Lorsque son époux est injustement exécuté sur ordre du roi de France, Jeanne de Clisson, animée par un profond désir de vengeance, décide de prendre les armes. Au milieu du 14e siècle, cette femme pirate redoutable va écumer les eaux françaises à bord de son navire et semer la terreur partout où elle passera, ce qui lui vaudra le surnom de « Tigresse Bretonne ».
VENGEANCE ET PIRATERIE
Née vers 1300, Jeanne de Belleville est la seconde épouse d’Olivier IV de Clisson, un noble breton qui bataille pour le roi de France. Elle mène une existence paisible et confortable, jusqu’à ce que les guerres opposant l’Angleterre à la France n’éclatent, et que son mari soit accusé par le roi de France Philippe VI de haute trahison, puis condamné et décapité.
À la suite de la mort du duc de Bretagne en 1341, qui ne laisse derrière lui aucun héritier mâle, son royaume est convoité par Édouard III d’Angleterre et Philippe VI, en raison de sa position stratégique qui offrira un avantage déterminant à l’une des deux nations dans le cadre de la guerre de Cent Ans.
Olivier de Clisson s’est battu loyalement aux côtés de Charles de Blois, le nouveau duc de Bretagne, face à Jean de Montfort, son rival soutenu par les Anglais, mais de Blois le soupçonne de s’être rendu prématurément et volontairement aux Anglais lors du siège de Vannes en 1342.
À l’occasion d’un tournoi organisé à Paris, le roi Philippe VI ordonne la capture d’Olivier de Clisson, qui est ensuite condamné à mort pour haute trahison puis décapité aux Halles le 2 août 1343. Humiliation suprême : le corps du malheureux est pendu au gibet de Montfaucon et sa tête envoyée à Nantes pour être exhibée comme un vulgaire trophée au-dessus de la porte Sauve-Tout.
Dévastée par la mort de son mari qu’elle juge profondément injuste, Jeanne de Belleville jure de se venger du roi de France et de Charles de Blois par tous les moyens. Les terres de son mari ayant été confisquées, elle est contrainte de vendre de nombreux biens afin de réunir assez d’argent pour se constituer une véritable armée.
LORSQU’ELLE APPREND LA MORT DE SON ÉPOUX JEANNE DE BELLEVILLE JURE DE SE VENGER DU ROI DE FRANCE ET DE CHARLES DE BLOIS PAR TOUS LES MOYENS
Quelques jours plus tard, elle pénètre avec près de 400 hommes dans l’enceinte du Château-Thébaud, appartenant à Galois de la Heuse, un fidèle soutien de Charles de Blois, et y perpètre un véritable massacre. Tous les habitants du château (y compris les femmes, les enfants et les domestiques) sont froidement assassinés.
Au fil des semaines, les carnages se multiplient et l’armée de la « Tigresse Bretonne » anéantit méthodiquement tous ceux qui ont fait allégeance au royaume de France.
Philippe VI finit par envoyer ses troupes assiéger le château de Clisson, mais il est déjà trop tard. Jeanne de Belleville a fui la région et s’est offert trois navires de guerre (son navire amiral étant même baptisé « Ma Vengeance » ), qu’elle a peints en noir. Bien évidemment, elle a également recruté des pirates comptant parmi les plus sanguinaires de l’époque.
À partir de 1343, La « Flotte Noire » de Jeanne de Belleville écume la Manche et capture les navires du roi de France. La pirate vengeresse tue leur équipage, décapite à la hache les nobles qui ont le malheur de se trouver à bord et a pour habitude de laisser un ou deux marins en vie, afin qu’ils rendre compte au roi des scènes horribles auxquelles ils ont assisté.
LES NOBLES QUI ONT LE MALHEUR DE SE TROUVER À BORD DES NAVIRES ABORDÉS PAR LA FLOTTE NOIRE SONT DÉCAPITÉS À LA HACHE
Elle s’attaque en priorité aux bateaux de guerre et aux vaisseaux marchands, fait subir de lourdes pertes aux partisans de Charles de Blois et du roi de France, et n’hésite pas à tuer froidement tous les français qui tombent entre ses mains.
Lorsque le roi Philippe VI meurt en 1350, la Tigresse Bretonne reste fidèle à la Maison Montfort, soutenue par les Anglais. Elle abandonne finalement la piraterie en 1356 et épouse dans les mois qui suivent Sir Walter Bentley, l’un des fidèles lieutenants du roi Édouard III, avec qui elle coule des jours paisibles jusqu’à sa mort en 1359. Six ans plus tard, Jean III de Montfort est reconnu comme seul duc de Bretagne par le premier traité de Guérande, après avoir écrasé l’armée de Charles de Blois et tué son rival lors de la bataille d’Auray.
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La haine, la violence, le désir de vengeance, le tout au féminin, et des ravages sont faits : la « dame » trahit le serment de fidélité nobiliaire et chevaleresque de son défunt époux, change de camp et trahit son pays, justifiant ainsi rétroactivement par ses actions le meurtre de son époux pourtant lui-même innocent…
Il lui suffisait de tuer Charles de Blois, l’instigateur de tout son malheur, et « sa vengeance » était ainsi faite avec honneur, dignité et noblesse. Non, cette pirate n’est pas un modèle d’honneur et de noblesse féminine : c’est une brigande qui ne connaissait pas la responsabilité de son rang et qui de fait ne le méritait pas.
Effectivement on peut le voir comme ça . Trahison . Mais la première trahison vient bien du Roi Français qui a fait décapiter un de ses fidèles lieutenants. La suite des événements prouve bien que ce Roi a fait une grave erreur non seulement morale mais aussi stratégique dans le jeu des Alliances . , il a sous-estimé la force de cette veuve hors norme . Simplement il se serait comporté plus respectueusement avec ses alliés il n’y aurait pas eu ce phénomène en cascade qui a modifié le jeu des Alliances et le cours de l’histoire en sa défaveur . On peut juger Jeanne mais à l’origine la première erreur vient bien du Roi de France et de ses conseillers . Comme quoi il ne suffit pas de se servir des gens pour ensuite les jeter comme des moins que rien pour gouverner : il faut savoir les respecter comme les partenaires d’une équipe et les valoriser sinon un jour où l’autre on se prends le retour de manivelle … à bien méditer en politique : je pense à un certain dirigeant Français sans réelle éthique qui se sert des alliés puissants pour les utiliser et ensuite les oublier …
Attention à ne pas revisiter l’Histoire, la Bretagne était un État souverain convoitée par l’Angleterre et la France, et en Bretagne deux camps existaient qui se sont alliés aux deux pays en question. Jeanne n’a donc jamais trahit son pays (la Bretagne), mais c’est son allié de l’époque (la France) qui l’a trahis, et elle a donc choisis l’autre allié, mais toujours au service de son pays la Bretagne.