Il vous est déjà probablement arrivé de vous demander le sens de vos rêves. Certains prétendent même faire des rêves prémonitoires. Mais sommes-nous véritablement susceptibles de prédire l’avenir ? Dans le courant du XXe siècle, plusieurs personnages se sont sérieusement posé ces questions. D’ailleurs, un homme du nom de John Barker, un psychiatre de l’hôpital de Shelton, était sur le point de conclure sa théorie qui porte sur l’évitement d’évènements dramatiques en se référant aux prémonitions.
Qui est John Barker ?
John Barker est un psychiatre fondateur du Bureau des prémonitions, ou British Premonitions Bureau, en 1966 à l’âge de 42 ans. D’après les informations de The Guardian, ce psychiatre orthodoxe a étudié à l’université de Cambridge. Il a également reçu une formation au sein de la Saint George’s Medical School à Londres.
Barker était membre de la communauté de la Society for Physical Research de la Grande-Bretagne. Cette organisation fut établie en 1882. Sa vocation principale portait sur les enquêtes paranormales. Presque toutes ses recherches portaient sur les conditions mentales inhabituelles. En plus de cela, il s’intéressait à la question des précognitions qui touchaient certains patients. Ces derniers auraient été capables de deviner à l’avance ce qui allait leur arriver avant que leurs visions ne se produisent véritablement.
Un évènement fut à l’origine de la création du Bureau des prémonitions
Une catastrophe est survenue à Aberfan, un village du pays de Galles, au Royaume-Uni. Dans la matinée du 21 octobre 1966, un violent glissement de terrain s’est produit. La dislocation du terril numéro 7 a provoqué un énorme grondement. Malheureusement, l’équipe présente sur les lieux n’a pu émettre aucun signal de danger car les câbles téléphoniques venaient d’être volés. Après l’effondrement de la mine, des éboulements se sont ensuivis. Des déchets de charbon commencèrent à dévaler le flanc de la colline, en balayant ardemment tout ce qui se trouvait sur leur passage. La vague de terre a d’abord emporté le bétail et les troupeaux de moutons.
Un cottage qui abritait encore des personnes fut englouti dans le flux et personne n’en est sorti vivant. Par la suite, cette catastrophe a rasé une vingtaine de maisons avant de démanteler et submerger la Pantglas Junior School, une école du coin. Le bilan fut lourd car au total, Aberfan déplorera 144 morts. La majeure partie des victimes sont des enfants âgés de 7 à 10 ans, élèves de la Pantglas Junior School. On comptabilise alors plus précisément 116 écoliers. Cinq enseignants et d’autres habitants d’Aberfan y ont aussi laissé la vie au cours de cette tragédie. Le drame s’est déroulé en l’espace de moins de cinq minutes mais il est resté dans la mémoire des villageois et fait encore l’objet d’une commémoration.
Là où John Barker est entré en scène
Le périmètre fut bouclé après une telle calamité sauf pour les autorités compétentes dont John Barker qui était chargé d’accompagner les parents, les familles et les personnes qui auraient perdu un enfant ou un proche. Le lendemain du désastre, le 22 octobre 1966, il a débarqué à Aberfan dans sa Ford Zephyr de couleur vert foncé. Lors de ses interventions sur le terrain, il fut intrigué et marqué par des témoignages relatant de faits qui coïncidaient parfaitement avec la catastrophe.
Tout d’abord, il fut principalement stupéfié par une information qui activera le déclic chez lui. Selon des rumeurs, un enfant aurait dessiné de la boue en train de dégouliner sur l’école. Un petit garçon aurait fait part de son rêve à sa mère la veille de l’éboulement : « J’ai rêvé que j’allais à l’école et qu’il n’y avait pas d’école là-bas. Quelque chose de noir est tombé partout ! »
Barker reçoit de la mère de Paul Davies, un autre garçon décédé à l’école, des dires qui mentionnent un dessin fait par son fils aussi la veille du 21 octobre. Le dessin était marqué par le flanc de la colline du village où les termes « La Fin » étaient bels et bien inscrits. Barker a alors décidé de mettre en place une méthode peu ordinaire. Son idée fut de réunir toutes les précognitions liées au drame. Grâce à l’aide du rédacteur scientifique, il publie pour la première fois dans le journal Evening Standard, le 28 octobre 1966 : « Quelqu’un a-t-il eu une véritable prémonition avant que la pointe de charbon ne tombe sur Aberfan ? » En raison des réponses obtenues, il décide de créer le Bureau des prémonitions où les personnes souhaitant lui parler de leurs prémonitions pourraient pleinement s’exprimer.
Des retours inattendus
Depuis son annonce dans le journal, le Bureau des prémonitions a reçu plus de 75 appels. Les prémonitions furent aussi relatives les unes que les autres. Pour classer les rêves, John Barker avait dressé un système de notation pour un total de 11 points. Les critères étaient basés sur l’inutilité sur 5 points, l’exactitude sur 5 points et le timing sur 1 point. Sur 60 précognitions crédibles, 22 ont confirmé l’évènement du débordement de la mine. En 1967, le bureau a reçu 469 prédictions dont aucune ne s’est réalisée.
Un homme prédit avec exactitude le crash d’un avion un mois auparavant
Mais un rebondissement fortuit va encore plus chambarder les calculs de Barker, lui qui avait pour intention de se servir des futures visions prémonitoires pour éviter d’éventuels accidents dans l’avenir. Le 21 mars 1967, il reçoit un appel de la part d’un certain Alan Hencher, qui va lui faire part de ses anxiétés. Il lui a raconté qu’il voyait un avion transportant 124 passagers, en train de s’écraser et dont aucun ne survivrait.
Comme par hasard, un mois après la conversation, un avion turbopropulseur de GlobeAir a transporté 130 passagers. Censé se poser à Bâle, l’appareil parti de Bangkok fut obligé d’atterrir autre part en raison de fortes pluies. Le pilote, Michael Muller, décida alors de faire un atterrissage imprévu à Nicosie, à Chypre, malgré les intempéries. Mais l’atterrissage fut catastrophique. L’avion a cassé une aile sur le flanc d’une colline avant de s’écraser, se briser et prendre feu. Le journal Evening Standard a rapporté la mort de 124 personnes suite au crash de l’avion à Nicosie. Plus de doute pour Barker que le déroulement des faits avait beaucoup de similarités avec les allégations de Hencher. Les deux hommes ont toujours été en contact durant une certaine période.
Après la polémique sur le Bureau des prémonitions, John Baker est atteint d’une hémorragie cérébrale. Le 18 août 1968, John Barker est hospitalisé et meurt quelques jours plus tard. On a retrouvé une lettre d’Alan Hencher ainsi que celle d’une autre prémonitrice, Kathleen Lorna Middleton, mentionnant la prédiction de la mort de John Barker. Le Bureau des prémonitions ferma ses portes quelque temps après le décès de son fondateur.