Selon une étude scientifique, la population mondiale d’insectes est en voie de disparition. Les coléoptères figurent parmi les espèces les plus touchées et les populations démographiques chutent de manière constante et crescendo depuis plus de 30 ans. Plusieurs scientifiques ont notamment récemment avancé le danger d’un “effondrement catastrophique des écosystèmes naturels”. Explications.
Des chiffres vertigineux
C’est dans la rue scientifique mondiale Biological Conservation que le constat et la prévision alarmante ont été faits. Des scientifiques sérieux ont donc constaté que plus de 40 % des espèces d’insectes sont actuellement sur le déclin, et plus d’un tiers restant sont menacées. La situation s’empire également de jour en jour, jusqu’à atteindre un point potentiel où l’ensemble des insectes seront menacés.
Plus alarmant encore, cette extinction se déroulerait, à ce rythme, dans seulement 100 ans ! C’est dire la progression de la mortalité et du déclin de ces espèces à travers le globe. Leur taux de mortalité est notamment huit fois plus rapide que celui des mammifères, reptiles ou encore oiseaux en tout genre. On dénombre également que 2.5 % de la masse mondiale des insectes ont disparu au cours des 30 dernières années.
Alors, devant ce constat effarant, ces scientifiques ont décidé de prendre la plume et de rédiger un article pour le moins alarmant. Ils appellent largement à se remettre en question et à adopter des mesures d’urgence pour sauver toute cette partie de notre monde. Ils estiment que d’ici dix ans, il y aura un quart d’insectes en moins sur Terre, et dans 50 ans la moitié d’entre eux auront disparu ! Pour avancer de tels chiffres astronomiques, ils se sont basés sur des études réalisées en Europe et aux États-Unis. Le continent asiatique n’est pas en marge puisque également concerné par ce déclin démographique des insectes.
Un exemple frappant est Porto Rico. Depuis 35 ans, c’est 98 % des insectes qui ont tout bonnement disparu. Pourtant, ces individus ont un rôle majeur dans la stabilité de l’écosystème local. Mais en raison de leur nature fragile, conjuguée à un tas de facteurs néfastes de source humaine, ils disparaissent les uns après les autres. Concrètement, les oiseaux et mammifères locaux se nourrissent d’insectes, et si on les prive de cette source de nourriture, c’est tout l’ensemble qui mourra de faim. Ils jouent également un rôle majeur et apportent des éléments vitaux pour les pollinisateurs et les recycleurs d’éléments nutritifs au sein du monde animal. Les insectes jouent, en somme, un rôle essentiel dans la biodiversité et le bon fonctionnement de tous les écosystèmes.
Un phénomène mondial
Si, pour le moment, ce cas extrême est relativement isolé, l’étude des scientifiques démontre clairement que le phénomène est mondial et concerne tout le monde, sur tous les continents. En Allemagne également, où une étude a révélé une chute vertigineuse de 98 % des insectes terrestres en 30 ans. Au Royaume-Uni, on a constaté les plus fortes chutes d’insectes jamais enregistrées.
Et comment ne pas évoquer le sort des abeilles. Vous le savez déjà, mais l’espèce est régulièrement menacée et pourrait s’éteindre à court terme. En Oklahoma, c’est seulement la moitié des espèces de bourdons qui ont survécu depuis 1949. De quoi faire froid dans le dos, sachant que l’on avait recensé 6 millions de colonies d’abeilles en 1947, et 3.5 millions ont disparu depuis.
Actuellement, il existe plus de 350 000 espèces de coléoptères. Mais les scientifiques s’alarment et s’activent pour faire prendre conscience aux gens – et aux gouvernements – de l’urgence environnementale à prendre. Une grande majorité de ces espèces est déjà touchée par le réchauffement climatique et les actions issues de l’Homme, et la tendance laisse présager un destin funeste.
Les raisons d’un tel désastre
En ligne de mire, l’agriculture intensive. « Si nous ne changeons pas nos méthodes de production alimentaire, les insectes dans leur ensemble s’engageront sur la voie de l’extinction dans quelques décennies », écrivent les chercheurs. Ce serait la première cause de cette chute drastique des insectes. Présente dans chacune des parties du globe, elle entraine des conséquences rapides et sans retour en arrière. Afin de revenir à l’origine de ce déclin de population, il faudrait remonter à l’aube du XXe siècle. Durant la première partie du siècle, les hommes ont utilisé de nouvelles techniques pour améliorer leur production, sans tenir compte de la vie des sols et de la qualité sur les moyen et long terme. Ensuite, une nouvelle dynamique bien plus importante et difficile pour les insectes s’inscrit dans les années 1950 et 1960. Enfin, les trois dernières décennies marquent des proportions records, notamment avec les nouveaux insecticides.
« Il est urgent de repenser les pratiques agricoles actuelles, en particulier une réduction importante de l’utilisation des pesticides et son remplacement par des pratiques plus durables et écologiques, afin de ralentir ou d’inverser les tendances actuelles, de permettre la reconstitution des populations d’insectes en déclin et de préserver l’écosystème vital services qu’ils fournissent. »
Les néonicotinoïdes et le fipronil sont deux exemples particulièrement pointés du doigt pour leurs effets ravageurs. Ils stérilisent notamment les sols, tuent les vers blancs, et endommagent les réserves naturelles avoisinantes. C’est ainsi que plus de 75 % des pertes d’insectes en Allemagne ont été enregistrés dans des zones pourtant protégées…
En plus de l’agriculture intensive, les polluants agrochimiques, les espèces envahissantes et le changement climatiques figurent parmi les causes d’une telle catastrophe.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Le Monde
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