Le Coq d’Or

Illustrateur de génie, Ivan Bilibine est connu pour ses dessins des contes de fées russes. Que cela soit Baba Yaga ou encore L’Oiseau de feu, ses illustrations sont imprégnées par le folklore russe.

Entre droit et art

Ivan Bilibine est né dans le petit village de Tarkhovo, près de Saint-Pétersbourg, un 4 août 1876. Issu d’une illustre famille russe, déjà mentionnée à l’époque d’Ivan le Terrible, rien ne destinait Ivan Bilibine à devenir illustrateur. En effet, Ivan commença sa vie par un parcours plutôt classique. Après avoir terminé ses études au Premier gymnasium classique de Saint-Pétersbourg, un lycée classique de grande renommée, le jeune Ivan débuta des études de droit. Il obtint même son diplôme de droit à l’Université impériale en 1900. Mais l’amour d’Ivan pour l’art le pousse à explorer d’autres mondes.

Effectivement, Ivan commence, en 1898, à étudier les arts du dessin et de la peinture. Il étudiera auprès d’Anton Ažbe, peintre réaliste slovène. Pour, après, passer trois ans à l’école des arts et de l’artisanat de la princesse Maria Klavdievna Tenicheva, connue en France sous le nom de princesse Tenicheff. Son professeur n’est autre qu’Ilia Répine, un peintre russe, qui a d’ailleurs enseigné à Philippe Maliavine, Valentin Serov et bien d’autres.

Illustration de L’Oiseau de feu

Le « style Bilibine »

C’est lors d’un séjour dans le village de Yogna, dans l’oblast de Tver, (400 km de Moscou) qu’Ivan Bilibine trouve son style si particulier. La nature qui l’entoure et l’atmosphère pittoresque lui inspirent ses premiers dessins de « style Bilibine », caractérisé par des traits noirs prononcés qui délimitent clairement les couleurs. D’ailleurs, Ivan Bilbine a développé un style ornemental fantaisiste avec une gamme limitée de couleurs qu’il fait ressortir avec de petites touches vives, jouant avec le contraste des tons froids et des tons chauds.

Il illustrera alors, à cette période, de nombreux contes de fées russes, comme L’Oiseau de feu, Le Loup gris, et Le Conte d’Ivan-Tsarévitch. Suivront quelque temps plus tard, La Princesse-Grenouille, Blanche Canette, Vassilissa-la-très-belle et de nombreux autres. Ivan Bilibine devient donc très vite l’illustrateur des contes russes, mais ses talents vont au-delà même du monde de l’édition. En effet, Bilibine est aussi un décorateur de théâtre et d’opéra.

Loubok russe du XVIIIe représentant Ilya Mouromets et le Rossignol-Brigand

Les nombreux voyages de Bilbine à travers la Russie n’auront de cesse de l’inspirer. D’ailleurs, il est envoyé par le département d’ethnographie du musée Alexandre III afin de rassembler des broderies, des louboks (estampes populaires gravées sur du bois) et des témoignages sur l’architecture traditionnelle russe. En plus de tout ceci, Ivan devient un fin connaisseur du folklore et des traditions russes. C’est sans aucun doute grâce à ses connaissances qu’il confectionne des décors et des costumes de théâtre, de ballet et d’opéra, comme l’opéra du Coq d’or. Non seulement en Russie, mais aussi dans le monde entier.

L’exil d’un artiste

Après la révolution russe de 1917, Ivan Bilibine quitte la Russie. L’artiste passera cinq ans en Égypte, au Caire puis à Alexandrie avant de partir pour la France. A cette époque, Ivan Bilibine n’arrête pas pour autant de dessiner et de créer. En effet, il dessine des costumes pour des opéras russes chantés par Chaliapine, ou illustre encore des livres pour enfants en français, comme le Conte du petit poisson d’or et Le Tapis volant. D’ailleurs, l’illustrateur considère ce dernier comme un des meilleurs contes des Mille et Une nuits. A cette même époque, Ivan Bilibine explore de nouveaux sujets. Effectivement, la nature prend de plus en plus de place dans son art. Tantôt au fusain, tantôt à la peinture à l’huile, Ivan s’essaiera au paysage, mais aussi au portrait.

llustration de Baba Yaga dans le conte Vassilissa-la-très-belle

Les années passant, l’artiste se réconcilie avec le pouvoir en place en URSS. Pourtant, Ivan Bilibine ne soutenait pas l’empire tsariste. Il avait d’ailleurs été arrêté en 1906 pour son implication dans un journal satirique, Joupel, et la réalisation de plusieurs caricatures. Cependant, son croquis d’un aigle à deux têtes a été choisi pour être le symbole de l’Empire russe en 1917. D’ailleurs, depuis 1992 la Banque centrale russe arbore un emblème similaire.

Il retourne donc en URSS en 1936, et s’installe à Leningrad où il enseignera à l’Académie pan-russe des Arts, tout en continuant ses illustrations et ses décors pour le théâtre. Ivan Bilibine décéda en 1942 pendant le blocus de Leningrad, alors qu’il se trouvait dans l’hôpital de son académie. Tout au long de sa vie, Ivan Bilibine a su révéler le folklore russe à travers ses illustrations de contes de fées, mais aussi à travers les décors de théâtre qui nous ont à jamais marqués.

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