De tous temps, les légendes urbaines et les histoires les plus folles ont alimenté les dialogues au coin du feu. Véritable repaire de brigands et bandits en tout genre, la ville de Londres a été le théâtre de tous les folklores au XIXe siècle. Parmi ces récits fantastiques, celui de Jack Talons-à-Ressort est un des plus marquants. Le DGS vous fait découvrir ce personnage qui a terrorisé l’Angleterre pendant près d’un demi-siècle.

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Cet homme mystérieux à l’apparence machiavélique, ayant sévi dans Londres et ses environs à l’époque victorienne, est caractérisé par sa soi-disant capacité à faire des sauts extraordinaires, d’où son surnom : Jack Talons-à-Ressort (Spring-Heeled Jack). Aperçu pour la première fois en 1837, cet agresseur caractérisé par ses sauts de géant et son rire sournois est décrit par ses prétendues victimes comme un homme grand et mince, aux traits diaboliques, avec des mains glacées et griffues, des yeux exorbités et étincelants, et une bouche crachant du feu. Devenu un élément de la culture populaire, il apparait dans de nombreuses oeuvres anglaises et pourrait même avoir inspiré le tueur en série Jack l’Éventreur.

DES TRAITS DIABOLIQUES, AVEC DES MAINS GLACÉES ET GRIFFUES, DES YEUX EXORBITÉS ET ÉTINCELANTS, ET UNE BOUCHE CRACHANT DU FEU

De nombreux récits font écho d’un homme qui terrorisait ses victimes sans pour autant les agresser physiquement, même si certains témoignages attestent du contraire. La première histoire pouvant être assimilée à cet homme remonte à 1837. Un homme d’affaires qui rentrait chez lui un soir après sa journée de travail a affirmé avoir été choqué en voyant un individu sauter sans difficulté les hautes grilles d’un cimetière. Aucune attaque n’a été signalée mais la description de l’homme dérange : musclé, traits diaboliques, des oreilles et un nez larges et pointus, et des yeux rougeoyants.

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Un dessin qui illustre le témoignage d’un homme d’affaires affirmant avoir vu Jack Talons-à-Ressort

« DES MAINS FROIDES ET MOITES COMME CELLES D’UN CADAVRE »

En octobre 1837, un autre témoignage est venu semer le trouble quant à cet être étrange. Une femme nommée Mary Stevens a déclaré qu’un individu lui avait sauté dessus dans une allée sombre. Après l’avoir immobilisée en lui tenant fermement les bras, il a embrassé son visage, tout en déchirant ses vêtements et en touchant sa peau de ses griffes qui étaient, selon sa déposition, « froides et moites comme celles d’un cadavre ». Sous l’effet de la panique, la jeune femme a hurlé, poussant son agresseur à prendre la fuite. De nombreux riverains se sont lancés dans une chasse à l’homme, mais leurs recherches sont restées vaines.

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Le lendemain, l’étrange homme sauteur a choisi une victime bien différente, toujours dans le secteur de la maison de Mary Stevens, inaugurant un mode opératoire qui se répétera les fois suivantes : il a bondi sur le passage d’une voiture, provoquant la perte de contrôle du véhicule par son conducteur, qui a entraîné un accident dans lequel il a été sévèrement blessé. Plusieurs témoins affirment que l’agresseur s’est enfui en sautant par-dessus un mur de 2,70 mètres de hauteur, en lançant un rire haut perché et retentissant. Peu à peu, les nouvelles au sujet de l’étrange personnage se sont répandues et bientôt, la presse et le public lui ont donné un nom : Jack Talons-à-Ressort.

Multipliant les agressions avec ce mode opératoire, une légende s’est formée autour de cet homme que personne ne parvenait à identifier ou attraper. Après que The Times en ait fait sa une en rapportant l’agression particulièrement violente d’une jeune fille, un dénommé Thomas Millbank s’est vanté d’être Jack Talons-à-Ressort, avant d’être arrêté puis jugé au tribunal. Il possédait une grande blouse blanche et un long manteau semblable à celui de l’agresseur. Cela ne l’a pas empêché d’échapper à la condamnation, la victime affirmant que son agresseur avait soufflé du feu, ce que Thomas Millbank était incapable de faire.

Londres à la fin du XIXe siècle
Londres à la fin du XIXe siècle
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Après l’incident, Jack Talons-à-Ressort est devenu l’un des personnages les plus populaires de l’époque. Les exploits qui lui étaient attribués ont été rapportés dans les journaux et sont devenus le thème de plusieurs revues bon marché. L’histoire a même été mise en scène et jouée dans les petits théâtres locaux qui abondaient alors dans la capitale anglaise. De nombreux faits similaires ont étés relatés jusqu’en 1904 dans plusieurs villes britanniques sans que personne n’arrive jamais à attraper ou identifier ce mystérieux farceur.

JACK TALONS-À-RESSORT EST DEVENU UN PERSONNAGE EMBLÉMATIQUE DU FOLKLORE BRITANNIQUE

Des chercheurs sceptiques ont qualifié les récits relatifs à Jack Talons-à-Ressort de phénomène d’hystérie collective ayant évolué au point de donner naissance à des récits de croque-mitaines ou de diables, tels qu’il en existe depuis des siècles. D’autres estiment qu’un individu a été à l’origine de ces apparitions, puis qu’il a été copié par des imitateurs. Au XIXe siècle, Jack Talons-à-Ressort n’était pas considéré comme un personnage surnaturel, mais plutôt comme une ou plusieurs personnes dotées d’un sens de l’humour plutôt macabre.

Cette histoire reste donc à ce jour un véritable mystère ayant traversé les époques sans jamais avoir été résolu. Si ce genre de phénomène paranormal vous intéresse, n’hésitez pas à découvrir ces 10 lieux mystérieux qui effraient nos voisins britanniques depuis des siècles.

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