, les lamproies dans les rivières de Gloucester étaient rares. Les lamproies ont dû être importées de l’étranger pour remplir la tarte.
Les écologistes expliquent que les lamproies servent à maintenir la « santé » des rivières. Les biologistes évolutionnistes ont découvert que les lamproies sont cruciales dans l’histoire de la vie. Les lamproies ont été parmi les premiers animaux à colonne vertébrale à évoluer, de sorte que ces poissons portent des indices importants sur nos origines ultimes.
Les chercheurs médicaux étudient les lamproies, qui ont une remarquable capacité à se guérir, même après de graves lésions nerveuses : une capacité qui pourrait offrir un moyen de guérir les blessures de la moelle épinière.
Ces poissons primitifs ont existé sous une forme pratiquement inchangée pendant très longtemps. Les fossiles de lamproies qui ressemblent à des espèces modernes remontent à 360 millions d’années. Mais cela ne signifie pas que nos ancêtres étaient des lamproies. En effet, il s’agit d’une descendance commune avec un ancêtre lointain, il y a peut-être un demi-milliard d’années.
Cela signifie que, lorsqu’on étudie l’évolution, les lamproies sont un peu comme les chimpanzés modernes. Les deux espèces peuvent nous en dire un peu plus sur nos ancêtres, mais ni les lamproies ni les chimpanzés sont sur notre ligne d’évolution directe.
Les lamproies sont aptes à traiter des quantités excessives de fer, un élément clé du sang. Cela pourrait les rendre utiles pour les chercheurs en quête de traitements pour l’hémochromatose, une condition qui laisse les gens incapables de contrôler la quantité de fer qu’ils absorbent de leur nourriture.
De même, leur salive contient des protéines qui servent d’anticoagulants et permettent d’élargir les vaisseaux sanguins. Les deux propriétés pourraient se révéler utiles.
Enfin, les lamproies ont une extraordinaire puissance de régénération. Une lamproie peut faire une récupération quasi complète après avoir sa moelle épinière complètement coupée – une capacité dont rêveraient les personnes paralysées. « Ces animaux font quelque chose que nous aimerions savoir faire », dit – Ona Bloom de l’Institut Feinstein pour la recherche médicale à New York.
Les lamproies peuvent régénérer des parties de leur corps, comme les salamandres et certains lézards, dit Bloom. « Y a-t-il un ensemble de chevauchement des gènes que certaines espèces peuvent utiliser pour favoriser la régénération ? » Si tel est le cas, cela pourrait montrer la voie à une technologie de déclenchement de la régénération chez les mammifères, y compris les êtres humains.
Le génome de la lamproie a été séquencé en 2013, et il a révélé de nombreuses similitudes surprenantes entre leurs gènes et les nôtres. « Beaucoup de ces mêmes familles de gènes sont présentes chez les lamproies et chez l’homme », dit Bloom. « Le domaine qui contient de nombreux gènes conservés est le système nerveux. »
En conséquence, Bloom espère que la recherche sur la régénération de la lamproie pourrait fournir quelques indications sur la façon de favoriser la régénération chez les autres animaux. Finalement, les lamproies sont scientifiquement importantes malgré leur physique apeurant au premier abord.
Ces poissons nous fascinent dans par leur histoire, que leur apparence effrayante ! C’est réellement impressionnant de voir comment ces animaux ont marqué les temps et captivent aujourd’hui encore l’attention des scientifiques. Si vous avez aimé découvrir la lamproie, alors n’hésitez pas à découvrir la fourmi-panda, cet adorable chilien à la piqûre extrêmement venimeuse.
Par Alexandra Collet, le
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