Il était un nom que l’on apprend dès les cours de SVT au collège, un pionnier de la biologie moderne, James Watson est mort à l’âge de 97 ans. C’est lui, avec son compère britannique Francis Crick, qui a percé le secret de la vie : la fameuse double hélice de l’ADN. Une avancée scientifique majeure, qui lui a valu le prix Nobel de médecine en 1962. Mais son héritage reste entaché par des déclarations polémiques qui l’ont mis à l’écart de la communauté scientifique.

Il a révolutionné la biologie en révélant la structure en double hélice de l’ADN
Tout commence par un retour de congrès. James Watson, jeune biologiste américain passionné par les oiseaux et les molécules, revient d’Italie où il a entendu parler d’un mystérieux acide : l’ADN. En avril 1953, il publie avec Francis Crick une courte note dans la revue Nature : une seule page, mais une révolution. Ils y décrivent pour la première fois la structure en double hélice de l’ADN, avec ses fameuses bases A-T et C-G qui s’apparient deux à deux.
Ce modèle, aussi simple qu’élégant, explique enfin comment l’information génétique se copie d’une cellule à l’autre. C’est toute la biologie moléculaire moderne qui prend racine dans cette intuition géniale. Un extrait d’une lettre de Crick à son fils résume l’impact : « Nous pensons avoir trouvé le mécanisme de copie de base qui fait naître la vie de la vie. »
Il a reçu le prix Nobel mais a ignoré le rôle crucial de Rosalind Franklin
En 1962, Watson reçoit le prix Nobel avec Crick et Maurice Wilkins. Mais une figure majeure manque à l’appel : Rosalind Franklin, dont les travaux de cristallographie ont permis de visualiser la forme de l’ADN. Watson lui a longtemps refusé le crédit qu’elle méritait, et ses remarques désobligeantes sur son apparence physique sont aujourd’hui unanimement condamnées.
L’affaire Franklin illustre une constante chez Watson : un génie provocateur, mais souvent désastreux dans ses prises de parole. Il ne se contente pas de froisser ; il choque, il divise.
Il a été exclu de la communauté scientifique après des propos racistes répétés
Tout bascule en 2007. Dans une interview au Sunday Times, Watson affirme que les Africains seraient moins intelligents que les Blancs. Tollé immédiat, excuses publiques, mais le mal est fait : il est suspendu de ses fonctions au Cold Spring Harbor Laboratory, où il travaillait depuis 40 ans.
Déjà en 1997, il avait déclenché une vive polémique en liant orientation sexuelle et avortement. Et en 2019, dans un documentaire, il persiste dans ses idées controversées. L’institut lui retire alors tous ses titres honorifiques.
Se sentant rejeté, il met sa médaille du Nobel aux enchères en 2014. Elle est achetée par un milliardaire russe, qui la lui rend par admiration. Une fin de parcours aussi triste qu’étrange.
Son héritage scientifique reste immense, malgré une image durablement abîmée
Aujourd’hui, la double hélice trône sur les affiches, les manuels, les murs des laboratoires. Elle symbolise le code de la vie, cette molécule qui nous relie tous. Watson a permis ce saut de géant pour la science.
Mais son parcours rappelle aussi que le savoir ne garantit ni l’humilité, ni la sagesse. L’histoire retiendra un génie précoce, un découvreur hors pair, mais aussi un homme incapable de se remettre en question.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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