C’est une question qui revient sans cesse dans les médias et que l’on a même pu nous poser : est-ce que les jeux vidéo rendent violent ? Cause souvent mise en avant lors d’attentats, le jeu vidéo continue de diviser et d’avoir une mauvaise image aux yeux du grand public. Pourtant, une lettre ouverte signée par 200 spécialistes à travers le monde tend à prouver que c’est un loisir comme les autres et qu’il ne rend pas violent. Un grand pas pour la défense du jeu vidéo.
Depuis quelques années, le jeu vidéo est victime d’une chasse aux sorcières, étant souvent cité comme raison principale derrière de terribles attentats comme la tuerie de Columbine. Tout cela car le responsable aimait les jeux violents et qu’il a utilisé l’une des armes présentes dans le jeu Doom. Un cas extrême que beaucoup peuvent voir en chaque joueur.
Pourtant, de nombreuses personnes aiment jouer à des jeux violents. Ils n’en sont pas pour autant violents dans la vie. Et les spécialistes ont tendance à oublier que la majorité des jeux ne sont pas violents. C’est ce que pensent 200 spécialistes (professeurs, chargés d’études, psychologues…) à travers le monde et qui ont répondu via une lettre ouverte à un rapport extrémiste publié par l’American Psychologic Association. Selon cette association, jeux vidéo et violence sont intimement liés. En s’appuyant sur des centaines de rapports réalisés entre 2005 et 2013, l’APA en conclut qu’il existe bien « une relation entre le fait de jouer à des jeux vidéo violents, l’augmentation des comportements agressifs et la diminution des comportements sociaux et de l’empathie ».
Le jeu vidéo serait donc un important facteur de risque poussant les joueurs à être violents hors d’un jeu. Ce à quoi a répondu le docteur Mark Coulsen, professeur de psychologie ayant signé la lettre ouverte, que le public est davantage exposé à la violence de nos jours, mais que rien ne prouve que ce sont les jeux vidéo qui en sont responsables. Il faut voir au-delà des idées reçues car si on s’y fie, jouer à Candy Crush peut pousser à la violence. Et comme il existe des films pour un public mature, il y a des jeux qu’il ne vaut mieux pas mettre dans les mains de mineurs.
Ce qui amène à un point important : le rôle du PEGI. PEGI est l’abréviation de Pan-European Game Information, un système européen qui classifie les jeux en fonction de leurs contenus. Langage grossier, violence, éléments effrayants ou contenus sexuels, tous ces détails sont signalés pour chaque jeu afin de mettre en garde le consommateur. Et pour définir à quel type de joueur un titre est destiné, le PEGI a mis en place les petits rectangles de couleur présents sur le coin inférieur gauche de chaque jeu.
Chaque rectangle comporte l’un de ces 5 chiffres : 3, 7, 12, 16 ou 18, correspondant à l’âge recommandé pour jouer. Aux Etats-Unis, il existe également un système de classification, l’Entertainment Software Rating Board ou ESRB. Celui-ci est d’ailleurs plus développé que le PEGI avec une classification par âge et un symbole informatif pour une trentaine de contenus choquants, allant de la violence animée à la représentation du tabac, l’humour grossier ou les carnages sanglants.
Cependant, une grande majorité de la population ne respecte pas ces derniers. La preuve la plus concrète est le fait que des parents offrent à un enfant de 10 ans un jeu avec un PEGI 16. Tous les jeux ne sont pas jouables par tous : ils sont classés pour protéger le public mais peu respectés. Au vu de cette absence d’utilisation de la classification, l’APA appelle notamment les parents à surveiller leurs enfants pendant qu’ils jouent. Une solution extrême selon le Dr Coulson qui voit en celle-ci une censure totale pour le joueur.
Au-delà du contenu, c’est également l’éducation et l’environnement qui jouent un rôle important dans la perception du jeu vidéo. On peut parfaitement jouer à Call of Duty et évoluer sans jamais utiliser la violence dans le monde réel. Mais aux Etats-Unis, où chacun peut se procurer une arme, où la violence est présente partout et où les jeunes sont exposés de plus en plus tôt à des images puissantes, il n’y a plus de frontière entre réel et virtuel. La lettre ouverte de ces 200 spécialistes est un pas en avant pour la défense du jeu vidéo, mais tant qu’il y aura des cas extrêmes pour la détruire, la question n’a pas fini d’être posée. Pensez-vous que les jeux vidéo sont incitateurs de violence ou croyez-vous que cela est une légende urbaine ?
Par Justine Manchuelle, le
Source: BBC