En Australie, la douceur des koalas fait souvent l’unanimité chez les touristes. Pourtant, derrière cette nonchalance apparente, se cache une maladie très douloureuse et mortelle : la chlamydia. Cette maladie sexuellement transmissible, qui touche une dizaine de milliers de marsupiaux, est une réelle menace pour la conservation de ces somptueux animaux. Pour la survie de l’espèce, le professeur David Wilson a proposé une idée qui suscite la controverse : euthanasier les plus gravement atteints.
Selon David Wilson, professeur de maladies infectieuses à l’Institut Burnet à Melbourne, « environ la moitié des koalas sont infectés par la chlamydia en Australie ». Et « pour les petites populations de koalas, il arrive que la majorité soit infectée, parfois jusqu’à 80 % ». La maladie touche aussi bien les mâles que les femelles et les bébés.
Chez les koalas, les effets sont particulièrement dévastateurs : perte de la vue, infertilité et surtout, une infection appelée « queue sale ». « La queue sale est vraiment terrible, explique Wilson. L’appareil urinaire est enflammé et gonfle, c’est incroyablement douloureux. Jusqu’au moment où il cesse de fonctionner. Cette maladie a tué énormément de koalas. »
Les koalas ont déjà dû faire face à des épreuves difficiles dans le passé. Au début du XXe siècle, 8 millions d’entre eux ont été tués par des chasseurs pour le commerce de leur fourrure. De nos jours, ils sont victimes d’attaques de chiens, d’accidents de voiture et bien sûr, de la déforestation. Cependant, selon Wilson, « la maladie est très certainement la raison la plus importante du déclin de l’espèce ». Et cela ne concerne pas que la chlamydia. En effet, beaucoup de koalas sont aussi infectés par un rétrovirus similaire au VIH, ce qui aggrave les effets de l’infection bactérienne.
« Il faut les prendre en charge très tôt, dit Wilson. Il faudrait qu’on ait d’importants moyens pour s’en occuper à l’hôpital, mais cela demande beaucoup de ressources, que nous n’avons pas. »
Pour la conservation de l’espèce, il proposa une stratégie alternative qui suscita la controverse. « La population est en déclin. Ma suggestion est donc la suivante : paradoxalement, pour faire augmenter la population de koalas, il faudrait en tuer quelques-uns. […] Ils se transmettent mutuellement la chlamydia et beaucoup d’entre eux ne peuvent pas être sauvés. Ces koalas souffrent beaucoup, et s’il n’est pas possible de les soigner à temps, le mieux serait de les euthanasier. » Selon le professeur, cette stratégie pourrait aider la population de koalas à rebondir en 5 à 10 ans.
Un espoir est que la piste pour combattre la chlamydia se trouve dans le génome du koala. Au dernier décompte, les chercheurs ont identifié environ 12 000 gènes de koalas, et on pense qu’il pourrait y en avoir 20 000 au total. Un gène particulier a particulièrement attiré leur attention, l’IFN-g. Selon les chercheurs, ce gène est le « Saint Graal » dans la compréhension du système immunitaire du koala, et donc, une arme importante pour la lutte contre la maladie.
Cette découverte devrait ouvrir les portes à beaucoup d’autres, selon le professeur Timms. Il est possible que ces recherches aident à développer le vaccin contre la chlamydia, qui est déjà en développement.
« La maladie en phase terminale est difficile à arrêter, mais si nous la détectons dès le début, il y a plus de chance de l’arrêter. Jusqu’à présent, notre équipe a fait huit tests dont six en laboratoires et deux dans leur environnement naturel. Les résultats semblent prometteurs. » Le vaccin a réussi à réduire l’infection chez les animaux, et même, à arrêter la progression de la maladie.
En définitive, selon ces chercheurs, la cause des koalas n’est pas perdue. Les recherches permettent de prévenir et peut-être même de soigner la maladie quand elle n’est pas à un stade trop avancé. Cependant, comme l’a souligné le Dr Wilson, les koalas infectés trop sévèrement n’ont aucune chance. Et s’il propose de les éliminer, c’est pour le bien de l’espèce. Si vous aimez les koalas, découvrez cette adorable photographie d’un bébé koala qui refuse de se séparer de sa maman alors qu’elle se fait opérer.